Promotion Noël !

du 13 au 31 Décembre 2024 inclus ! 

Le chant nous est venu des anges et la source des concerts est dans le Ciel. Le Christianisme a inventé l’orgue et donné des soupirs à l’airain même.
Chateaubriand

La famille des Caecilii était une des plus anciennes de l’aristocratie romaine, Ses premiers représentants furent contemporains des rois ; elle fournit même à Rome une de ses reines, Gaïa Caecilia Tanaquil, qui fut la femme célèbre de Tarquin l’Ancien. La branche des Metellus ajouta à la noblesse de l’origine celle des services les plus éminents rendus à la patrie : les surnoms de Macédonicus, de Creticus, de Dalmaticus, de Numidicus, attestent leurs gloires militaires ; de génération en génération, consuls, censeurs, pontifes suprêmes, les fils, comme avaient fait leurs pères, assurèrent la prospérité de la république. En même temps leurs vertus naturelles les illustraient à l’égal de leur vaillance guerrière et de leur génie civil : la modestie, la modération, la pureté des mœurs honorèrent toujours les Caecilii. Il n’est donc pas étonnant que le christianisme naissant ait trouvé parmi eux des adeptes.

Au nombre de ceux-ci furent sans doute, à la fin du IIe siècle, les heureux époux qui donnèrent la vie à celle qui populariserait, d’éternelle manière, la gloire de leur race, la vierge et martyre Cécile. Il semble certain qu’elle descendait de Quintus Metellus Caecilius Numidicus ; elle devait reproduire la fermeté invincible de son caractère, sa hauteur de vues, l’austère intégrité de son âme. On ignore la date exacte de sa naissance ; mais elle ne saurait s’écarter beaucoup des premières années du règne de Marc-Aurèle. À quel âge reçut-elle le baptême ? Il n’est pas possible de le dire ; on sait du moins qu’elle était, dès sa jeunesse, pénétrée des plus hauts enseignements de la foi. Habituée à la lecture de l’Évangile, qu’elle portait avec amour toujours sur sa poitrine, elle y avait puisé l’estime, le goût, la volonté de la virginité et n’avait pas hésité à s’y engager par vœu, à l’insu de ses parents. Ce trésor de sa chasteté, elle le conservait précieusement par la pénitence : sous ses habits somptueux de jeune patricienne, elle cachait un cilice qui meurtrissait sa chair.

Cependant ses parents avaient résolu de la marier ; ils accueillirent la demande que leur présenta un jeune patricien, dont la noblesse remontait à Valerius Publicola et qui s’appelait Valérien : âme douce, généreuse et dont la pureté s’atteste par la promptitude de sa conversion. II était païen alors ; mais il semble bien que le culte des faux dieux, lui apparaissant comme dépourvu de fondement et de raison, ne lui tenait pas beaucoup au cœur. Cécile, malgré son vœu, ne crut pas possible de se dérober à l’ordre de son père : à Rome, la puissance du pater familias était indiscutée autant qu’absolue. Mais elle était déterminée à tenir la promesse qui l’engageait au Christ, et peut-être la connaissance qu’elle avait de Valérien lui donnait bon espoir de ne pas rencontrer en lui un obstacle à sa volonté.

Le jour du mariage était venu : c’était dans l’hiver de 177 à 178. Au milieu des fêtes somptueuses où se déployaient en son palais du Transtévère la richesse et l’amour du jeune époux, tandis que, autour du festin de noces, on chantait l’épithalame au son des instruments de musique, Cécile, — dit la légende, — chantait aussi, mais dans son cœur, mais en l’honneur de Jésus, qu’elle aimait uniquement et à qui de nouveau elle disait avec le psalmiste :  » Seigneur, faites que mon cœur et mon corps demeurent immaculés, pour que je ne sois pas confondue !  » C’est en souvenir de ce cantique intime de l’âme, se dégageant de la musique profane qui l’enveloppait, que Cécile a, depuis plus de cinq siècles, été reconnue et invoquée comme patronne par les musiciens.

Sainte Cécile
Sainte Cécile

Le soir venu, lorsque les deux jeunes époux se trouvèrent seuls dans la chambre nuptiale, Cécile, avec la décision hardie de son caractère, qu’elle tempérait de grâce et de tendresse, n’hésita pas à se révéler à Valérien telle qu’elle était et qu’elle voulait être. Ses Actes, — sûrs pour le fond, mais œuvre d’imagination pour plus d’un détail, — lui font tenir ce langage : « Valérien, je suis sous la tutelle d’un ange qui protège ma virginité : n’aie donc pas l’audace d’entreprendre contre elle quoi que ce soit qui puisse exciter la colère de Dieu. » Surpris, ému, le jeune homme, pour être convaincu, demanda à voir l’ange. « Tu le verras, reprit Cécile, si tu veux croire. » Et comme Valérien, dont l’âme pure était de celles qui sorti naturellement chrétiennes, affirmait sa bonne volonté de s’instruire dans cette croyance nouvelle, la vierge l’adressa à celui qui lui révélerait les mystères chrétiens et, par l’illumination de la foi, lui ouvrirait les yeux sur les réalités célestes.

À trois milles de Rome, sur la voie Appia, un pagus, un bourg s’était construit, nommé Triopius, autour du tombeau et des ouvrages magnifiques que le rhéteur Hérode Atticus avait fait élever en l’honneur de sa femme, Annia Attilia Regilla. En face du monument, les Caecilii avaient fait ouvrir un hypogée souterrain, qu’ils destinaient à leur sépulture, et qui devait devenir un vaste cimetière chrétien. Là habitait, ce semble, parmi une population déjà gagnée à la religion du Christ, un personnage vénérable nommé Urbain ; deux fois confesseur de la foi, il avait été honoré par le pape Eleuthère de la consécration épiscopale et possédait d’amples pouvoirs sur le peuple fidèle. C’est vers lui que Cécile, qui le connaissait bien, dirigea le nouveau catéchumène. Accueilli avec bienveillance, Valérien fut promptement instruit des vérités nécessaires et reçut aussitôt le baptême.

Tout enflammé par la grâce, n’ayant plus pour Cécile qu’un amour fraternel et reconnaissant, il s’empressa de revenir près d’elle pour lui annoncer la grande et heureuse nouvelle. Il trouva la vierge en prières : à ses cotés l’ange, son gardien. Celui-ci tenait deux couronnes de lis et de roses et les posa sur la tête des deux jeunes gens ; ainsi il glorifiait leur pureté et leur promettait le martyre.

Cécile et Valérien remerciaient Dieu ensemble de cette céleste vision, lorsque Tiburce arriva : Tiburce était le frère cadet de Valérien. Il était ardent, prompt dans ses désirs, d’âme vaillante et résolue, d’intelligence vive et rapide ; surtout il avait pour son aîné une affection admiratrice et dévouée qui tout de suite s’était aussi portée sur la jeune femme de celui-ci.

C’était une conquête assurée et facile. Très vite convaincu, gagné par les prières que Cécile faisait monter vers Dieu, plus encore que par les raisons, Tiburce fut envoyé aussi vers Urbain, et l’évêque mena à son terme l’œuvre si bien commencée.

Les deux frères étaient chrétiens ; mais il ne leur suffisait pas d’en avoir reçu le caractère ; ils voulaient employer leur foi au service de Dieu et, s’il était possible, lui sacrifier leur vie. A ce moment, la persécution, qu’avait renouvelée Marc-Aurèle, était furieusement exercée à Rome par un magistrat que les Actes nomment Turcius Almachius ; il faisait couler le sang à flots et, par surcroît de barbarie, défendait de donner la sépulture à ses victimes. Tiburce et Valérien n’eurent garde de se conformer à cette défense ; ils s’employèrent au contraire à ensevelir les corps déchirés des martyrs. Saisis à leur tour, conduits devant le juge, ils furent promptement interrogés et, sur la proclamation de leur foi, condamnés à être décapités. Le greffier, Maxime, qui devait les conduire au supplice, fut conquis par leur joyeux et triomphant courage; il se convertit et, par l’ordre d’Almachius, frappé avec un fouet garni de balles de plomb qui lui fracassa la tête, il reçut lui aussi la couronne. Cela se passait le 14 avril 178.

Cécile restait, mais ses richesses tentaient la cupidité du juge. Un de ses assesseurs, Tarquinius, lui avait dit : « Saisis l’occasion ; débarrasse-toi de cette femme. Si tu tardes, elle dissipera toute sa fortune en la donnant aux pauvres, et tu ne trouveras rien. » •Almachius donna donc l’ordre de la faire comparaître. Cependant il avait cru devoir attendre quelques mois. Ce n’est que le 12 septembre que Cécile fut convoquée; elle avait bien usé du temps qui lui était laissé : héritière de Valérien, elle avait donné le palais du Transtévère à un chrétien, le sénateur Gordien, à charge d’en transmettre la propriété à l’Église ; et, réalisant ses richesses mobilières, elle les avait épuisées entre les mains des pauvres.

Quand elle se présenta devant le tribunal, elle montra toute la fière fermeté, toute la présence d’esprit, toute la vaillance qu’on pouvait attendre de la fille des Métellus. Son interrogatoire la montre, non point audacieuse, comme le lui reprochait Almachius, mais pleine d’une assurance qui, ainsi qu’elle l’affirmait, lui était donnée par le « repos de sa conscience et la pureté de sa foi ». Aussi non seulement elle ne redoute point la mort, mais elle « désirait à l’avance la dénonciation » qu’on a faite au juge de sa qualité de chrétienne, et elle proclame que « la peine à laquelle elle sera condamnée sera sa victoire

Condamnée, elle le fut en effet et ne pouvait ne point l’être, après une si courageuse confession. Mais, voulant éviter l’émotion qu’eût causée une exécution publique, Almachius prononça qu’elle serait asphyxiée chez elle, dans la salle de bains qu’on appelait caldarium et où s’accumulait la vapeur embrasée des chaudières. Ainsi jadis Néron avait fait mourir Octavie. Mais en vain pressa-t-on le feu ; en vain les bouches de chaleur déversèrent jour et nuit des souffles brûlants dans l’enceinte étroite. Il semblait qu’une rosée du ciel en tempérât l’ardeur, et Cécile en prière n’éprouvait nulle souffrance. Le surlendemain, Almachius résolut d’en finir. Sur son ordre, un licteur vint, pour donner à la martyre la mort par le glaive. Soit émotion, soit maladresse, l’homme frappa trois fois sans pouvoir trancher le cou délicat de la vierge ; la loi défendait un quatrième coup ; il partit, l’abandonnant dans son sang.

Trois jours elle agonisa parmi les chrétiens et surtout les pauvres accourus autour d’elle ; ils épongeaient le sang avec des linges qu’ils emportaient comme des reliques ; ils l’entouraient de soins, ils écoutaient sa parole affaiblie, mais toujours ardente, qui louait Dieu et le remerciait, L’évêque Urbain, malgré le danger, se rendit près d’elle : « Père, lui dit-elle dans un souffle, j’ai demandé au Seigneur ce délai de trois jours afin de remettre en tes mains et ces pauvres et cette maison que je veux qui soit consacrée en église pour toujours. »

Au moment de mourir, elle se tourna sur le côté droit ; ses genoux se réunirent modestement ; ses bras s’affaissèrent, tandis que, ouvrant les trois doigts de sa main droite, elle attestait sa foi en la Trinité ; et puis, comme pour dérober aux hommes son dernier soupir, elle inclina son visage vers la terre, et son âme s’envola vers le ciel. On était au 16 septembre, et Cécile n’avait pas atteint sa dix-huitième année.

Elle fut ensevelie dans la pose même où elle était morte ; une arche de bois de cyprès la reçut, qui fut portée au cimetière des Caecilii, plus tard appelé cimetière de Calliste. Au IXe siècle, puis au XVIe , on fut amené à ouvrir sa tombe et son cercueil. Alors, à l’admiration universelle, sous le léger voile de soie qui la protégeait, Cécile apparut telle qu’elle avait expiré, vêtue de la robe brochée d’or avec laquelle elle avait confessé la foi et subi le supplice, dans sa chaste posture, portant au cou les terribles blessures que lui avait faites le glaive du licteur, mais paisible et semblant, plutôt que morte, doucement endormie.

Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse, exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.
1 Thessaloniciens 5:16-18

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