Buona Ventura ! « Ô bénédiction ! » s’écriait la noble et pieuse dame Marie de Ritelli lorsque, à la prière de S. François, guérissait soudainement le cher petit malade dont elle avait désespéré. L’enfant que ce miracle conservait à sa mère était Jean Fidenza. De ce jour, le cri de la reconnaissance maternelle fut son nom : il s’appela Bonaventure.

Résolu de consacrer au Seigneur cette vie qu’il tenait d’un vœu, il traversa, pur et candide, les jours de sa jeunesse, et alla frapper, à vingt-et-un ans, au monastère des frères mineurs. L’état religieux acheva de perfectionner cette belle âme.

Après le noviciat, Bonaventure fut envoyé à Paris, où enseignait alors un illustre maître, Alexandre de Halès. Le professeur ne tarda pas à remarquer son nouveau disciple. Il admirait non seulement son ouverture pour la philosophie et la science sacrée, mais encore l’aimable et tendre piété de son cœur, où, disait-il, rien n’accusait la déchéance originelle. De fait, l’homme ne peut guère porter plus haut les grandes vertus claustrales, l’humilité, la pauvreté, l’obéissance, la chasteté. Bonaventure faisait revivre le grand saint François. L’amour le tenait tout en larmes des heures entières au pied des autels ; la communion était son plus cher délice, et lorsqu’il fut prêtre, sa ferveur ne connut plus de bornes : ses oraisons devinrent continuelles. Ses écrits sur la contemplation lui méritèrent le titre de docteur séraphique. Il avait tant de goût pour l’étude des Écritures, que, pour les imprimer davantage dans sa mémoire, il écrivit de sa main deux exemplaires de la Bible.

L’un se conserve à Bagnera, lieu de sa naissance, dans le monastère de son ordre, et l’autre à la bibliothèque borroméenne de Milan.

Après la mort d’Alexandre de Halès, en 1245, Bonaventure continua ses études sous Jean de la Rochelle, professeur de théologie dans l’ordre des franciscains. Il fut bientôt chargé lui-même de donner des leçons sur le livre des Sentences de Pierre Lombard. Elles eurent un tel succès qu’on lui donna la chaire de théologie laissée vacante par son habile maître en 1253. Coïncidence digne de remarque, le même jour saint Thomas inaugurait son enseignement dans la chaire des dominicains. Ces deux docteurs, à qui revient une grande part de la haute réputation de l’université de Paris au XIIIe siècle, se lièrent alors d’une étroite et sainte amitié, qui dura toute leur vie. Les biographes nous ont conservé quelques traits charmants de cette union, qui rappelle la douce intimité de Grégoire et de Basile, au IVe siècle. Un jour, le docteur angélique était venu visiter le docteur séraphique. De l’antichambre, il l’aperçoit tout absorbé dans la composition de la vie de son bienheureux père saint François. Alors, se tournant vers les frères des deux ordres qui l’accompagnaient : « Laissons, » leur dit-il, « laissons en paix ce saint qui travaille pour un autre saint. » Un autre jour, les deux amis s’entretenaient mutuellement de leurs chères études. « Où puisez-vous donc tant de doctrine et d’onction ? » demanda le disciple de saint Dominique à l’illustre franciscain. —« Mon livre, » répondit Bonaventure, « c’est le crucifix ; de là je tire tout ce que je dicte et tout ce que j’écris. »

Pendant que frère Bonaventure brillait à Paris, un chapitre des religieux de son ordre, présidé par le pape Alexandre IV, l’élevait au généralat, et jamais élection ne fut plus applaudie. Quelques années après, le souverain pontife voulut créer cardinal un homme si méritant.

Bonaventure, cardinal-évêque d’Albano, accompagna le pape au concile général de Lyon, où Grecs et Latins le vénérèrent et l’écoutèrent comme un des plus saints et des plus savants hommes de l’Eglise de Dieu. Le ciel voulut couronner ses mérites au milieu des travaux de l’auguste assemblée, dont il était comme l’oracle : il mourut le 14 juillet 1274, la cinquante-troisième année de son âge. On lui fit des obsèques dignes d’un empereur. Le souverain pontife et tous les pères du concile étaient présents à la cérémonie. L’oraison funèbre fut prononcée par Pierre de Tarentaise, qui devint plus tard le pape Innocent V.

En 1434, le tombeau du saint fut ouvert. On trouva sa tête aussi intacte que le jour de sa mort : la langue était vermeille, les lèvres et les joues colorées, comme celles d’un homme simplement endormi.

RÉFLEXION MORALE

C’est dans la solitude et l’exercice des vertus monacales que les grands saints ont préludé à leur ministère apostolique. « L’âme qui se sépare du monde pour trouver Celui qui est au-dessus de tout, foule à ses pieds la créature et vole vers le ciel (Saint Basile). »

Panier

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