On connaît la valeur d’un objet à sa nature. « Qu’est-ce qu’une âme », une âme en état de grâce surtout ?

C’est un esprit infiniment plus précieux que toutes les créatures privées de raison, car pour elle « ont été créés le ciel, la terre et tout ce qu’ils renferment. »

C’est un esprit immortel « comme Dieu » : toutes les créatures matérielles se dissoudront en poussière, l’âme leur survivra.

C’est « un esprit capable de connaître les beautés et toutes les perfections de Dieu » : les êtres sans raison, si ravissants qu’ils soient, ne peuvent s’élever jusqu’à celui qui les a faits.

C’est un esprit libre : l’âme est maîtresse de ses actions «  elle peut donner son amour à qui bon lui semble », et si elle le donne à Dieu, il exauce tous ses désirs.

C’est un abîme dont rien de créé ne peut combler les profondeurs. « Présentez-lui toutes les richesses et tous les trésors du monde, rien de cela ne la contentera. Dieu l’a faite pour lui, il n’y a que lui qui soit capable de remplir ses vastes désirs. En lui, elle a tous les biens et les plaisirs qu’elle peut souhaiter sur la terre et dans le ciel. »

C’est un « esprit que Dieu a créé à son image et ressemblance, afin de se sentir plus porté à l’aimer et qu’en la contemplant il se contemplât lui-même. Aussi lui donne-t-il les noms les plus tendres : il l’appelle son enfant, sa sœur, sa bien-aimée, son épouse, son unique, sa colombe ».

« L’occupation de l’âme ici-bas est la même que celle des anges dans le Ciel : servir et glorifier Dieu dans chacune de ses actions. » Une âme en état de grâce « est l’objet des complaisances des trois Personnes divines ». Elle sera un jour « lumineuse du bonheur de Dieu même », elle le verra face à face et « chantera ses louanges pendant des siècles sans fin ».

« Notre âme est si noble » et si grande « que le bon Dieu n’a voulu la confier qu’à un prince de sa cour céleste ».

« Elle est si précieuse que, dans toute sa sagesse, le Fils de Dieu n’a point trouvé de nourriture qui fût digne d’elle que son corps adorable », point de breuvage qui lui convînt que son sang.

« Dieu l’estime tant, que, eût-elle été seule au monde, Jésus-Christ serait mort pour elle et aurait créé exprès pour elle son paradis. » « Vous m’êtes si agréable, dit un jour Notre-Seigneur à sainte Thérèse, que, quand il n’y aurait point de Ciel, j’en créerais un pour vous seule. »

« Ô mon corps, s’écrie saint Bernard, que vous êtes heureux de loger une âme ornée de si belles qualités ! »

Tel est le prix de l’âme, que « Dieu a pleuré sa perte avant même d’avoir des yeux » et de s’être fait homme : «  il a emprunté pour cela les yeux des prophètes ». Voyez : « Amos, fait retentir les rues et les places publiques de ses gémissements », et appelle les pécheurs à la pénitence. Jérémie se coupe les cheveux, il les jette loin de lui en signe de deuil et pousse vers le ciel des cris éplorés, parce que Dieu a abandonné son peuple prévaricateur (Jerem., VII, 29). Joël pleure la désolation de Jérusalem comme un jeune homme la mort de son épouse (Joël, I, 8. ). Ces prophètes – et tous ont été de même – ont pleuré au nom de Dieu les péchés de leur peuple et les âmes qui se perdaient. Ne les imiterons-nous pas ? « On pleure la perte d’un procès, la mort d’un enfant, la privation d’un plaisir. » Qu’est-ce que cela en comparaison de la perte de son âme ?

Si vous sentiez, après votre péché, « l’étendue de votre malheur », vous seriez inconsolable. « Larmes précieuses, dit saint Bernard, mais que vous êtes rares ! »

Oh ! mettons « tous nos soins à conserver la beauté de notre âme » ; faisons comme « les saints qui ont tant souffert » pour se sauver.

Extrait du livre : Ma retraite avec le Saint Curé d’Ars, par Mgr Convert. Imprimatur Août 1932

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