L’ardent et invincible champion de la divinité du Verbe, saint Athanase, naquit à Alexandrie en 293.
Sa famille était grecque et chrétienne ; s’il a puisé dans le milieu égyptien où il fut élevé l’énergie, la vigueur et l’indépendance de la volonté, avec la ténacité du caractère, il doit à son origine et à sa culture grecques la souplesse, la rigoureuse logique et la clarté de son intelligence ; et son éducation chrétienne, qui paraît l’avoir mis dès sa jeunesse en rapports suivis avec les moines du désert et Antoine leur chef, a développé dans son âme une foi vive et profonde alimentée par la connaissance intime de l’Écriture, et un amour tout dévoué, jusqu’au sacrifice, pour son Rédempteur et son Maître unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Élevé près de l’évêque Alexandre, qui le choisit de bonne heure pour son secrétaire, il partagea ses soucis et l’indignation de son orthodoxie, dès qu’Arius, prêtre, — on dirait aujourd’hui curé, — de Baucalis, une des paroisses d’Alexandrie, commença, entre 318 et 323, de répandre l’hérésie qui, de son nom, s’est appelée l’arianisme, Arius, confondant génération et création, commencement et principe, prétendait que, le Père étant seul non engendré, le Fils avait été créé, — le Père étant seul sans principe, le Fils avait eu un commencement ; il est donc créature, nullement égal ni consubstantiel au Père, Dieu seulement par dénomination et par adoption. Le Père l’a produit, premier né de la création, pour être l’artisan, le démiurge de tout ce qui est en dehors de lui. Il s’ensuit que la Rédemption divine croule tout entière et que le sacrifice du Christ n’a plus qu’une efficacité d’ordre moral et plus ou moins humaine. Voilà ce que ne pouvait admettre le saint évêque d’Alexandrie ni son jeune secrétaire. Tous deux entreprirent donc contre Arius, entêté dans son erreur, une campagne vigoureuse. Malgré les nombreux adhérents que l’hérésiarque sut grouper autour de lui, elle aboutit à sa condamnation solennelle, prononcée par le concile de Nicée en 326.
Mais ce triomphe de la foi orthodoxe, préparé avec ardeur par Athanase, attira sur lui l’attention et bientôt la haine de tous les dissidents, parmi lesquels il faut compter les deux Eusèbe, l’un évêque de Césarée, l’autre évêque de Nicomédie, et fort influent auprès de Constance, sœur de l’empereur Constantin. Par elle ils obtinrent que celui-ci revint en partie sur ses premières rigueurs vis-à-vis des hérétiques, et surtout ils réussirent à lui rendre suspect Athanase.
Or Alexandre mourut en 328 et son secrétaire, du choix unanime des électeurs, devint son successeur. Mais il était relativement jeune. En faisant état de ce détail, en l’accusant d’’arrogance, d’entêtement, même du meurtre d’un évêque arien, Arsène, ses ennemis obtinrent contre lui la réunion d’une assemblée qui se tint à Tyr d’abord, puis à Jérusalem. Là, seul ou à peu près en face d’eux, ils le déposèrent, malgré sa défense victorieuse ; et pour obtenir que Constantin s’associât à leur vengeance, ils portèrent contre leur victime l’accusation absurde d’avoir empêché sa ville de fournir à Constantinople le blé qu’elle lui devait. L’empereur, fatigué sans doute de ces querelles où sombrait la paix religieuse, objet de tous ses efforts, exila Athanase à Trèves, sans vouloir même l’entendre. Pour la première fois, mais non la dernière, l’évêque dut quitter sa chère église parmi les regrets de tous les fidèles.
Il est vrai qu’à Trèves il fut reçu avec une grande bienveillance ; il y contracta avec l’évêque Maximin une amitié qui fut étroite et fidèle.
L’exil dura jusqu’à la mort de Constantin (337). Alors, grâce à deux des fils de l’empereur, Constantin II et Constant, et malgré les mauvaises dispositions du troisième, Constance, — gagné, sinon à l’arianisme, au moins à ses partisans, Athanase put rentrer dans son diocèse. Ce ne fut pas pour longtemps. Les haines, qui ne s’étaient point éteintes par son exil, se rallumèrent bientôt plus vivaces. Du reste le zèle actif de l’évêque les excitait sans cesse. L’hérésie ne réussissait pas à s’implanter dans Alexandrie ; et partout ailleurs elle se heurtait à l’action persévérante et sans ménagements du vaillant athlète.
Une seconde fois, en 339, l’empereur Constance, sous la pression des ariens, le chassa de son siège et il dut reprendre la route de l’exil. En même temps un synode hérétique, à Antioche, le déposait et le remplaçait par un certain Grégoire, justement décrié. Cependant, à Rome, il trouvait la faveur du pape Jules 1er ; à Sardique, un concile orthodoxe le justifiait. Enfin, grâce aux instances presque menaçantes de Constant, l’empereur Constance lui permit de revenir, en 346, parmi son peuple.
La paix dura dix ans, pour lui, sinon pour l’Église. Car la persécution arienne sévissait, en Orient seulement d’abord, puis, — Constant mort, — même en Occident, que Constance réunit sous son sceptre. Athanase ne s’endormit point dans sa paix. Il multipliait au contraire ses efforts ; il réussit à grouper autour de lui, en un faisceau compact, presque tous les évêques d’Afrique, et surtout l’immense armée des moines, ses fidèles amis et défenseurs. Il écrivait de nombreux ouvrages contre l’arianisme, qui portaient au camp ennemi la fureur et le désarroi. Il fallait se débarrasser de lui : Constance chargea de ce soin un général, Syrianus. Un homme de guerre, en effet, était nécessaire pour tenir tête aux Alexandrins, faire le siège de la cathédrale et l’emporter d’assaut. Au milieu du tumulte, Athanase disparut, au grand dépit de Syrianus, qui eût bien voulu le faire tuer. Il se retira au désert ; les moines l’accueillirent avec enthousiasme, le cachèrent, et se firent les propagateurs de ses écrits, où la puissante dialectique qui vengeait le dogme s’unissait à la flétrissure véhémente de ses adversaires.
Constance mort en novembre 361, son successeur Julien rappela tous les évêques bannis, et trois mois après Athanase reparaissait. Tout de suite il convoqua un synode ; le petit nombre des évêques réunis n’empêcha pas qu’on n’y fit un travail fructueux. Selon un historien, le synode d’Alexandrie de 362 « décida le retour du monde à l’orthodoxie ». Ce résultat ne faisait pas le compte de Julien, qui pensait au contraire, par le retour des exilés, augmenter encore la désunion. Aussi se plaignit-il amèrement d’Athanase ; finalement il le bannit, sourd aux supplications des Alexandrins. « Léger nuage qui passera bientôt, » dit, en partant pour son quatrième exil. le vaillant évêque.
Pourtant, réfugié encore au désert, il ne courut jamais de plus grands dangers. On le cherchait partout pour le mettre à mort.
Un soir, il descendait le Nil en barque, lorsqu’on entendit à peu de distance en arrière un bruit de rames : c’étaient les sbires de Julien en quête du proscrit. L’alarme fut vive parmi les matelots. Mais Athanase audacieusement fit virer de bord ; remontant le fleuve, il passa près de ses ennemis. Ceux-ci l’interpellèrent : « Avez-vous vu Athanase ? — Oui, répondit-il dans l’ombre en dissimulant sa voix. — Est-il loin ? — Non, tout près. Ramez fort ! » Et il continua tranquillement sa route, tandis que les soldats s’éloignaient à force de rames.
Peu de temps après, nouvelle alerte. Cette fois Athanase s’en inquiétait, lorsqu’un solitaire, l’abbé Pammon, lui annonça qu’à l’heure même Julien trouvait la mort en Perse. En effet, le 26 juin 363, l’Apostat était tué d’une flèche, et le catholique Jovien lui succédait. Le nouvel empereur se montra plein de respect pour Athanase ; il le rétablit sur son siège et le soutint contre tous ses ennemis, toujours enragés contre lui. Malheureusement ce règne réparateur fut court. Au mois de février 364, Jovien mourut. Valentinien, un officier de la garde, le remplaça.
Lui aussi était catholique ; mais, se réservant l’Occident, il remit l’Orient à son frère Valens, et Valens était arien. Le 5 mai 365, prenant nettement parti, il ordonnait aux évêques bannis par Constance et rappelés par Julien de reprendre le chemin de l’exil. Une cinquième fois Athanase dut partir. Il ne s’éloigna pas beaucoup, il est vrai ; car son refuge fut une villa voisine d’Alexandrie. Le vieux lutteur allait-il mourir en vaincu ? Quatre mois ne s’étaient pas écoulés qu’un ordre de rappel arrivait ; et le peuple en foule accourait dans la joie, pour acclamer son évêque et le ramener triomphalement à sa ville épiscopale. Désormais il le garderait envers et contre tous, il y était décidé.
Athanase put donc, maître du champ de bataille, terminer en paix sa vaillante existence. Car il n’eut pas les honneurs du martyre, qu’il avait si bien mérités. Du reste il ne passa pas dans l’oisiveté ses dernières années. Mais sa fougue apaisée, l’indulgence venue avec l’âge, il se consacra à des œuvres plus tranquilles, œuvres d’ascétisme et d’exégèse. Pourtant son influence s’exerce encore ; on la réclame, on s’en prévaut ; il est consulté, écouté, même par le pape Damase, surtout par ses collègues, au premier rang desquels il faut mettre saint Basile.
Et ainsi, entouré de l’amour de son peuple et de la vénération du monde entier, il expire dans la nuit du 2 au 3 mai 373.
Ouvrage : Saints et Saintes de Dieu, Imprimatur 30 Décembre 1924
Le symbole d’Athanase est l’un des credos les plus importants de la foi catholique
La définition ci-dessous du Symbole d’Athanase lors du Concile œcuménique de Florence signifie que ce credo remplit les conditions d’une déclaration depuis la Chaire de saint Pierre (une déclaration ex cathedra). Nier ce qui est professé dans le Symbole d’Athanase, c’est cesser d’être catholique. Le Credo déclare que quiconque veut être sauvé doit tenir la foi catholique et croire en la Trinité et en l’Incarnation. Notez la phrase : « Quiconque veut être sauvé » (Quicumque vult salvus esse).
Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique.
Et celui qui ne l’aura pas conservée inviolablement et intégralement, sans aucun doute, périra éternellement.
Or la foi catholique consiste à vénérer un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité.
Sans confondre les personnes, ni diviser la substance.
Car, autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit-Saint.
Mais du Père et du Fils et du Saint-Esprit, une est la divinité, égale la gloire, coéternelle la majesté.
Incréé est le Père, incréé le Fils, incréé l’Esprit-Saint.
Immense est le Père, immense le Fils, immense l’Esprit-Saint.
Éternel est le Père, éternel le Fils, éternel l’Esprit-Saint.
Et cependant, il n’y a pas trois éternels, mais un seul éternel.
Ni trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul immense.
De même, tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit.
Et cependant, il n’y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
De même, le Père est Dieu, le Fils est Dieu et l’Esprit-Saint est Dieu.
Et cependant, il n’y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu.
De même le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur et l’Esprit-Saint est Seigneur.
Et néanmoins, il n’y a pas trois Seigneurs, mais un seul Seigneur.
Car, de même que nous sommes tenus par la vérité chrétienne de confesser que chacune des personnes prise à part est Dieu et Seigneur : ainsi nous est-il défendu par la religion catholique de dire qu’il y a trois Dieux ou trois Seigneurs.
Le Père n’est ni fait, ni créé, ni engendré d’aucun autre.
Le Fils est du Père seul, non pas fait, ni créé, mais engendré.
L’Esprit-Saint est du Père et du Fils, non point fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
Il n’y a donc qu’un seul Père, et non trois Pères, un seul Fils, et non trois Fils, un seul Esprit-Saint et non trois Esprits-Saints.
Et dans cette Trinité, rien d’antérieur ou de postérieur, rien de plus grand ou de moins grand ; mais les trois personnes sont toutes coéternelles et coégales entre elles.
En sorte qu’en tout, comme on l’a dit plus haut, nous devons vénérer l’unité dans la Trinité et la Trinité dans l’unité.
Celui donc qui veut être sauvé doit penser ainsi de la Trinité.
Mais il est nécessaire pour le salut éternel de croire aussi à l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ conformément à la vraie foi.
Il est donc de la rectitude de la foi que nous croyions et confessions que Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
Il est Dieu, engendré de la substance du Père avant les siècles, et il est homme, né dans le temps de la substance d’une mère.
Dieu parfait et homme parfait : subsistant dans une âme raisonnable et une chair humaine.
Égal au Père selon Sa divinité, inférieur au Père selon Son humanité.
Et, bien qu’Il soit Dieu et homme, Il n’est pas deux, mais un seul Christ.
Un, non point par un changement de la divinité en la chair, mais par assomption de l’humanité en Dieu.
Parfaitement un, non point par confusion de substances, mais par l’unité de personne.
Car, de même que l’âme raisonnable et la chair ne font qu’un homme, ainsi Dieu et l’homme n’est qu’un seul Christ.
Qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts.
Il est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où Il viendra juger les vivants et les morts.
A Son avènement, tous les hommes ressusciteront avec leurs corps, et devront rendre compte de leurs actions personnelles.
Et ceux qui auront fait le bien iront à la vie éternelle ; mais ceux qui auront fait le mal iront au feu éternel.
Ceci est la foi catholique. Celui qui ne la garde pas fidèlement et fermement ne pourra pas être sauvé.
Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit,Comme il était au commencement et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.