Un jeune homme du nom d’Éloi (Éligius), né en 588, au village de Chatelac, à deux lieues de Limoges, vint faire son apprentissage en cette ville, chez l’orfèvre Abbon.
La profession d’orfèvre exigeait alors les talents divers de l’émailleur, du fondeur, du ciseleur, du lapidaire, et même celui de l’architecte. L’apprenti passa bientôt maître en cet art difficile. Clotaire II le chargea d’exécuter un trône, et lui fit remettre l’or et les gemmes destinés à ce chef-d’œuvre.
Au lieu d’un seul trône, Éloi en fît deux exactement semblables. « Vraiment, » s’écria Clotaire, « on peut confier à une telle probité tous les trésors du monde.» A la mort de Bob-bo, l’argentier du roi, le jeune artiste lui succéda. La coutume exigeait qu’il prêtât serment. Mais, dans son respect pour le nom de Dieu, Éloi s’y refusa. Clotaire n’insista point. « Désormais, » lui dit-il, « j’aurai plus confiance à une seule parole de vous qu’à mille serments. »
Dagobert hérita des mêmes sentiments pour Éloi. Même en ciselant ses chefs-d’œuvre, Éloi avait constamment un livre de piété sous les yeux. Il passait la plupart des nuits sur un cilice, priant avec larmes. A Paris, des processions de pauvres, de captifs délivrés par sa charité, indiquaient le chemin de sa demeure. Il fonda de ses deniers l’abbaye de Solignac, près de Limoges, et un monastère à Paris, où vivaient jusqu’à trois cents religieuses. Dieu lui avait accordé le don des miracles. Le saint homme arrêta un incendie qui menaçait de consumer la ville de Paris tout entière; à St-Denis, il guérit un boiteux; à Strasbourg, il ressuscita un mort.
En 640, les fidèles de Noyon le choisirent pour évêque. Éloi détacha de leurs idoles les hordes sauvages campées dans les bois et parmi les marais, jusqu’aux rivages de la mer du Nord, et peu à peu les conquit à la foi chrétienne. Ce fut l’œuvre de dix-neuf années, pendant lesquelles il ne cessa de combattre, jusqu’à la victoire définitive, les restes de l’idolâtrie. Comme les Remi, les Germain, les Sulpice, ce fut un de ces évêques qui, selon le mot d’Ozanam, « éclairaient les rois, disciplinaient les peuples, et devenaient les fondateurs de la société française.» Saint Éloi mourut le Ier décembre 659. Ses restes furent enfermés dans une châsse faite avec les bijoux dont la reine Bathilde s’était dépouillée sur son tombeau, S. Éloi est le patron de Limoges et de Noyon.
Réflexion morale
A n’envisager les choses que par leur côté humain, un acte de probité fit la fortune de S. Eloi. Ainsi Dieu se plaît à récompenser souvent dès ce monde la vertu de ses bons serviteurs.