I° Pour vivre en état de grâce.
Ce n’est que par la prière que les justes ont le bonheur de persévérer. La prière est à notre âme ce que la pluie est à la terre.

Fumez une terre tant que vous voudrez ; si la pluie manque, tout ce que vous ferez ne servira de rien. De même, faites des bonnes œuvres tant que vous voudrez : si vous ne priez pas souvent et comme il faut, jamais vous ne serez sauvés, parce que la prière ouvre les yeux de l’âme, nous fait connaître nos devoirs, sentir la grandeur de notre misère, comprendre combien la vie et les biens de ce monde sont peu de chose ; elle nous inspire la confiance en Dieu et la défiance de notre faiblesse ; elle nous communique la force de résister aux tentations, de supporter nos peines, nous rend capables même du martyre ; elle nous enrichit pour le ciel et nous assure la vie éternelle. Oui, c’est par la prière que tous les justes persévèrent.

Qui a porté tous ces saints à faire de si grands sacrifices que d’abandonner leurs biens, leurs parents, toutes leurs commodités, pour aller passer le reste de leur vie dans les cavernes, dans la solitude, dans les monastères et d’y pleurer leurs péchés ? C’est la prière, qui enflammait leur cœur de la pensée de Dieu, du désir de lui plaire et de vivre uniquement pour lui. Voyez les Quarante Martyrs : Ils demandent à Dieu que tous les quarante aient le bonheur de persévérer. Voyez Madeleine : quelle est son occupation après sa conversion ? N’est-ce pas la prière ? Voyez saint Louis, roi de France, qui, pendant ses voyages, au lieu de passer la nuit dans son lit, la passait dans les églises pour y prier, en demandant le don précieux de la persévérance.

Mais, sans aller si loin, ne voyons-nous pas nous-mêmes, que dès que nous négligeons nos prières, nous perdons de suite le goût des choses de Dieu, nous ne pensons plus qu’à la terre ; et si nous reprenons la prière, nous sentons renaître en nous la pensée et le désir des choses du ciel. Oui, si nous avons le bonheur d’être dans la grâce de Dieu, ou nous aurons recours à la prière, ou nous sommes sûrs de ne pas persévérer longtemps dans le chemin du ciel.

II° Pour sortir du péché.
A moins d’un miracle extraordinaire, les pécheurs ne doivent leur conversion qu’à la prière.

Voyez sainte Monique, ce qu’elle fait pour obtenir la conversion de son fils : pendant dix-sept ans, elle ne cesse de prier, de pleurer, de faire des aumônes et de jeûner, elle implore aussi auprès des personnes qui sont sages, le secours de leurs prières.

Voyez saint Augustin lui-même, lorsqu’il voulut sérieusement se convertir ; voyez-le, avec Simplicien, s’écrier dans une sorte de transport : « Ô mon Dieu, venez à mon aide ! Agissez, Seigneur, faites ! réveillez-moi, rappelez-moi, soyez flamme et douceur. » Il avait retrouvé la foi, mais il se sentait incapable de secouer ses chaînes. Voyez-le couché à terre sous un figuier, ne pouvant retenir ses pleurs : « Jusqu’à quand, Seigneur, serez-vous irrité ? Ne gardez pas le souvenir de mes iniquités passées. » Et il s’efforçait par la prière de toucher le cœur de Dieu et de changer le sien.

C’est que la prière nous fait connaître le misérable état de notre âme après le péché, elle attire sur nous le regard de la miséricorde de Dieu, elle nous fait désirer la pénitence et nous la fait pratiquer avec plaisir, elle nous fait sentir et comprendre combien le péché outrage le bon Dieu, elle met dans nos âmes les dispositions nécessaires pour recevoir les sacrements et nous fortifie contre nos mauvais penchants, elle imprime vivement dans nos cœurs la crainte salutaire de la mort, du jugement, de l’enfer et de la perte du ciel. Ah ! si nous avions le bonheur de prier comme il faut, que nous serions vite de saints pénitents ! Ne nous étonnons pas de ce que le démon fait tout ce qu’il peut pour nous faire manquer nos prières et nous les faire faire mal ; il comprend bien mieux que nous combien la prière est redoutable à l’enfer, et qu’il est impossible que le bon Dieu nous refuse ce que nous lui demandons par la prière. Que de pécheurs, encore une fois, sortiraient du péché s’ils avaient le bonheur de recourir à la prière ! Tous les damnés se sont damnés parce qu’ils n’ont pas prié ou qu’ils ont mal prié.

De là je conclus que sans la prière nous ne pouvons que nous perdre pour l’éternité, et qu’avec la prière bien faite nous sommes sûrs de nous sauver.

Extrait du livre : Ma retraite avec le Saint Curé d’Ars, par Mgr Convert. Imprimatur Août 1932

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