Jésus-Christ avait annoncé que plusieurs d’entre ses disciples ne goûteraient point la mort qu’ils n’eussent vu le royaume de Dieu. Huit jours après, cette promesse fut accomplie.
Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, les mena seuls, à l’écart, sur une haute montagne, et s’y mit en prières. Pendant qu’il priait, il apparut transfiguré. Sa face devint resplendissante comme le soleil, ses vêtements éclatèrent d’une lumière blanche et vive comme celle de la neige. Auprès de lui, deux hommes pleins de majesté, Moïse et Elie, lui parlaient de la mort qu’il devait souffrir à Jérusalem. Pierre, éperdu, dit à Jésus : « Maître, il nous est bon d’être ici. Dressons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie. » Les apôtres étaient troublés et hors d’eux-mêmes, dans un mélange de joie et de terreur. Comme Pierre parlait encore, sans bien savoir quelles paroles sortaient de ses lèvres, une nuée lumineuse couvrit Moïse et Elie, et une voix descendit de la nuée, qui disait : « C’est là mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis mes délices ; écoutez-le. » Les apôtres tombèrent le visage contre terre. Lorsqu’ils se relevèrent sur l’ordre de Jésus, ils le virent seul. Il avait suspendu cet éclat céleste qui tendait sans cesse à envahir son humanité, et qui était l’état propre et naturel du Fils unique de Dieu, mais que par sa toute-puissance il renfermait au dedans de lui-même, afin que le Fils de l’homme, la victime, n’y disparût pas. Car le miracle n’était point que la divinité eût jeté ses rayons, mais que l’humanité pût la voiler et en quelque sorte l’engloutir.
Les trois qui eurent cette vision du Thabor, Pierre, Jacques et Jean, on les verra encore dans un rang à part au jardin des Oliviers, à l’heure de l’agonie. Pierre était le chef de la nouvelle alliance ; Jacques devait être le premier martyr de l’ordre des apôtres Jean représentait les vierges qui suivent partout l’Agneau ; et tous trois, formant le nombre sacré, offraient le type parfait du sacerdoce définitif qui allait naître au pied de la croix.
RÉFLEXION MORALE
Les aspirations de notre âme vers le bonheur nous font partout rechercher les délices du Thabor, et, comme l’apôtre, dès ici-bas nous les voudrions permanentes ; mais, hélas! elles ne peuvent être que passagères. N’en soyons point étonnés, car la vie de l’homme sur la terre, dit l’Esprit-Saint, est une épreuve (Job VII,I)
Ce mystère confirme plusieurs articles de notre foi. La Trinité nous apparaît dans les trois personnes divines qui interviennent : le Père, qui rend témoignage à Son Fils ; le Fils, qui montre Sa gloire ; le Saint-Esprit, qui couvre tout ce tableau sous la forme d’une nuée resplendissante. L’Incarnation brille avec éclat dans la Transfiguration, puisque Jésus nous apparaît en même temps comme Homme et comme Dieu, vrai Fils de Dieu : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé. »
Enfin nous y voyons une image de la résurrection du Sauveur et de la résurrection de tous les justes à la vie glorieuse; et c’est ce qui fait dire à l’Église cette belle prière :
« Ô Dieu, qui, dans la glorieuse Transfiguration de Jésus Votre Fils unique, avez confirmé les mystères de notre foi et avez marqué l’adoption parfaite de Vos enfants par la voix céleste qui est partie de la nue, rendez-nous cohéritiers de ce Roi de gloire, et donnez-nous part aux splendeurs de Son règne. »