Sous le pontificat de Liberius, parmi les fidèles les plus fervents et les plus dévoués à l’Église, on remarquait un vieillard de race patricienne nommé Jean.
Sa femme, elle aussi d’une des plus nobles familles romaines, ne lui avait pas donné d’enfants. Les deux époux, n’ayant point d’héritier de leur nom à qui léguer leur fortune, en faisaient profiter les pauvres. Dans leur dévotion à la très sainte Vierge, Mère de Dieu, ils eurent l’idée de la constituer leur légataire universelle, et la conjurèrent par de ferventes prières de vouloir bien leur révéler elle-même l’œuvre qu’il lui serait le plus agréable de voir accomplir par eux en son nom. La bienheureuse Vierge exauça cette supplication naïve et récompensa la foi des deux époux par un miracle. On était à l’époque des grandes chaleurs. Au matin du 5 août (353), le sommet du mont Esquilin parut semé d’une neige compacte qui résistait aux ardeurs du soleil et recouvrait un espace limité, affectant des lignes bien tranchées et d’un configuration particulière. Or la nuit précédente, Jean et son épouse avaient eu chacun séparément la même vision. La sainte Vierge leur était apparue : « J’accepte votre héritage, » avait-elle dit. « Je vous charge de me bâtir une demeure sur la terre, pendant que je vous en prépare une éternelle dans les cieux. Dès l’aube du jour, allez trouver Liberius, mon serviteur; il vous dira ce que vous devrez faire. »
En cette même nuit, la Vierge s’était également manifestée au pontife : « Demain, » lui avait-elle dit, « le sommet de l’Esquilin sera couvert de neige. Sur les contours formés par cette blanche apparition doit s’élever le sanctuaire que Jean le patricien veut consacrer à ma gloire. »
Rome entière alla contempler le prodige. Liberius, avec tout le clergé et les fidèles, se rendit processionnellement au milieu d’une foule immense sur le mont Esquilin, dont la crête neigeuse attirait tous les regards. On jeta en ce lieu les fondements d’une église qu’enrichirent les largesses du patricien. Liberius en fit la dédicace le 5 août, anniversaire de l’apparition miraculeuse. Elle porta indistinctement les deux noms de Sainte-Marie-des-Neiges ou de basilique Libérienne. Sous le pontificat de Théodore Ier, en 645, on y déposa la crèche de Bethléem où naquit le Sauveur. De là le nouveau titre de Sainte-Marie-à-la-Crèche, qui est encore aujourd’hui le vocable officiel de cette église, désignée ordinairement sous le nom de Sainte-Marie-Majeure, parce qu’elle est la plus grande des basiliques romaines consacrées à la Mère de Dieu.
Réflexion pratique
A l’exemple des pieux fondateurs de Sainte- Marie-des-Neiges, faisons deux parts de nos charités : l’une pour les pauvres, l’autre pour l’Eglise.