Ils coupèrent des branches de palmier et allèrent au devant de Jésus en criant : Hosanna !
La matinée de ce jour revêt une physionomie toute particulière. Comme au Jour où le Sauveur du monde fit son entrée triomphante à Jérusalem, le pavé de nos rues et de nos églises est jonché de feuillages verdoyants ; les autels en font leur unique parure. Chaque fidèle tient à la main sa petite branche de buis aux feuilles luisantes, les enfants les ornent de rubans, de fleurs et de fruits.
En Provence, l’olivier, le myrthe et le laurier s’unissent ensemble. Dans le Jura, c’est le hêtre. En Espagne et en Italie, c’est la palme. Aussi le peuple a consacré cette fête sous le nom gracieux et pittoresque de Pâques-fleuries. Ces rameaux sont présentés à la bénédiction du prêtre qui les encense et les asperge d’eau bénite et dit à haute voix; « Ô Dieu qui avez envoyé dans ce monde N. S. Jésus-Christ pour le salut des hommes, et qui avez inspiré à une troupe de fidèles la dévotion d’étendre ses vêtements, et de jeter des branches de palmier dans le chemin où il passait lorsqu’il entra à Jérusalem ; faites-nous, s’il vous plaît, la grâce de préparer la voie de la foi. Bénissez ces branches de palme et d’olivier que vos fidèles portent en l’honneur de voire nom, afin que ceux qui les conservent reçoivent votre bénédiction et que votre main protège et délivre de tous maux ceux qui ont été rachetés par N. S. Jésus-Christ. »
Cette cérémonie terminée, le clergé et le peuple, portant les rameaux bénits, vont processionnellement à la croix plantée au milieu du cimetière ; là chacun détache une petite branche de son rameau, et la dépose pieusement sur la tombe d’un parent, d’un ami.
Enfin, de retour au logis, le rameau sacré est fixé au chevet du lit entre le Christ et la bonne Vierge.
« Des idées que je me garderai bien de nommer superstitieuses, dit un pieux auteur, sont attachées en divers pays à la garde de ces rameaux. En Bretagne, la mère qui ne verrait plus la branche bénite à la couche de sa fille tremblerait pour elle. Quand un enfant vient de naître, on prend quelques feuilles de rameaux pour les attacher au berceau du nouveau-né. Et quand nos derniers instants sont arrivés, quand nous serons couchés sur le lit d’où ne nous lèverons plus, le rameau qui a veillé sur nos nuits tranquilles, sera ôté de la muraille ou du rideau ; la sœur de charité qui soignera nos souffrances, et qui pensera au salut de notre âme, le mettra dans l’eau bénite pour asperger de temps en temps notre couche et nous-mêmes. »
La procession des rameaux se faisait autrefois à Notre-Dame de Paris avec un rite et des usages particuliers. L’archevêque, accompagné de son chapitre, se rendait en procession à la porte de la prison du Petit-Châtelet ; et là, on chantait le Gloria laus, l’archevêque frappait la porte avec la hampe de la croix, en récitant l’antienne Attollite portas. Les portes étant ouvertes, il délivrait un prisonnier qui sortait avec lui, et portait sa queue jusqu’à Notre-Dame, en témoignage d’actions de grâces.
Le moment de la procession des Rameaux fut longtemps dans l’imagination du peuple, un moment rempli de mystères. Quand le prêtre frappe du pied de la croix la porte de l’église, les bêtes se mettent à parler, les idiots recouvrent la raison, et les cavernes qui recèlent des trésors s’entrouvrent un instant, et laissent apercevoir ces richesses ignorées.
Abbé V. G. Berthoumieu (1873)
Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! »