C’est le mois de Marie, C’est le mois le plus beau ; À la Vierge chérie Disons un chant nouveau.
Le 1er mai a été dans tous les temps un jour de fête et de réjouissance. Pour fêter la venue des beaux jours, les maisons se tapissaient de fleurs et de branches d’arbres ; il n’était point de jeune fille qui ne voulût ajouter à sa parure un mai frais et gracieux.
Ces usages ont vieilli comme tant d’autres ; cependant depuis que le mois de mai a été consacré à la Reine du Ciel, il a acquis de nouveaux charmes. Ce mois du renouveau, où la terre est dans toute sa fraîche parure de printemps, appartenait de droit à Marie, cette rose de Jéricho, ce lis de Jessé. Aussi, jusque dans le plus humble village, l’autel de Marie est orné avec un éclat inconnu à ses plus grandes fêtes.
Là, dans des sanctuaires tendus de blanches draperies et décorés d’orangers et d’arbres verdoyants, les jeunes filles viennent prier et chanter ensemble. Chaque matin, la messe est célébrée avec des ornements blancs, et chaque soir les cierges de la chapelle s’allument pour le salut. À ces prières, à ces cantiques sont mêlées des instructions qui enseignent la confiance dans la Sainte Vierge ; les prêtres racontent les miracles opérés par Elle, et la pieuse assistance écoute avec un grand recueillement et un vif attrait. Et quand les noms de Jésus et de Marie viennent à être prononcés, les fronts s’inclinent avec respect, alors on dirait un parterre planté de lis, dont les tiges et les fleurs se courbent sous le souffle du printemps, ou sous le pied d’un ange invisible.
On a dit que la dévotion du Mois de Marie était inconnue en France il y a moins de cinquante ans. Cependant nous voyons au XVème siècle la corporation des orfèvres de Paris offrir à Notre-Dame le premier mai un arbre vert appelé le mai verdoyant. D’autres fois ils offraient des travaux de leur art, et les peintres offraient de leur côté un tableau représentant quelqu’une des scènes de la vie de la Sainte Vierge. Qui ne voit déjà dans cette pieuse coutume l’origine de notre Mois de Marie.
« Le culte de Marie, dit l’abbé Darras, était l’âme du monde au moyen-âge: elle avait ses chevaliers, ses servants d’armes, ses troubadours ; la poésie de cette époque est pleine de son nom, sa légende est entaillée au portail des cathédrales , son image était placée à l’entrée des temples comme la porte du ciel. »
Il est beau de voir dans les rues de nos cités ces antiques madones qui ont survécu aux révolutions. Autrefois ces petites statues placées dans une niche, trônaient au milieu d’un massif de fleurs, que des mains pieuses renouvelaient chaque matin. Pendant la nuit une lampe brûlait devant la Madone et le passant la saluait par un Ave Maria.
Le nom de Marie était si cher aux populations des campagnes qu’elles se prirent à le donner aux fleurs gracieuses des champs. Ici c’est l’épine de la Vierge, l’herbe de la bonne Dame ; là, les souliers de Notre-Dame, la ceinture de la Vierge ; plus loin, la pieuse bergère vous montre dans la digitale le gant de Notre-Dame, dans les liserons des haies, les cheveux de la Vierge. Dans les prairies émaillées, sur la cime des montagnes, comme dans le fond des vallées, fleurs et fruits, modestes plantes, arbres majestueux, tout nous montre Marie, tout nous parle de Marie.
Et maintenant qui pourrait dire le nombre de ces pieux pèlerinages dont l’origine remonte à une image miraculeuse de Marie ; nous n’avons cité dans ce Calendrier que les plus remarquables, mais dans la France seule nous les comptons par centaines. De nos jours, malgré l’affaiblissement de la foi, l’image et le nom de Marie opèrent encore des prodiges ; il y a toujours une sorte d’enchantement, une attraction irrésistible qui attire à elle tous les cœurs.
La très sainte Vierge Marie, si bonne toujours, est disposée, durant ce beau mois, à nous accorder les plus grandes faveurs, si nous sommes fidèles à la prier. Ornons de fleurs la plus belle image de Marie que nous possédons ; devant cette image, allons prier plus souvent ; réunissons-nous, au moins une fois chaque jour, pour y prier en famille. Proposons-nous d’obtenir, par ces hommages, une grâce spéciale, la grâce dont nous avons le plus besoin.
Ô belle fleur du paradis, ô Marie, attirez-nous à votre service par vos charmes et vos célestes parfums.