L’An 55 avant Jésus-Christ, sous la domination impie des Romains, dit Vincent de Beauvais, deux époux vivaient selon le cœur de Dieu dans la petite ville de Bethléem, au doux pays de Judée.

Ils se nommaient Stolan et Emérentiane. L’innocence de leur vie rappelait les temps heureux des patriarches, dont ils étaient les enfants : ils attendaient avec les Hébreux fidèles l’accomplissement des prophéties qui annonçaient un Sauveur. Le ciel bénit leur union et leur donna une fille qu’ils nommèrent Anne.

La jeunesse de cette enfant fut pieuse comme sa vie entière. Elle reçut les leçons et les exemples de la vertu. Les mères en Israël la montraient à leurs filles en leur souhaitant de lui ressembler. La beauté de son âme se reflétait sur son visage noble et pur. Les jeunes hommes de sa tribu se disputèrent l’honneur de mériter une telle épouse. Sa modestie toucha le cœur de Joachim. Il habitait Nazareth et descendait de l’antique famille de David. Le ciel exauça ses vœux ;la main de la pieuse Anne lui fut promise.

Quelques mois après, le grand prêtre Issachar bénit cette alliance fortunée. La fille de Stolan, rayonnante de joie et de pudeur, s’avance vers le pontife. Les verrières du moyen-âge lui donnent un costume d’une splendeur royale. Son front pur, ses yeux modestes, la ravissante expression de ses traits, semblent réaliser l’idéal de la beauté. Le groupe brillant de ses compagnes fait ressortir davantage les grâces de l’heureuse fiancée. En face, Joachim est entouré de jeunes gens de sa tribu ; il reçoit la main de son épouse. La figure du saint vieillard qui préside cette cérémonie ressemble à celle des patriarches de l’ancienne loi : tels devaient Abraham unissant Isaac à la douce Rébecca, ou Raguel accordant sa fille au jeune Tobie.

La vie des deux époux fut simple, pleine de justice et de piété. Ils avaient promis de consacrer leurs fils au Seigneur ; mais pendant de longues années le Ciel sembla rester sourd à leurs vœux, et dès lors ils adoptèrent tous les malheureux pour leurs enfants.

Dieu récompensa leur charité. Un jour Anne, plongée dans la tristesse, inconsolable de n’avoir point d’enfant, priait dans le Temple avec une grande ferveur, suppliant Dieu, comme toutes les femmes d’Israël, de lui accorder l’espérance de voir naître de sa race le Sauveur de son peuple. Elle se souvint qu’Anne, femme d’Elcana et mère de Samuel, se trouvant dans une pareille affliction, avait prié Dieu avec tant de confiance et d’ardeur qu’elle avait été exaucée. Animée du même esprit, sainte Anne supplie ardemment le Seigneur de daigner regarder d’un œil favorable l’affliction extrême de sa servante et d’en avoir pitié, lui promettant que, s’il lui faisait la grâce de lui donner un enfant, elle le lui consacrerait à l’instant et le destinerait au service du Temple.

Dieu exauça une prière qu’il avait lui-même inspirée, et bientôt Anne devint la mère de la Très Sainte Vierge. Tout le Ciel fut dans la joie et dans l’admiration en voyant paraître sur la terre cette bienheureuse créature conçue sans péché, qui devait être la Mère du Fils de Dieu !

Il est aisé de comprendre quels furent les soins, les empressements, et quelle fut la tendresse de sainte Anne pour sa chère fille. Il fallut bientôt s’en séparer cependant pour accomplir le vœu qu’elle avait fait de consacrer à Dieu dans le Temple l’enfant qu’il lui donnerait.

Marie n’avait que trois ans lorsque sainte Anne la conduisit au Temple, et la laissa au milieu des jeunes filles de son âge élevées à l’ombre du sanctuaire. Lorsque cette vierge très pure en sortit, dix ans plus tard, ses vénérables parents avaient quitté ce monde pour aller reposer dans le sein de Dieu.

Le corps de sainte Anne, inhumé d’abord à Bethléem dans le tombeau de ses ancêtres, fut transféré depuis par les premiers chrétiens dans le sépulcre de Notre-Dame. Vers l’an 97, saint Auspice, disciple du pape saint Clément, apporta ces précieuses reliques en Provence, et les déposa dans une grotte profonde, sous l’église d’Apt, où elles furent découvertes, huit siècles après, en présence de l’empereur Charlemagne. De nos jours, elles reposent dans une chapelle de cette antique cathédrale. Narbonne, la Visitation de Chartres, et quelques autres sanctuaires de France possèdent des ossements de la vénérable aïeule de Jésus-Christ. A Rome, l’église de la Conception garde son anneau.

Tout le monde sait qu’un fameux pèlerinage en l’honneur de sainte Anne existe près de la petite ville d’Auray, en Bretagne.

RÉFLEXION PRATIQUE

Marie, la Vierge pleine de grâce et immaculée, la Reine du ciel et la Mère de Dieu, fut le fruit inestimable des aumônes de sainte Anne. Voulons-nous obtenir du Seigneur quelque grâce particulière ? Appuyons notre demande sur des charités.

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