Preuves de la Royauté de Jésus-Christ. Quelques preuves scripturaires. — Les deux textes commentés de préférence par le Cardinal Pie.

Le 8 Novembre 1859, Mgr Pie, prêchant à Nantes le panégyrique de Saint Émilien, en prenait occasion de poser magnifiquement la thèse du Christ-Roi.

« Jésus-Christ, disait-il, est roi ; il n’est pas un des prophètes, pas un des évangélistes et des apôtres qui ne lui assure sa qualité et ses attributions de roi. Jésus est encore au berceau, et déjà les Mages cherchent le roi des Juifs : Ubi est qui natus est, rex Judaeorum ? Jésus est à la veille de mourir : Pilate lui demande : Vous êtes donc roi : Ergo rex es tu ?Vous l’avez dit, répond Jésus. Et cette réponse est faite avec un tel accent d’autorité que Pilate, nonobstant toutes les représentations des Juifs, consacre la royauté de Jésus par une écriture publique et une affiche solennelle. »

En faisant siennes les paroles de Bossuet, Mgr Pie continue : « Écrivez donc, écrivez, ô Pilate, les paroles que Dieu vous dicte et dont vous n’entendez pas le mystère. Quoique l’on puisse alléguer et représenter, gardez-vous de changer ce qui est déjà écrit dans le ciel. Que vos ordres soient irrévocables, parce qu’ils sont en exécution d’un arrêt immuable du Tout-puissant. Que la royauté de Jésus-Christ soit promulguée en la langue hébraïque, qui est la langue du peuple de Dieu, et en la langue grecque, qui est la langue des docteurs et des philosophes, et en la langue romaine qui est la langue de l’empire et du monde, la langue des conquérants et des politiques. Approchez, maintenant, ô Juifs, héritiers des promesses ; et vous, ô Grecs, inventeurs des arts ; et vous, Romains, maîtres de la terre ; venez lire cet admirable écriteau : fléchissez le genoux devant votre Roi » (Mgr Pie. lors de son voyage à Rome, en 1866, vénéra longuement cette inscription de la Croix. « Là, dit-il, mon impression a été encore plus vive que la première fois en lisant d’une façon si nette le mot Rex écrit sur ce bois de la Croix par l’ordre de Pilate. Ce que le procurateur romain a écrit, était bien écrit et restera écrit : quod scripsi scripsi.» Histoire du C. Pie. TII. I. III , ch. 10, p. 294.) .

Ce sont là quelques preuves scripturaires de la royauté de Notre Seigneur. Mgr Pie en donne d’autres ça et là dans ses livres. (III, 513 et sq. VII, 538 — VIII, 56 et ss. — X, 256 et ss. — et les trois homélies sur le psaume II contenues dans le Xème vol., p. 241 et ss. — Ces homélies sur le psaume II se prêtent difficilement à une synthèse. Cependant il faut les lire et les méditer, si l’on veut connaître à fond la preuve scripturaire de la Royauté du Christ.) Nous ne pouvons les recueillir toutes, parfois pour leur brièveté, mais sur deux d’entre elles : la mission que Jésus-Christ donne à ses apôtres, et la prière du Pater, il s’arrête davantage.

Entendez, nous dit-il, les derniers mots que Notre Seigneur adresse à ses apôtres, avant de remonter au ciel : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc et enseignez toutes les nationsRemarquez, mes frères, Jésus-Christ ne dit pas tous les hommes, tous les individus, toutes les familles, mais toutes les nations. Il ne dit pas seulement : Baptisez les enfants, catéchisez les adultes, mariez les époux, administrez les sacrements, donnez la sépulture religieuse aux morts. Sans doute, la mission qu’il leur confère, comprend tout cela, mais elle comprend plus que cela, elle a un caractère public, social car Jésus-Christ est le roi des peuples et des nations. Et comme Dieu envoyait les anciens prophètes vers les nations et vers leurs chefs pour leur reprocher leurs apostasies et leurs crimes, ainsi le Christ envoie ses apôtres et son sacerdoce vers les peuples, vers les empires, vers les souverains et les législateurs pour enseigner à tous sa doctrine et sa loi. Leur devoir, comme celui de Saint Paul, est de porter le nom de Jésus-Christ devant les nations et les rois et les fils d’Israël. (III, 514).

Ainsi, Jésus-Christ donne à ses apôtres la mission officielle de prêcher son règne social, bien plus, il veut que ce règne soit proclamé par tous les fidèles. Il le fera demander chaque jour par tout chrétien dans la prière du Pater.

Jamais, nous dit l’évêque de Poitiers, le divin fondateur du christianisme n’a mieux révélé à la terre ce que doit être un chrétien, que quand il a enseigné à ses disciples la façon dont ils devaient prier. En effet, la prière étant comme la respiration religieuse de l’âme, c’est dans la formule élémentaire qu’en a donné Jésus-Christ qu’il faut chercher tout le programme et tout l’esprit du christianisme. Écoutons donc la leçon actuelle du Maître. «Vous prierez donc ainsi, dit Jésus. Sic ergo vos orabitis. Notre Père qui êtes dans les cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.» (III, 497-498) Mgr Pie, reprenant le Pater, démontre que ces trois demandes se résument et se condensent en une, celle du règne public, social, car, explique-t-il, le nom de Dieu ne peut être sanctifié pleinement et totalement s’il n’est reconnu publiquement, la volonté divine n’est pas faite sur la terre comme au ciel si elle n’est pas accomplie publiquement et socialement. (III, 498-499. Panégyrique de Saint Émilien ) Et il conclut :

Le chrétien, ce n’est donc pas comme semble le croire et comme l’affirme tous les jours et sur tous les tons un certain monde contemporain, ce n’est donc pas un être qui s’isole en lui-même, qui se séquestre dans un oratoire indistinctement fermé à tous les bruits du siècle et qui, satisfait pourvu qu’il sauve son Âme, ne prend aucun souci du mouvement des affaires d’ici-bas. Le chrétien, c’est le contre-pied de cela. Le chrétien, c’est un homme public et social par excellence, son surnom l’indique : il est catholique, ce qui signifie universel. Jésus-Christ, en traçant l’oraison dominicale, a mis ordre à ce qu’aucun des siens ne pût accomplir le premier acte de la religion qui est la prière, sans se mettre en rapport, selon son degré d’intelligence et selon l’étendue de l’horizon ouvert devant lui, avec tout ce qui peut avancer ou retarder, favoriser ou empêcher le règne de Dieu sur la terre. Et comme assurément les œuvres de l’homme doivent être coordonnées avec sa prière, il n’est pas un chrétien digne de ce nom qui ne s’emploie activement dans la mesure de ses forces, à procurer ce règne temporel de Dieu et à renverser ce qui lui fait obstacle. (III, 500-501)

L’évêque de Poitiers ajoutait une très grande importance à cette preuve tirée de notre prière quotidienne, et il n’oubliait jamais d’apporter cet argument irrésistible en faveur de la Royauté sociale de Notre-Seigneur.

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