Hérode-Agrippa faisait la guerre aux chrétiens. Pendant les fêtes de Pâques de l’an 42, il incarcéra leur premier chef, saint Pierre, et le remit à seize soldats, qui se relayaient deux à deux pour le garder.
Son dessein était de le livrer aux Juifs après les fêtes. « Or, » dit l’écrivain sacré, « la prière de l’Église montait sans interruption au trône de Dieu pour la délivrance de l’apôtre. La nuit qui devait précéder sa comparution au tribunal d’Hérode, Pierre était endormi entre les soldats de garde,attaché à chacun d’eux par une chaîne, et les sentinelles juives veillaient à la porte de la prison. Soudain l’ange du Seigneur lui apparut, et une lumière céleste inonda la cellule. L’ange, étendant la main, toucha Pierre à l’épaule, et le réveilla en disant : Lève-toi ! — A l’instant les chaînes se détachèrent des mains du captif. Ceins-toi les reins et boucle tes sandales, dit l’ange. — Pierre obéit, et l’ange ajouta : Mets ton manteau et suis-moi. — Pierre sortit en suivant son guide ; il ne savait point encore que tout ce qui se faisait par l’intervention de l’ange fût véritable, et il se croyait dans l’illusion d’un songe. Or, ils traversèrent librement le premier et le second poste des sentinelles, et vinrent à la porte de fer qui donne accès dans la ville. La porte s’ouvrit d’elle-même sous leurs pas. Continuant à marcher, ils s’engagèrent dans une rue à l’intérieur, et en ce moment l’ange disparut. Reprenant alors ses esprits, Pierre s’écria : Je comprends maintenant la réalité. Le Seigneur a véritablement envoyé son ange pour m’arracher aux mains d’Hérode et à l’attente universelle du peuple juif ! — Songeant alors au chemin qu’il devait prendre, il se dirigea vers la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc. Un grand nombre de fidèles y étaient rassemblés et priaient. Pierre frappa à la porte, une jeune fille nommée Rhodia vint, pour savoir qui heurtait ainsi. Elle reconnut la voix de Pierre et, dans le transport de sa joie, oubliant d’ouvrir la porte, elle courut annoncer aux frères que Pierre était dehors. — Avez-vous perdu l’esprit ? lui dirent-ils. — Mais elle protesta qu’elle ne se trompait point. Alors c’est son ange, reprirent-ils. — Cependant Pierre continuait de frapper ; ils vinrent lui ouvrir, et, à sa vue, ils demeurèrent tous dans la stupeur. Pierre éleva les mains, leur faisant signe de garder le silence ; il leur raconta comment le Seigneur l’avait tiré de la prison et ajouta : Allez porter cette nouvelle à Jacques (le Mineur) et à tous les frères. Ayant ainsi parlé, il sortit de la maison et se retira dans un autre lieu. Or, le jour venu, l’anxiété des soldats, d’où Pierre avait disparu, fut extrême. Hérode le fit chercher partout sans le découvrir (Actes des Apôtres, XII, 3-19). »
Les chaînes de l’apôtre restées dans le cachot furent recueillies par le gardien, qu’il avait eu le temps de convertir. L église de Jérusalem conserva comme un précieux trésor ce gage des souffrances de son père, et l’environna toujours d’un respect filial. En 436, l’impératrice Eudoxie, femme de Théodose le Jeune, les reçut de Juvénal, évêque de Jérusalem. Elle en retint une qui fut déposée dans la superbe basilique construite pour la recevoir ; elle envoya l’autre à Rome, à sa fille Eudoxie, femme de l’empereur Valentinien. Cependant l’église de Rome conservait déjà la chaîne que saint Pierre avait portée sous Néron, et qu’avait recueillie sainte Balbine, fille de saint Quirinus, tribun militaire et gardien de la prison. Le pape ayant rapproché les deux chaînes, elles se joignirent miraculeusement l’une à l’autre pour n’en former qu’une seule. En mémoire de ce prodige, saint Léon, de concert avec l’impératrice, édifia la basilique de Saint-Pierre-aux-Liens. La sainte relique y fut déposée ; elle y est encore, après avoir reçu les hommages de toutes les générations qui se sont succédé depuis le Ve siècle.
RÉFLEXION PRATIQUE
« C’est son ange ! » Quelle vénération, quel respect vraiment surnaturels des chrétiens pour le Vicaire de Jésus-Christ ! Et aussi quelle foi dans ce monde des esprits invisibles qui nous environnent et nous gardent ! Respectons la présence de notre ange gardien, et prions-le chaque jour de nous protéger.