D’abord fixée au deuxième Dimanche après l’Épiphanie, la fête du Saint Nom de Jésus fut déplacée par la réforme de Saint Pie X au dimanche entre la Circoncision et l’Épiphanie.

En effet, comme l’indique le Missel de St Pie V (§351 de l’édition Sodi-Triacca), si l’octave de Saint Etienne (2/01), de Saint Jean (3/01) ou des Saints Innocents (4/01) tombaient le dimanche, on faisait l’office de l’octave des Saints et on ne faisait rien du dimanche. Le 5 janvier, lui, était occupé par la Vigile de l’Épiphanie. Jusqu’à la réforme du Calendrier de Saint Pie X, le dimanche pouvant tomber les 2, 3, 4 ou 5 janvier était ignoré, la Vigile de l’Épiphanie était considérée comme tenant lieu de dimanche et en avait tous les privilèges.

Saint Pie X profita donc de sa réforme pour libérer le Dimanche des Noces de Cana, qui est en véritable connexion avec le mystère de l’Épiphanie (3 mystères en cette Fête avec l’adoration des Mages, le Baptême du Seigneur et les Noces de Cana) et qui était éclipsé par la fête du Saint Nom depuis Innocent XIII (1721-1724).

Le deuxième Dimanche après l’Épiphanie, qui rappelle le festin des noces de Cana, fut d’abord choisi pour célébrer cette fête. C’est au jour nuptial que le nom de l’Époux devient propre à l’Épouse : ce nom désormais témoignera qu’elle est à lui L’Église, voulant honorer d’un culte spécial un nom pour elle si précieux, en unissait donc le souvenir à celui des Noces divines. Aujourd’hui, elle rapproche de l’anniversaire même du jour où il fut donné, huit jours après sa naissance, la célébration de ce Nom auguste, et laisse à la commémoration des Noces sacrées le Dimanche dont de tout temps cette commémoration fut la gloire.

L’ancienne alliance avait environné le Nom de Dieu d’une terreur profonde : ce nom était pour elle aussi formidable que saint, et l’honneur de le proférer n’appartenait pas à tous les enfants d’Israël. Dieu n’avait pas encore été vu sur la terre, conversant avec les hommes ; il ne s’était pas encore fait homme lui-même pour s’unir à notre faible nature : nous ne pouvions donc lui donner ce Nom d’amour et de tendresse que l’Épouse donne à l’Époux.

Mais quand la plénitude des temps est arrivée, quand le mystère d’amour est sur le point d’apparaître, le Nom de Jésus descend d’abord du ciel, comme un avant-goût de la présence du Seigneur qui doit le porter. L’Archange dit à Marie : « Vous lui donnerez le Nom de Jésus » ; or, Jésus veut dire Sauveur. Que ce Nom sera doux à prononcer à l’homme qui était perdu ! Combien ce seul Nom rapproche déjà le ciel de la terre ! En est-il un plus aimable, un plus puissant ? Si, à ce Nom divin, tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers, est-il un cœur qui ne s’émeuve d’amour à l’entendre prononcer ? Mais laissons raconter à saint Bernard la puissance et la douceur de ce Nom béni. Voici comme il s’exprime, à ce sujet, dans son XVe Sermon sur les Cantiques :

« Le Nom de l’Époux est une lumière, une nourriture, un remède. Il éclaire, quand on le publie ; il nourrit, quand on y pense à part soi ; et quand on l’invoque dedans la tribulation, il procure l’adoucissement et l’onction. Parcourons, s’il vous plaît, chacune de ces qualités. D’où pensez-vous qu’ait pu se répandre, par tout l’univers, cette si grande et si soudaine lumière de la Foi, si ce n’est de la prédication du Nom de Jésus ? N’est-ce pas par la lumière de ce Nom béni, que Dieu nous a appelés en son admirable lumière ? De laquelle étant illuminés, et voyant en cette lumière une autre lumière, nous oyons saint Paul nous dire à bon droit : Vous avez été jadis ténèbres ; mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur.
« Or, le Nom de Jésus n’est pas seulement lumière ; ains encore, il est nourriture. N’êtes-vous donc pas confortés, toutes fois et quantes que vous rappelez à votre cœur ce doux Nom ? Qu’est-il au monde qui nourrisse autant l’esprit de celui qui pense à lui ? Qu’est-ce qui, de la même sorte, répare les sens affaiblis, donne de l’énergie aux vertus, fait florir les bonnes mœurs, et entretient les honnêtes et chastes affections ? Toute nourriture de l’âme est sèche, si elle n’est détrempée de cette huile ; elle est insipide, si elle n’est assaisonnée de ce sel.
« Quand vous m’écrivez, votre récit n’a pour moi nulle saveur, si je n’y lis le Nom de Jésus. Lorsque vous disputez ou conférez avec moi, le conteste n’a pour moi aucun intérêt, si je n’y entends résonner le Nom de Jésus. Jésus est un miel à ma bouche, une mélodie à mon oreille, une jubilation à mon cœur ; oui même, outre ce, une médecine bienfaisante. L’un de vous est-il triste ? Que Jésus vienne en son cœur ; que de là il passe en sa bouche, et incontinent, à la venue de ce divin Nom qui est une vraie lumière, tout nuage s’enfuit, la sérénité revient. Quelqu’un tombe-t-il dans le crime ; voire même, court-il, en se désespérant, au lacs de la mort ? S’il invoque le Nom de Jésus, ne recommencera-t-il pas de suite à respirer et à vivre ? Qui jamais oncques demeura dedans l’endurcissement du cœur, comme font tant d’autres, ou bien dedans la torpeur de la fétardie, la rancune, ou la langueur de l’ennui ? Quel est celui qui, par aventure, ayant à sec la source des larmes, ne l’ait sentie soudainement couler plus abondante et plus suave, sitôt que Jésus a été invoqué ? Quel est l’homme qui, palpitant et s’alarmant, au fort des périls, puis venant à invoquer ce Nom de vaillance, n’a pas senti tout aussitôt naître en soi la confiance et fuir la crainte ? Quel est celui, je vous le demande, qui, ballotté et flottant à la merci des doutes, n’a pas, sur-le-champ, je le dis sans balancer, vu reluire la certitude, à l’invocation d’un Nom si éclatant ? Qui est-ce qui, durant l’adversité, écoutant la méfiance, n’a pas repris courage, au seul son de ce Nom de bon secours ? Par effet, ce sont là les maladies et langueurs de l’âme, et il en est le remède.
« Certes, et je puis vous le prouver par ces paroles : Invoque-moi, dit le Seigneur, au jour de la tribulation, et je t’en tirerai, et tu m’honoreras. Rien au monde n’arrête si bien l’impétuosité de la colère, et n’accoise pareillement l’enflure de la superbe. Rien aussi parfaitement ne guarit les plaies de la tristesse, comprime les débordements de la paillardise, éteint la flamme de la convoitise, étanche la soif de l’avarice, et bannit toutes les démangeaisons des passions déshonnêtes. De vrai, quand je nomme Jésus, je me propose un homme débonnaire et humble de cœur, bénin, sobre, chaste, miséricordieux, et, en un mot, brillant de toute pureté et sainteté. C’est Dieu lui-même tout-puissant qui me guérit par son exemple, et me renforce par son assistance. Toutes ces choses retentissent à mon cœur, lorsque j’entends sonner le Nom de Jésus. Ainsi, en tant qu’il est homme, j’en tire des exemples, pour les imiter ; et en tant qu’il est le Tout-Puissant, j’en tire un secours assuré. Je me sers desdits exemples comme d’herbes médicinales, et du secours comme d’un instrument pour les broyer, et j’en fais une mixtion telle que nul médecin n’en saurait faire de semblable.
« O mon âme ! tu as un antidote excellent, caché comme en un vase, dans ce Nom de Jésus ! Jésus, pour le certain, est un Nom salutaire et un remède qui jamais oncques ne se trouvera inefficace pour aucune maladie. Qu’il soit toujours en votre sein, toujours à votre main : si bien que tous vos sentiments et vos actes soient dirigés vers Jésus.
 »

Telle est donc la force et la suavité du très saint Nom de Jésus, qui fut imposé à l’Emmanuel le jour de sa Circoncision ; mais, comme le jour de l’Octave de Noël est déjà consacré à célébrer la divine Maternité, et que le mystère du Nom de l’Agneau demandait à lui seul une solennité propre, la fête d’aujourd’hui a été instituée. Son premier promoteur fut, au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne, qui établit et propagea l’usage de représenter, entouré de rayons, le saint Nom de Jésus, réduit à ses trois premières lettres IHS, réunies en monogramme. Cette dévotion se répandit rapidement en Italie, et fut encouragée par l’illustre saint Jean de Capistran, de l’Ordre des Frères Mineurs, comme saint Bernardin de Sienne. Le Siège Apostolique approuva solennellement cet hommage au Nom du Sauveur des hommes ; et, dans les premières années du XVIe siècle, Clément VII, après de longues instances, accorda à tout l’Ordre de saint François le privilège de célébrer une fête spéciale en l’honneur du très saint Nom de Jésus.

Rome étendit successivement cette faveur à diverses Églises ; mais le moment devait venir où le Cycle universel en serait enrichi lui-même. Ce fut en 1721, sur la demande de Charles VI, Empereur d’Allemagne, que le Pape Innocent XIII décréta que la Fête du très saint Nom de Jésus serait célébrée dans l’Église entière, et il la fixa tout d’abord, comme nous l’avons dit, au deuxième dimanche après l’Épiphanie.

Lectures des Actes des Apôtres
En ce jours là : Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : « Chefs du peuple et Anciens, puisqu’on nous interroge aujourd’hui sur un bienfait à un infirme, comment cet homme a été guéri, sachez-le bien, vous tous, et tout le peuple, d’Israël : C’est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme est présent devant vous en pleine santé. C’est lui, la pierre rejetée par vous les constructeurs, qui est devenue tête d’angle. Et le salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

Lecture du Saint Évangile selon saint Luc
En ce temps là, le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, que l’ange avait indiqué avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.

SÉQUENCE

Le doux Jésus de Nazareth, Roi des Juifs, gracieux, débonnaire, beau et florissant :
Pour le salut de son peuple, il a subi la mort et les tourments, pâle et livide sur la croix.
Doux Nom, doux surnom ; c’est le Nom par excellence, qui surpasse tous les noms.
Il calme les pécheurs, il réchauffé les justes, il les fortifie, il les garde contre les attaques.
Sous l’étendard de ce Roi, tu vis dans un état tranquille, et tes ennemis s’éloignent.
Le Nom de Jésus, quand on le médite, dissipe l’appareil de la guerre ; l’adversaire vaincu s’enfuit.
C’est un Nom qu’il faut révérer, un Nom redoutable aux malins esprits.
C’est un Nom de salut, une consolation singulière qui soulage les affligés.
Il nous le faut honorer, le placer dans le trésor de notre cœur, le méditer, l’aimer, mais d’un héroïque amour.
Ce Nom, Ignace l’a publié, il l’a fait retentir au milieu des tourments ; son cœur ouvert a laissé voir Jésus, écrit en caractères célestes.
Que pouvons-nous souhaiter de plus que d’avoir Jésus pour intime ? De tous il est le plus aimant, et il désire nous aimer.
Il aime avec ardeur, il aime avec constance, il aime avec fidélité, et veut secourir les siens.
Tel il a fait son Nom, qu’il puisse être pour tous le charme du cœur, l’objet excellent et principal d’un amour intime.
Les droits de la nature l’exigent : nous devons aimer de toutes nos forces celui qui nous aime, prévenir ses désirs avec empressement.
Le Nom de Jésus renferme tout bien, il résonne avec douceur, il nous vaut un trône au royaume du ciel, il réjouit notre oreille.
En lui brille la splendeur du Père, en lui éclate la beauté de sa Mère ; en lui se reflète la gloire de son Père, il fait la grandeur de ses frères.
Si donc quelqu’un veut connaître pourquoi le Nom de Jésus fait si vivement souhaiter aux justes de s’attacher à lui :
C’est que Jésus est beau dans son éclat, que sa bonté est souveraine, qu’il est doux-, facile, plein de mansuétude, porté à la clémence.
Jésus est le Roi de gloire ; Jésus est brillant de beauté, Jésus est plein de grâce dans ses paroles, admirable dans ses œuvres.
Jésus est fort et vaillant ; Jésus est un athlète vigoureux ; Jésus est magnifique dans ses dons, il aime à les distribuer.
Jésus est tendre et compatissant, Jésus est un guide lumineux ; Jésus est rempli de délices et de la plus douce saveur.
Jésus est illustre et glorieux ; Jésus est pour tous abondant en fruits ; Jésus est la source des vertus ; aux siens il donne ses faveurs.
Le plus élevé dans les honneurs, le plus chéri dans l’amour ; toutes les gloires sont à lui.
Par sa science il connaît tout, dans son immensité il embrasse tout, par son amour il ravit les cœurs, et les retient dans ses liens.
Que ce Nom, le Nom du doux Jésus, nous soit donc toujours cher ; qu’il soit fixé dans notre cœur, et que rien ne l’en puisse arracher.
Qu’il enlève le mal du péché, qu’il inspire des chants d’allégresse, qu’il nous donne de jouir de la demeure des bienheureux !
Amen.

HYMNE

Il est un Nom digne de tout honneur, adoré au plus haut des cieux, un Nom de gloire souveraine ; révélé à Gabriel, par lui sur terre il fut annoncé à la Mère de grâce.
Marie donne le nom de Sauveur à son Fils circoncis le huitième jour, selon la coutume de ses pères. Publié dans le monde entier, cet heureux Nom sauve ceux qui croient en lui.
En ce Nom brille la splendeur de la Trinité et de l’Unité ; il fait la joie du ciel. En ce Nom resplendit l’honneur du Père ; en ce Nom éclate la beauté de la Mère ; ce Nom fait la gloire des frères du Sauveur.
C’est là le Nom salutaire, la consolation singulière qui vient au secours des cœurs affligés. C’est le Nom qu’il nous faut honorer, bénir et louer, dans la joie constante de nos âmes.
Si on le prononce, c’est une mélodie ; si on l’invoque, c’est un doux miel ; il nous garde contre nos ennemis. Le cœur jubile, en songeant à ce Nom si formidable aux esprits de malice.
C’est le Nom plein de grâce, abondant en fruits, fécond en vertus, par-dessus tous les noms. C’est lui qui fait connaître aux hommes la face d’un Dieu toute gracieuse, remplie de beauté et d’amour.
Ce Nom est beau dans son éclat ; il est le souverain bien lui-même ; sa saveur intime est la plus douce. Tout-puissant en sa force, sublime en ses honneurs, il est le principe des délices et de la félicité.
Donc, ô Pasteur des âmes, leur lumière incessante, ô bon Jésus ! par votre Nom si cher, protégez-nous, et fermez sous nos pas le noir chaos des ténèbres.
Réformateur de toutes les nations humaines, Vie qui avez détruit la mort, restaurateur de la ruine qu’avaient soufferte les tribus angéliques, daignez vous donner à nous.
Amen.

IHS / JHS – « Iesus Hominum Salvator » (Jésus Sauveur de l’Humanité)

Les Saints et le nom de Jésus
Les Saints ont eu les plus beaux sentiments pour le nom de Jésus. Les apôtres ont prêché, guéri les malades, chassé les démons au nom de Jésus. C’est pour ce nom béni qu’ils ont souffert et qu’ils sont morts. Au cours de ses quatorze épitres, saint Paul le répète plus de deux cents fois. Saint Bonaventure pense que l’Apôtre des nations, ravi au troisième ciel, fut témoin des hommages que les élus et les anges rendent au saint nom de Jésus. La tradition rapporte que, lorsqu’il fut décapité sur la route d’Ostie, sa tête fit trois bons, prononçant à chaque fois le nom de Jésus, que sa main avait si souvent écrit pendant sa vie. Saint Ignace d’Antioche l’avait si bien imprimé sur son cœur que, lorsqu’on l’ouvrit après sa mort, on l’y trouva écrit en lettres d’or.

Pratique
Une excellente manière d’honorer Jésus est d’incliner la tête avec respect et amour toutes les fois qu’on entend prononcer ou qu’on prononce soi-même ce nom divin.

Panier

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