Les traditions de la plus grande valeur, combinées, permettent de fixer la date de la mort et de la résurrection de Marie vers l’an 54.
Les apôtres avaient déjà porté la foi dans toutes les contrées du monde, lorsque l‘ange de l’Incarnation, Gabriel, vient de nouveau saluer sa Reine et lui annoncer que dans trois jours le temps de son pèlerinage va finir. A cette nouvelle l’auguste Vierge tressaille de joie et se prépare à la mort. Sarvia, sa fidèle servante, apprend la nouvelle en pleurant, et les saintes femmes encore en vie se montrent inconsolables.
Le troisième jour Notre-Dame reposait sur le modeste lit que la pieuse Sarvia s’était plu à embellir pour la dernière fois. Soudain les apôtres sont miraculeusement transportés de tous les points du globe à Jérusalem, près de leur reine expirante qu’ils ne se lassent, tout en larmes, de contempler. Leurs regrets attendrissent l’âme de la douce Vierge : « Enfants bien-aimés, » leur dit-elle, « je m’en vais au royaume de mon Fils ; mais mon cœur demeurera toujours près de vous, pour vous soutenir dans vos efforts et vous consoler dans vos afflictions. » Après ces paroles, elle ferma doucement les yeux, et on l’entendit prononcer cette prière : « Mon Fils, je remets mon âme entre vos mains. » Jésus, le Seigneur, apparaissant alors, reçut cette âme immaculée dans ses bras, et elle prit, escortée par les anges, son vol vers les cieux.
Les saintes femmes rendirent à Notre-Dame les derniers devoirs. Une lumière éblouissante rayonnait de son corps virginal comme d’un centre glorieux et remplissait toute la demeure. Le visage de la bienheureuse Marie était semblable à la fleur blanche des lis, et jamais parfums n’ont répandu d’aussi suaves émanations que ce lis des vallées.
Les apôtres passèrent la nuit près des restes de la Mère de Dieu, exaltant leur reine, exhalant leur douleur. Le lendemain, saint Pierre et saint Paul portèrent le corps jusqu’au lieu de la sépulture ; les autres disciples suivaient en chantant des hymnes de reconnaissance ; et les saintes femmes accompagnaient en pleurant le convoi funèbre. Une nuée lumineuse apparut alors sous la forme d’une couronne resplendissante, et les anges firent entendre une harmonie céleste dont les sons mélodieux se mêlaient à la psalmodie des apôtres.
Sur le parcours, un des princes des prêtres s’élança, transporté de colère, au milieu du saint cortège et voulut l’arrêter. Dieu châtia son audace : ses mains se séchèrent et, se séparant des bras, demeurèrent attachées au cercueil. Ce miracle de la justice divine convertit le prêtre juif : il crut, et ses membres recouvrèrent aussitôt leur intégrité et leur vigueur.
Arrivés à la vallée de Josaphat, les apôtres déposèrent avec respect le corps de leur reine dans un sépulcre neuf, et, le soir venu, ils se retirèrent dans la maison de saint Jean l’évangéliste, à Jérusalem.
Or, saint Thomas, par une disposition de la divine Providence, n’arriva que le lendemain. Voulant contempler une dernière fois les traits chéris de Notre-Dame, il supplia les apôtres d’ouvrir son tombeau. Ils acquiescèrent à ce pieux désir ; mais, ayant ouvert le sépulcre, il n’y trouvèrent que les vêtements de la divine Vierge. Victorieuse des ombres de la mort, elle s’était élancée vers l’Eternel, et son divin Fils lui avait offert dans le ciel un trône de miséricorde et d’amour. C’est vers ce trône que montent les vœux des mortels, c’est de ce trône que descendent les grâces et les bienfaits.
« O doulce Dame, » disaient dévotement nos pères du XVIème siècle, « par icella grant joie que vous eustes quand vous fustes portée ès cieulz et assise de côté votre Fils, en la compaingnie des anges du paradis, je vous prie que vous vueilliez prier à Dieu pour moi et pour mes bons amis et amies, et pour tous ceulz qui sont en estât de grâce, qu’il les y tiengne, et pour ceulz qui non y sont, que il les y vueille mettre pour estre en la joie du paradis avec les sains. »
RÉFLEXION PRATIQUE
Marie dans le ciel est une avocate pour les hommes auprès de Dieu. Ne laissons passer aucun jour de notre vie sans adresser quelque prière à la Mère de Jésus : elle nous obtiendra la grâce de devenir dignes du paradis.