Pâques

Pâques

O filii et filiæ,
Rex celestis, rex gloriæ,
Morte surexil hodie,
Alleluia !
HYMNE DE L’ÉGLISE

Autant les fêtes de Notre Seigneur surpassent en dignité les fêtes des saints, autant la fête de Pâques l’emporte sur les autres solennités.

C’est le moment où la nature reprend une nouvelle vie ; la pâquerette étale les rayons de sa corolle au dessus du gazon de nos prairies ; un parfum de printemps envahit les campagnes et les villes, les églises et les maisons.

En ce jour la foule des chrétiens indifférents se ferait un crime de ne pas venir plier le genou devant Dieu.

Pâques était autrefois une date de paix et de pardon ; le bien mal acquis était rendu, les injures pardonnées et oubliées. Dans les premiers siècles, les fidèles en entrant dans l’église, s’embrassaient en disant: « Surrexit Dominus verè, alleluia ! le Seigneur est ressuscité. »

Le mystère de la Résurrection a été durant le moyen-âge l’objet de représentations figurées dans les églises, qui se sont introduites dans les rites, et ont laissé une trace ineffaçable dans la prose qui se chante à la messe de ce jour.

Un enfant, en habits d’ange, placé au coin de l’autel, chantait : Qui cherchez-vous dans le sépulcre ?
Les trois Maries : Jésus de Nazareth.
L’ange : Il n’y est plus, il est ressuscité comme il l’avait prédit. Allez, annoncez qu’il est ressuscité.
Les trois Maries, se tournent vers le chœur.
Madeleine : L’agneau a racheté ses brebis.
Marie Jacob : Le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec Dieu le Père.
Marie Salomé : La vie et la mort se sont livrées un duel admirable.
Deux chanoines : Dis-nous, Marie, ce que tu as vu dans ton chemin ?
Madeleine : J’ai vu le sépulcre et la gloire du Christ vivant et ressuscité.
Marie Salomé : Les anges portaient témoignage, ainsi que le suaire et les vêtements.
Marie Jacob : Le Christ notre espoir est ressuscité ; il précède les siens en Galilée.
Le chœur : Nous savons que le Christ est ressuscité d’entre morts. Ô Roi vainqueur! aie pitié de nous!

Ainsi le peuple qui se plaît tant dans les fictions dramatiques, ne trouva longtemps la satisfaction de ce besoin innocent que dans les cérémonies et les pompes religieuses. Par ce moyen les faits évangéliques se gravaient dans la mémoire des fidèles comme s’ils en avaient été les témoins.

Pour solenniser une fête comme celle de Pâques, ce n’était point assez d’un jour.

Aussi le lundi et le mardi qui suivent ont toujours été des jours chômés. Chacun s’y livre à une joie toute cordiale, et de même que la fête des Rois a son gâteau ; la Saint-Jean ses feux de joie ; Pâques a ses œufs teints de diverses couleurs. On se les donne, on les joue, on les met sur les tables les plus frugales comme sur les mieux servies ; c’est la fête des œufs.

L’origine de la coutume des œufs de Pâques se rattache à l’établissement du Carême. L’Eglise ayant interdit l’usage des œufs, pendant ce temps de pénitence, ils devenaient à Pâques un objet de curiosité ; les premiers que l’on mangeait étaient portés à l’église pour recevoir la bénédiction du prêtre.

C’est ainsi que le peuple, dans sa foi toute simple, faisait intervenir la religion jusque dans ses actions les plus ordinaires.

Abbé V. G. Berthoumieu (1873)

Resurréxit, sicut dixit, allelúia !

Après avoir immolé un agneau et mangé du pain azyme, les Hébreux sortirent d’Égypte et se dirigèrent vers la terre de Canaan. Et chaque année, sur l’ordre de Dieu, ils célébrèrent l’anniversaire de cette pâque ou passage de la terre d’exil dans la terre promise.

À cette même époque Jésus passa de ce monde à son Père. Mort sur la croix, (Vendredi Saint) et enseveli (Samedi Saint) il ressuscita et son humanité participa à la gloire de Dieu. (Dimanche de la Résurrection). C’est la fête de Pâques qui se substitua à celle des Juifs.

Chaque année, les Apôtres célébrèrent ce triduum pascal aux jours anniversaires de la mort et de la résurrection de Notre-Seigneur, en accomplissant à Pâques l’ordre du Maître qui leur avait dit, lorsqu’il institua l’Eucharistie à la veille de sa mort : « Faites ceci en mémoire de moi ». Et comme c’était à cette époque, comme le prescrivait l’Église, que les catéchumènes étaient baptisés et faisaient leur première communion, la fête de Pâques, avec sa communion pascale, fut pour tous les chrétiens leur passage, à la suite de Jésus, de la captivité du péché à la vie de la grâce.

Mais bientôt l’Église célébra « la fraction du pain » chaque Dimanche et enfin chaque jour, de sorte que la messe est le mystère pascal quotidiennement célébré. Et comme 350.000 prêtres offrent (ce qui représente 3 à 4 consécrations par seconde) le Saint Sacrifice dans le monde entier, chaque jour et à chaque instant de la journée tous les fidèles, qui s’y associent par leur foi et leur amour, peuvent passer toujours davantage, à la suite de Jésus, d’une vie moins parfaite à une vie plus parfaite. C’est le but de la messe où l’on mange, sous les espèces du pain azyme, le véritable Agneau de Dieu, dont celui des Hébreux n’était que la figure et où son sang, versé sur la croix, préserve nos âmes des coups de la justice divine.

La sainte Messe est donc le grand sacrifice de propitiation qui apaise Dieu et qui sauve quotidiennement le monde en lui appliquant les mérites surabondants du Calvaire. Unis à la Victime eucharistique, les chrétiens s’offrent à la Très Sainte Trinité, qui donne à Dieu une gloire infinie, et en reçoivent toutes les grâces dont ils ont besoin. Il importe donc que vous, qui nous lisez, vous assistiez chaque jour, si possible, au saint Sacrifice de la Messe.

Comme le jour de Noël, c’est à Sainte-Marie-Majeure que se faisait la Station en cette fête, la plus grande de toute l’année.
L’Église ne sépare jamais Jésus de Marie, et elle glorifie aujourd’hui dans un même triomphe le Fils et sa Mère. Le Christ ressuscité adresse avant tout à son Père l’hommage de sa reconnaissance. L’Église à son tour remercie Dieu de nous avoir rouvert, par la victoire de son Fils, la voie du ciel et le prie de nous seconder afin que nous puissions atteindre à ce bien suprême. Il faut pour cela, dit S. Paul, que comme les Juifs mangeaient l’Agneau pascal avec du pain non fermenté, nous aussi nous mangions l’Agneau de Dieu avec les azymes (1) d’une vie pure et sainte, c’est-à-dire exempte du ferment du péché. L’Évangile et l’Offertoire nous montrent l’arrivée des Saintes Femmes qui veulent embaumer le Christ.
Elles trouvent un tombeau vide, mais un ange leur annonce le grand Mystère de la Résurrection. Célébrons dans la joie ce jour où Jésus nous a rendu la vie en ressuscitant (Préf. de Pâques) ; affirmons avec l’Église que « le Seigneur est vraiment ressuscité » et, comme Lui, opérons notre Pâque ou passage en vivant d’une manière qui prouve que nous sommes ressuscités avec lui.
(1) On appelle les azymes du pain sans levain

Lecture de l’Épître du B. Ap. Paul aux Corinthiens

Mes frères, purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, comme vous êtes des pains sans levain. Car le Christ, notre pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.

✝️ Suite du S. Évangile selon S. Marc

En ce temps-là, Marie-Madeleine, et Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des parfums pour venir embaumer Jésus. Et de grand matin, le premier jour après le sabbat, elles vinrent au sépulcre, le soleil étant déjà levé. Et elles disaient entre elles : Qui nous retirera la pierre de devant l’entrée du sépulcre ? Et en regardant, elles virent que cette pierre, qui était fort grande avait été roulée de côté.
Et entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche, et elles furent effrayées. Il leur dit : Ne vous effrayez pas ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples, et à Pierre, qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.

Je crois en Dieu , le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre : et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur ; qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ; a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ; est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ; est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant ; d’où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois au Saint-Esprit ; la sainte Église catholique, la communion des saints ; la rémission des péchés ; la résurrection de la chair ; la vie éternelle.
Ainsi soit-il.

Le Dimanche est le jour de la création de la lumière, et parmi tous les Dimanches le plus illustre est celui de la solennité de Pâques parce qu’en ce jour Dieu ressuscita son Fils et éclaira le monde des rayons de ce soleil de Justice. Le jour de Pâques est donc le jour que le Seigneur a fait.

Mais l’ange prit la parole et dit aux femmes : « Quant à vous, n’ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, celui qui a été crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où le Seigneur était couché.»
Matthieu 28:5-6
Panier

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