Jean, le disciple bien-aimé de Jésus, était de Galilée, fils de Zébédée et de Salomé, et frère de Saint Jacques le Majeur.
Ces deux frères, avant leur vocation à l’apostolat, vivaient, comme leur père, du produit de leur pêche. Il paraît que Jean, avant de s’attacher au Sauveur, était disciple de Saint Jean-Baptiste. Il fut proprement appelé avec son frère à être disciple du Seigneur: Le jour, qu’ils raccommodaient ensemble leurs filets, et peu de temps après qu’ils virent la pêche miraculeuse de Saint Pierre, ils quittèrent tout pour s’attacher à Jésus d’une manière particulière. On croit que Jean était le plus jeune de tous les apôtres ; et cela paraît surtout par le grand nombre d’années qu’il a vécu après la mort de Jésus-Christ.
Mais, tout jeune qu’il était, il menait une vie pure et irrépréhensible, et l’on croit qu’il demeura vierge. On y attribue à sa chasteté l’affection particulière que Jésus-Christ lui témoignait. C’est encore celle vertu qui lui mérita, selon Saint Jérôme, la faveur insigne que lui fit Jésus en lui confiant le soin de sa sainte Mère. Étant resté sur le Calvaire lorsqu’on crucifia a Notre-Seigneur, il entendit de sa bouche adorable ces paroles touchantes, adressées à sa très-auguste Mère : Femme, voilà votre fils ; et celles-ci , qui lui étaient adressées à lui-même : Voilà votre mère.
Saint Jean reçut de Jésus un grand nombre d’autres grâces intérieures et extérieures, dont on ne peut donner ici le détail. Dans la persécution de Domitien, Saint Jean fut conduit à Rome et plongé dans l’huile bouillante auprès de la Porte Latine ; mais Dieu lui conserva la vie miraculeusement. Saint Jean fut envoyé en exil dans l’île de Pathmos, pour y travailler aux mines et aux carrières. Ce fut dans le lieu de son exil qu’il eut les révélations qu’il a décrites dans l’Apocalypse. Domitien fut assassiné l’année suivante, qui était la quatre-vingt-seizième de Jésus-Christ ; et Saint Jean, délivré de son exil, retourna à Éphèse. Quoique très âgé, il visita constamment les églises pour y ordonner des évêques. Ce fut dans ce temps-là qu’il ordonna Saint Polycarpe pour la ville de Smyrne.
Rentré à Éphèse en 97, l’année même du martyre de Saint Timothée, qui en avait été l’évêque, Saint Jean gouverna cette église jusqu’au règne de Trajan. Son zèle pour le salut des Juifs et pour la conversion des idolâtres lui faisait supporter toutes les fatigues des longs voyages, affronter les dangers, souffrir nuit et jour et manquer souvent de tout pour sauver les pécheurs ; témoin ce jeune homme qu’il avait bien recommandé à un évêque d’Asie, et qui, après s’être lié à des voleurs et à des assassins, devint si scélérat lui-même, qu’ils en firent leur chef. Le saint Apôtre, en visitant les églises d’Asie, arriva à celle de l’évêque à qui il avait confié son jeune prosélyte ; et lui en ayant demandé des nouvelles, le prélat lui dit en pleurant : « il est mort à Dieu, et s’est fait voleur sur une de nos montagnes, où il vit avec des hommes aussi méchants que lui. » A ce discours, le saint apôtre déchira ses habits ; puis, poussant un profond soupir, il dit avec larmes « Oh ! quel gardien j’ai choisi pour veiller sur l’âme de mon frères ! » Il demanda un cheval avec un guide, et se rendit à la montagne, Il fut arrêté par les sentinelles des voleurs, et demanda à être conduit à leur chef. Celui-ci, le voyant venir, prit ses armes ; mais ayant reconnu le saint apôtre, et pénétré de regret et de confusion, il se mit à fuir. Saint Jean, oubliant sa faiblesse et son grand âge, court après lui en criant : « Mon fils, pourquoi fuyez-vous ainsi votre père ? Ayez pitié de moi ; votre salut n’est point désespéré, vous pouvez encore vous repentir; je suis prêt à donner ma vie pour vous, comme Jésus-Christ a donné la sienne pour tous les hommes. Arrêtez, croyez-moi, je suis envoyé par Jésus-Christ. » A ces mots, le jeune homme s’arrêta, jeta ses armes, et pleura amèrement en embrassant l’apôtre, qui le consola, l’encouragea, le ramena à l’église, et ne le quitta qu’après l’avoir réconcilié avec les exercices de la pénitence et la participation des sacrements. Ce récit est tiré de Saint Clément d’Alexandrie, et peint toute la charité du saint évangéliste.
Saint Jean demeurait à Éphèse lorsqu’il écrivit son Évangile,après son retour de Pathmos. Il avait plus de quatre-vingt-dix ans ; cependant il s’était contenté jusqu’alors d’enseigner de vive voix ses disciples. Les évêques d’Asie et les fidèles de plusieurs églises le conjurèrent de leur laisser par écrit le dépôt de la foi ; vaincu par leurs instances, il ordonna un jeûne et des prières publiques pour implorer les lumières du Saint-Esprit, et, quand il connut la volonté de Dieu, il commença à écrire. Les autres évangélises avaient assez parlé de ce qui regarde l’humanité de Jésus-Christ : c’est ce a qui le porta à établir particulièrement sa divinité. Il s’appliqua ainsi à parler de la prédication de Jésus-Christ depuis son baptême jusqu’à la prison de Saint Jean-Baptiste. On a aussi trois lettres du même apôtre qui font voir que son cœur était entièrement embrasé du feu de la charité. Dans les derniers temps de sa vie, on était obligé de le porter à l’église. Comme la faiblesse où son grand âge et la fatigue l’avaient réduit l’empêchait de faire de longs discours, il répétait souvent ces mots : « Mes chers enfants aimez-vous les uns les autres. » Ses disciples, ennuyés de cette répétition, lui dirent : « Maître, vous nous dites toujours la même chose. » Il répondit : « C’est le commandement du Seigneur on l’exécute bien, il suffit. » Ce saint apôtre mourut à Éphèse âgé de quatre-vingt-quatorze ans, la centième année de l’ère chrétienne.
PRATIQUES
- Pour se conserver pur, il faut suivre Jésus-Christ par l’humilité et par La détachement des choses de la terre.
- L’éducation des jeunes gens demande une vigilance et une attention continuelles. Que de parents et de maîtres seront condamnés au dernier jour pour n’avoir pas rempli ce devoir sacré avec tout le soin qu’ils devaient y apporter.
PRIÈRE
Seigneur, vous êtes amour , et vous nous avez appris que nous ne serons vos disciples qu’autant que nous aurons d’amour pour vous et pour nos frères. Nous n’aimons que nous-mêmes : faites-nous la grâce que nous nous haïssions pour n’aimer que ce que vous nous commandez.