Vous êtes la lumière du monde, ceignez vos reins, et tenez à la main des lampes allumées.
S. Mathieu, V

Que signifient ces cierges bénits, que les fidèles portent à la procession de ce jour ?

Des esprits lourds qu’on appelle savants ne voient là qu’une réminiscence de la fête païenne des Lupercales, qui se célébrait au commencement de février. Ceux qui puisent la science à des sources plus pures y voient au contraire un souvenir de ces paroles du cantique de Siméon lorsqu’il prit l’enfant Jésus dans ses bras : « Cet enfant sera la lumière d’Israël. »

Le grand liturgiste du XIII siècle, Guillaume Durand, découvre dans cette cérémonie plusieurs sens mystérieux :

« On porte à la procession des cierges allumés afin que chacun s’éclaire par la foi, et donne aux autres l’exemple de ses bonnes œuvres figurées par la lumière, afin que par là nous imitions les vierges sages, dont la Vierge Marie est le chef. C’est pour montrer la pureté de la Sainte Vierge, de peur qu’en entendant parler de sa purification, on pût croire qu’’elle avait besoin d’être purifiée.
Nous portons donc des cierges allumés, comme si l’Eglise disait : La Bienheureuse Vierge n’a pas besoin de purification, elle est toute brillante , toute resplendissante. » (1)
(1) Rational des divins offices L. VII

Il est nécessaire aussi que les fidèles sachent que les cierges sont bénits pour l’usage des chrétiens, qui en les gardant avec respect dans leur maisons, et en les portant avec eux, tant sur la terre que sur l’eau, comme dit l’Eglise, attirent sur eux des bénédictions particulières. On doit allumer ces cierges pendant les orages, et au lit des mourants, comme symbole de la foi et signe de la protection de Marie.

L’église de Saintes célèbre l’octave de la Purification. Voici, d’après le martyrologe de France, l’origine de cette coutume :

En l’année 1327, la nuit de l’octave, on entendit sonner les cloches d’elles-mêmes fort harmonieusement ; ce qui ayant obligé les sacristains de courir à l’église, ils virent plusieurs hommes inconnus qui tenaient à la main des cierges allumés et chantaient mélodieusement des hymnes en l’honneur de la Sainte Vierge ; et s’étant un peu approchés, ils prièrent un de la troupe angélique de leur donner son cierge, en preuve de cette merveille, lequel s’est conservé religieusement dans cette église.

La ville d’Alençon honore Marie sous le titre de Notre-Dame-de-la-Chandeleur.

En terminant qu’il nous soit permis d’emprunter à Jacques de Voragine la légende du Cierge de la Châtelaine :

Une noble dame avait une grande dévotion à la Bienheureuse Vierge. Elle en avait fait la trésorière de ses richesses ; c’était en son nom qu’elle les versait dans le sein des malheureux. Elle redoublait ses aumônes à l’approche des fêtes de Marie. Les pauvres connaissaient le chemin de sa demeure, et son château était mieux gardé par leur amour que par ses herses et ses ponts-levis.
Une année, le matin de la Purification, la cour du manoir hospitalier était assiégée par une foule considérable. La charité est comme l’aimant, elle attire la misère. Ce jour-là la châtelaine, en rentrant dans ses appartements, avait tout donné jusqu’à ses vêtements, pour couvrir les membres nus et glacés de Jésus-Christ, de sorte qu’elle ne put sortir pour aller entendre la messe.
Elle se renferma donc seule dans son oratoire, et se prosternant devant une image de la Vierge, elle demeura quelque temps en prières. Etant tombée dans un ravissement merveilleux, il lui semblait être dans une magnifique église, où entrait une troupe nombreuse de vierges.
À leur tête marchait une reine environnée de gloire et couronnée d’’un diadème étincelant. Elles vinrent toutes s’asseoir par ordre. Alors une troupe de jeunes hommes s’avança pour prendre les places qui leur étaient réservées, l’un d’eux portant des cierges allumés qu’il distribua à ses compagnons et à chacune des vierges. S’approchant aussi de la dame, Il lui en offrit un quelle accepta avec empressement.
Elle vit alors monter à l’autel un prêtre revêtu de ses habits sacerdotaux, assisté d’un diacre et d’un sous-diacre, précédé de deux acolytes qui portaient leurs cierges allumés. Elle crut reconnaître que les deux acolytes étaient saint Vincent et saint Laurent, le diacre et le sous-diacre deux anges, et le prêtre Jésus-Christ lui-même. Deux jeunes hommes, s’avançant au milieu du chœur, commencèrent à chanter l’office de la messe ; et les assistants mêlant leur voix à celle des deux anges, formaient une harmonie céleste. Quand on fut à l’offertoire, la Reine des Vierges vint déposer le cierge qu’elle portait à la main aux pieds du divin Pontife ; ses compagnes et les jeunes hommes la suivirent. Lorsque cette cérémonie fut achevée, le prêtre, sans retourner à l’autel, paraissait attendre que l’étrangère vint à son tour déposer le cierge qu’elle avait reçu.

La Reine des Vierges lui fit dire de ne point retarder plus longtemps le sacrifice, mais la dame s’y refusa ; avertie une seconde fois, elle répondit que rien ne pourrait la détacher du cierge bénit, qu’elle voulait le conserver toujours. Enfin une troisième fois, comme l’ange chargé du message voulait lui arracher le cierge des mains, il se rompit, en sorte qu‘une moitié resta au pouvoir de l’envoyé céleste.
Aprés l’effort qu’elle venait de faire, la dame revint à elle, elle se retrouva agenouillée devant l’image de la Vierge, dans son oratoire ; le cierge rompu était à ses pieds. Depuis, elle le garda comme un trésor, et sans doute voulut que ce flambeau merveilleux éclairât sa couche funèbre pour en écarter les puissances infernales. (1)
(1) Légende d’or — de la Purification de la V. M.

C’était une figure : nous aussi maintenant, nous sommes sauvés par un baptême qui ne consiste pas dans la purification d’une impureté physique, mais dans l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu. Il nous sauve à travers la résurrection de Jésus-Christ.
1 Pierre 3:21
Panier

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