Césars de la vieille Rome,
voilà que les cendres de vos victimes sont vénérées par les princes de la terre et par toutes les nations.
Hymne de l’Eglise

La vie de saint Pierre, l’apôtre privilégié entre tous, le vicaire de Jésus-Christ, le chef visible de l’Église, mériterait d’être écrite avec des développements dignes de son importance. Mais il est vrai qu’elle est presque tout entière racontée dans les Livres saints avec une puissance et une onction auxquelles n’atteindra jamais plume humaine; et ces Livres sont familiers à toute âme sérieusement chrétienne. Il suffira donc d’en rappeler les faits principaux, en complétant ce bref récit par quelques détails que nous a transmis la tradition.

Simon, que le Sauveur surnomma Kepha, c’est à-dire Pierre, était fils d’un pêcheur, qui s’appelait Jona ou Jean. Sa mère aurait été nommée Johanna. Il naquit vers 746 ou 747 de Rome, deux ou trois ans avant le Sauveur, dans la petite ville de Bethsaïde, au territoire de Nephtali ; elle était située au nord du lac de Génésareth, non loin et au-dessus de Capharnaüm. C’est là que Simon grandit avec son frère André, dont il n’est pas sûr qu’il fût l’aîné ; c’est là que, fréquentant l’école municipale, il acquit la connaissance des Livres saints qu’attestèrent plus tard ses épîtres. Il apprit aussi par l’usage, outre l’araméen, langue usuelle du nord de la Palestine, le grec hellénistique, que parlait la population très mélangée des bords du lac. Mais, loin d’être un savant, il exerçait la pénible profession de pêcheur avec son père et son frère : ils possédaient une barque et, par elle, une certaine aisance ; car le métier était lucratif. A l’âge légal, il se maria avec une jeune fille de Capharnaüm ; la tradition dit qu’il en eut deux fils et une fille.

Vers l’an 780, Simon était un vrai Galiléen : franc, ouvert, de cœur noble et délicat, ardent et enthousiaste, impétueux et brusque, timide pourtant et, avec cela, présomptueux et obstiné à certains jours. Les plus anciens monuments le montrent portant la barbe, les cheveux courts et frisés, le visage rond et respirant l’intelligence et la bonté.

A ce moment il s’était, comme son frère, attaché à Jean le Baptiste, et semble avoir été un de ses disciples préférés. Mais c’est l’heure aussi où Jésus de Nazareth apparaît. Il vient à Bethabara, sur la rive orientale du Jourdain, à 7 kilomètres de son embouchure. Là Jean baptise ; un jour il voit Jésus sur les bords du fleuve ; il le désigne à Jean et à André : Voici l’Agneau de Dieu ! Et les deux jeunes hommes suivent le Maître, sont conquis par lui. Le lendemain André lui amène Simon, et Jésus, le regardant, lui dit : Tu es Simon, fils de Jona : tu seras appelé Kepha (ce qui signifie Pierre).

Dès lors Pierre appartient à Jésus. Certes ses défauts ne sont pas du premier coup corrigés : ils feront souffrir son Maître tant aimé et mériteront des avertissements, durs parfois. Mais sa fidélité sera sans retour, son amour sans partage, sa confiance sans hésitation ; et c’est pourquoi sa foi sera, plus que celle d’aucun autre, illuminée par l’inspiration divine.

Néanmoins, après être resté avec Jésus pendant quelques semaines, l’avoir accompagné à Cana, à Jérusalem, Pierre est revenu à ses filets, lorsque, vers le mois de janvier 781, le Rabbi divin passe sur les bords du lac ; il y trouve les deux frères, emprunte leur barque pour prêcher le peuple qui se presse sur le rivage, et puis, ayant récompensé ce service par une pêche miraculeuse, arrache Simon et André à leur père. Dorénavant ils ne le quitteront plus. Quelques mois plus tard, sur le Kouroun Hattin, où il a passé la nuit en prière, Jésus proclame les apôtres qu’il choisit parmi ses disciples : Simon-Pierre est le premier nommé et déjà s’affirme sa prééminence. Partout il est de la suite immédiate du Maître : chez Jaïre, au Thabor, au jardin des Olives. Nul n’est aussi attentif à l’enseignement ; il veut le pénétrer, il interroge pour en avoir une plus parfaite intelligence, il s’y attache comme aux paroles de vie, dont Jésus est le seul dispensateur. Il semble ne vouloir jamais laisser même son Maître s’éloigner ; quand Jésus s’absente, Pierre se met à sa recherche ; pour le rejoindre, il ose même marcher sur les eaux du lac. Son amour, qui se rend bien compte des sacrifices qu’il fait à la vocation divine, n’admet pour son divin objet ni les souffrances ni les humiliations ; il tâche de le détourner de les accepter ; au jardin, il met l’épée à la main pour l’en délivrer. Et sa tendre audace lui attire même les reproches les plus véhéments qu’ait exprimés la douceur ineffable de Jésus.

Pourtant, à l’heure prédite, son courage, mais non pas sa foi, est en défaut. Malgré ses protestations répétées d’un dévouement qui irait jusqu’à la mort, il suffit de la voix moqueuse d’une servante, d’une méfiante question d’un valet pour que trois fois avec éclat il renie son Maître. Mais quelle pénitence quand le regard attristé de Jésus l’avertit de sa faute ! Suivant la tradition, il l’a pleurée toute sa vie, se relevant, pour la détester, chaque nuit au chant du coq, et ses larmes finiront par creuser son visage de deux profonds sillons.

Aussi Jésus, qui connaît le fond de son cœur, lui pardonne aisément et l’en assure au premier jour même de sa résurrection. Au pied de l’Hermon, au delà de Césarée de Philippe, il y a deux ans, il avait provoqué la magnifique et résolue profession de foi de son apôtre en sa divinité ; il l’avait récompensée par la promesse de faire de lui le fondement de son Église et de lui confier les clés du ciel. Plus tard, au Cénacle, il avait donné à l’infaillibilité de cette foi la garantie de sa toute-puissante prière. Aujourd’hui, peut-être avant tous les autres, il l’admet à contempler son corps glorieux ; et demain, sur le rivage de Tibériade, en preuve de l’amour pleinement reconquis par une pénitence si sincère, il remettra solennellement son troupeau entier, agneaux et brebis, aux mains de Pierre, constitué son vicaire terrestre.

Et puis il remonte au ciel, ayant ainsi pourvu à l’autorité suprême et à l’infaillible vérité dont vivra l’Église. Dès ce départ, Pierre prend en main, avec fermeté, sans conteste, le gouvernement : c’est lui qui préside au Cénacle, lui qui prend la parole devant le peuple accouru au bruit du vent impétueux de la Pentecôte, lui qui baptise les premiers convertis, qui fait le premier miracle, la guérison du boiteux de la Belle Porte du Temple. C’est lui encore qui répond au sanhédrin irrité, menaçant, par une protestation, énergique autant que tranquille, de la divinité du Christ et oppose à la défense de prêcher son nom le non possumus qu’après lui répéteront tous les martyrs et tous les apôtres de l’Évangile.

Mais dès la fin de l’an 32 la persécution s’avive ; les chrétiens se dispersent et vont porter la foi hors de Jérusalem. C’est à Samarie qu’elle germe d’abord ; et c’est Pierre encore qui va conférer aux nouveaux baptisés le sacrement où ils reçoivent l’Esprit-Saint. Est-ce à ce moment, — c’est bien probable, — qu’il se rendit à Antioche et y fonda la première Église, distincte de l’Église de Jérusalem ? Le fait, — sinon la date, — est établi par la tradition et le culte liturgique, preuve de la foi universelle. Un an après, la paix, — provisoire du moins, — s’est faite. Alors Pierre entreprend la visite des communautés chrétiennes établies en Palestine : Lydda, Joppé, le voient successivement ; et dans cette dernière ville il a la vision célèbre d’où il conclut à la volonté divine d’ouvrir aux Gentils les rangs des fidèles. Le centurion Cornélius, à Césarée de Palestine, est le premier bénéficiaire de cette grâce dont nous participons tous.

Et puis, Hérode-Agrippa Ier rouvre l’ère des persécutions. Il met à mort Jacques et emprisonne Pierre. Mais celui-ci, miraculeusement délivré par un ange, s’éloigne ; il porte dans un autre lieu la semence de la foi : cet autre lieu, d’un avis général aujourd’hui, c’est Rome. Le premier pape y fait son entrée sans doute en 42, inaugurant la plus longue dynastie de l’univers et la plus féconde, — dirons-nous la seule féconde ? — en véritables bienfaits. Chassé peut-être par redit de Claude contre les Juifs en 51, il est ramené, grâce à cet exil providentiel, en Palestine, à Jérusalem, au moment où il était nécessaire de protéger les convertis des nations, les Gentils baptisés, contre les prétentions des chrétiens judaïsants qui voulaient les assujettir aux prescriptions légales : il se prononce pour eux ; à sa suite les apôtres consacrent leur liberté. Il est vrai, peu de temps après, Pierre adopta une conduite contraire. Il était à Antioche, où se trouvait aussi saint Paul. Cédant à l’influence de certains fidèles d’origine juive, il cessa de s’asseoir à la table des chrétiens incirconcis où l’on servait des viandes interdites par la loi de Moïse. Il semblait les condamner ainsi. Paul, — il le raconte lui-même aux Galates, — lui fit alors de véhémentes observations : il défendait ses chers convertis et, du même coup, empêchait l’Église du Christ de se scinder comme en deux sortes de fraternités, où l’unité eût couru grand risque de sombrer. Pierre humblement comprit, admit les arguments de l’apôtre des Gentils et finalement lui donna gain de cause.

Après ce temps, nous n’avons plus aucun document assuré sur la vie de saint Pierre. Il revint sans aucun doute à Rome ; c’est de là qu’il écrivit à certaines églises d’Asie Mineure deux lettres dont l’importance dogmatique est encore dépassée par leur portée morale et pratique. On les rapporte aux années 63 et 66. Ainsi se trouverait fixée la date de sa mort, qu’on s’accorde à attribuer à la persécution néronienne. Une tradition constante, — qui fait foi et qu’appuie l’interprétation, adoptée communément, de la prophétie faite par Notre-Seigneur sur les bords du lac, — affirme qu’il fut mis en croix. Par une humilité digne de son grand cœur, il aurait demandé à être crucifié la tête en bas. Son supplice eut lieu sans doute sur le mont Vatican, dans le cirque de Néron, entre les deux bornes qui fixaient la course des chars. Des mains pieuses recueillirent le corps vénérable et l’enterrèrent sur le lieu même de son martyre : là s’éleva plus tard la basilique Constantinienne, remplacée aujourd’hui par la grandiose église de Saint-Pierre.

La sainte Église, a réuni dans son hommage saint Pierre et saint Paul. Mais elle s’est attachée surtout à célébrer le triomphe de son premier pasteur, du vicaire de Jésus-Christ. L’Apôtre des Gentils est un peu resté dans l’ombre ; la part qui lui fut faite dans l’Office était minime. Et c’est pourquoi, en revanche, il est fêté solennellement le 30 juin. Le peuple chrétien ne peut laisser planer le silence sur l’œuvre immense du prédicateur infatigable, du docteur sans égal, de l’intrépide martyr en qui nous vénérons le second fondateur de l’Église universelle.

C’est à Antioche de Syrie, en 45 probablement, que l‘Esprit-Saint ordonna aux fidèles réunis de séparer Paul et Barnabé pour l’œuvre à laquelle il les appelait c’est-à-dire l’évangélisation des païens. Mais avant cette date, l’ardent converti de Damas avait essayé ses forces en plus d’une rencontre. Damas même, Jérusalem, les contrées de Syrie et de Cilicie avaient entendu sa parole et mis sa vie en danger. De Tarse, sa patrie, où il s’était ensuite retiré, Barnabé l’avait amené à Antioche, dont la nouvelle église, — que Pierre, son fondateur probablement, lui avait confiée peut-être quand il la quitta, — lui semblait un fardeau trop lourd à ses épaules. Mais quand l’Esprit-Saint eut parlé, l’apôtre prit son essor. En trois voyages successifs, il évangélisa, il couvrit de jeunes communautés, fondées parmi les Gentils, toute l’Asie Mineure et la Grèce.

En 45, avec Barnabé et Jean Marc, il débarquait en Chypre, à Salamine ; traversant l’île, les missionnaires arrivaient à Paphos, où Paul confondait le mage Barjesu et convertissait le proconsul Sergius Paulus. Puis ils passèrent à Perge, capitale de la Pamphylie, à Antioche de Pisidie, où ils commencèrent à se heurter aux Juifs opiniâtres. Dès lors ils devaient les voir se dresser partout contre eux ; la haine, la calomnie les poursuivraient à Iconium, puis à Lystres, — où la populace d’abord, enthousiasmée par un miracle, les prit pour des dieux et voulut leur offrir un sacrifice, et le lendemain lapida Paul. A Derbe enfin ils purent prêcher en liberté. De là, revenant sur leurs pas, malgré les dangers toujours menaçants, ils réconfortèrent les fidèles qu’ils avaient faits, organisèrent les églises et leur donnèrent des chefs.

Quelques années plus tard, après avoir, en 51, à l’assemblée de Jérusalem, défendu et fait admettre les droits des païens convertis à ne pas se plier aux prescriptions légales des Juifs, Paul reprenait sa course, cette fois avec Silas. D’abord il retourna en Syrie, en Cilicie, pour visiter ses premières fondations. Puis l’Esprit-Saint le poussa en Phrygie, en Galatie, en Macédoine enfin par une vision demeurée célèbre : un Macédonien lui apparut, qui le suppliait, disant : Viens en notre pays et sauve-nous ! A ce moment Paul prenait possession de la terre grecque, où, il allait jeter à pleines mains une semence qui germerait pour le Christ en abondantes moissons. Philippes, Thessalonique, Bérée, Athènes, Corinthe furent les étapes qu’il parcourut, bien reçu d’abord, puis persécuté par les Juifs, qui réussirent, sinon à le faire mourir, du moins souvent à le chasser, ou à gêner grandement son œuvre. Malgré tant d’oppositions, l’Évangile s’implante cependant : il se développe et gagne rapidement du terrain. Paul, tranquille sur les résultats, peut retourner à Jérusalem, où l’attire l’accomplissement d’un vœu.

Bientôt il se met, pour la troisième fois, en route. On est en l’an 55. Selon son habitude de ne point fonder de nouvelles communautés avant d’avoir affermi les anciennes, il parcourt la Galatie, la Phrygie, et arrive à Éphèse. Là, malgré la jalouse hostilité des Juifs, toujours en éveil, avec l’aide de Dieu qui multiplie entre ses mains les miracles, il fait de nombreux disciples, établit fortement cette église ; il se proposait de passer en Europe et, devant lui, avait envoyé Êraste et Timothée. Une émeute soulevée à Éphèse par les orfèvres de Diane, inquiets de voir leur commerce de bijoux superstitieux compromis par les nombreuses conversions qu’il opérait, lui persuada de partir à son tour. Il visita la Macédoine, puis la Grèce. Enfin de Néapolis, le port de Philippes, gagnant Troade, il se dirigea vers Milet, où il fit aux Anciens ses derniers adieux ; par Cos, Rhodes et Tyr, par Ptolémaïs et Césarée, il arriva enfin à Jérusalem. Un prophète, Agab, avait annoncé que Paul y serait lié par les Juifs et livré aux païens. Mais une telle prophétie n’était pas pour arrêter l’apôtre : que désirait-il, sinon mourir pour son maître ?

Elle se réalisa en effet. Arrêté au milieu du peuple ameuté contre lui, accusé par le Sanhédrin, réclamé pour le supplice, Paul fut sauvé dé cette fureur par le tribun Lysias, qui le fit conduire à Césarée. Il y resta deux ans, dans une prison assez douce, tandis que le gouverneur Félix attendait qu’il achetât sa liberté à prix d’or. Mais le prisonnier du Christ s’en serait bien gardé. Et c’est pourquoi, Félix remplacé par Festus, il demanda, selon son droit de citoyen romain, et obtint d’être mené à Rome devant le tribunal de César lui-même. Ce César, c’était Néron.

A Rome il fut soumis à ce qu’on nommait la custodia militaris : Paul était consigné à la garde d’un soldat ; mais dans la maison qu’il habitait, — peut-être au Corso, au lieu où s’élève aujourd’hui l’église de Santa-Maria in via Lâta, — il pouvait recevoir des visiteurs; il pouvait même sortir dans la ville et allait où il voulait. Ainsi travaillait-il encore, et avec efficacité, à la conversion des âmes. Sa captivité, écrivait-il aux Philippiens, loin d’entraver la prédication de l’Évangile, aidait à sa diffusion. Telle fut sa vie de 61 à 63.

Ici s’arrête le récit des Actes des Apôtres. Et dès lors l’histoire de saint Paul se couvre d’obscurités. On sait pourtant qu’il fut mis en liberté, qu’il reprit ses courses apostoliques, en Espagne peut-être, certainement en Crète, à Éphèse, à Milet, à Corinthe ; il avait l’intention de passer l’hiver de 66 à Nicopolis, la capitale de l’Ëpire.

Si l’apôtre a contribué plus que tout autre à répandre la foi en Orient et en Occident, si, de son vivant, il a été le grand instrument de la régénération du monde païen, son influence, plus durable que sa vie, s’est prolongée, s’exerce encore, s’exercera toujours par les épîtres inspirées qui sont comme la somme de l’enseignement catholique. Prédicateur d’une incomparable puissance, il est aussi le docteur infaillible dont les écrits soutiennent, fixent et alimentent notre foi. Parmi les vingt et une lettres sorties de la plume des apôtres, il en a, lui seul, écrit quatorze, les plus profondes, les plus complètes, les plus fécondes en conclusions comme en principes directeurs de la croyance. Sans doute aucune n’offre un exposé méthodique de l’ensemble de la doctrine apostolique, ni même d’un de ses points essentiels. L’apôtre s’inspire des circonstances, vise une situation particulière, combat une erreur ou une hérésie, et cette position commande et détermine sa tactique. C’est un polémiste en même temps, — et plus, parfois, — qu’un docteur. Mais son œuvre entière, — en y comprenant l’Epître aux Hébreux, dont il indiqua au moins les idées et dirigea la composition, — abonde en vues lumineuses sur la supériorité de la Loi nouvelle comparée à la Loi mosaïque, sur l’universalité du salut offert aux hommes, sur la vie intérieure participation à la vie du Christ, sur les abaissements du Fils de Dieu, sur le sacerdoce du Verbe incarné et la sublimité de son sacrifice, sur les combats qu’il nous faut soutenir contre les puissances de l‘enfer, sur le Vieil Homme et l’Homme Nouveau, — Adam et Jésus, —sur les rapports intimes de l’Église avec son divin fondateur, sur la parousie et le jugement final. En même temps elle définit avec netteté, souvent dans le détail, les principaux devoirs du chrétien par rapport à la société, à la famille, à lui-même, et surtout à l’Église, dont elle établit, règle et instruit la hiérarchie. Le chrétien doit lire et méditer les Épîtres de saint Paul, malgré les difficultés qu’elles offrent à une lecture rapide, malgré leurs obscurités, partielles, mais réelles, que déjà notait saint Pierre, et que l’on percera cependant avec l’aide de la tradition et l’enseignement explicatif de l’Église.

Il ne restait à Paul qu’à donner à son Maître adoré le suprême témoignage de son sang, après l’avoir si bien enseigné par sa parole et ses écrits. Dans quelles circonstances rentra-t-il à Rome ? De son plein gré ou en prisonnier ? On ne le sait pas. Il s’y retrouva du moins avec Pierre. On a dit, sans que ce soit bien prouvé, que les deux apôtres passèrent ensemble leurs derniers jours dans la prison Mamertine. D’abord seul, presque abandonné de tous ses fidèles, Paul comparut devant le magistrat une première fois, et ce jour-là, par une éloquente apologie de sa prédication, il fut sauvé de la gueule du lion. Mais bientôt un second assaut lui fut livré, et la peine capitale prononcée. Alors, outre Pierre qui devait partager son supplice, il revit autour de lui, sinon les chrétiens étrangers, — pour qui cependant il s’était tant dépensé ! — du moins Luc, son compagnon d’apostolat, et quelques Romains courageux qu’il énumère dans ses derniers adieux à son fils chéri, Timothée. Le 29 juin 67, tandis que Pierre était mené au Vatican pour être attaché à la croix, un centurion entraînait Paul à une heure de marche de la porte d’Ostie, en un lieu, — étroit vallon dans un cirque -de collines, — qu’on appelait les Eaux-Salviennes. Là, après la flagellation légale, l’Apôtre des Gentils, selon son droit de citoyen romain, eut la tête tranchée par le glaive.

Les fidèles ramenèrent son corps à mi-chemin de Rome et l’ensevelirent là où aujourd’hui s’élève la basilique sacrée de Saint-Paul-hors-les-murs. Il y repose encore aujourd’hui, « à Rome, mais hors des murs, confondu, à demi éclipsé dans la gloire de Pierre ». Sa tombe ne porte que trois mots, bien simples, très éloquents, car ils résument ses titres à notre culte et à la vénération dont doivent l’entourer les fils de ces Gentils qu’il dota de la foi : Paulo, Aposlolo, Martyri.

L’Église tout entière est en fête, car « Dieu a consacré ce jour par le martyre des Apôtres Pierre et Paul » (Or.). Et dans les deux grandioses basiliques élevées à Rome sur les tombeaux « de ces deux Princes qui ont conquis par la croix et l’épée leur place au sénat éternel » (1), on célébrait autrefois un double sacrifice. Plus tard, à cause de la grande distance qui séparait ces deux églises, on divisa cette fête en honorant plus spécialement S. Pierre le 29 juin et S. Paul le 30. — 1) S. Pierre, évêque de Rome, est le vicaire, c’est-à-dire le lieutenant, le remplaçant visible du Christ . Comme le montrent la Préface , l’Alléluia , l’Évangile , l’Offertoire et la Communion , les Juifs avaient rejeté Jésus, ils firent de même à l’égard de son successeur (Ép.) . Déplaçant alors le centre religieux du monde, Pierre quitta Jérusalem pour Rome qui devint la ville éternelle et le siège de tous les Papes. — 2) Saint Pierre, premier Pape, parle au nom du Christ qui lui a communiqué son infaillibilité doctrinale. Aussi n’est-ce pas la chair et le sang qui le guident, mais le Père céleste qui ne permet pas non plus que les portes de l’enfer prévalent contre l’Église, dont il est le fondement (Év.) . — 3) S. Pierre en recevant les clefs est préposé au « royaume des cieux » sur terre, c’est-à-dire à l’Église, et règne au nom du Christ , qui l’a investi de sa puissance et de son autorité suprême (Év.). Les noms de S. Pierre et de S. Paul ouvrent la liste des apôtres au Canon de la Messe. (1re liste, p. 132) . — Avec l’Église qui ne cessait d’adresser des prières à Dieu pour Pierre (Ép.) , prions pour son successeur, « le serviteur de Dieu, notre Saint Père le Pape » (Canon de la Messe).

(1) Hymne des Vêpres.

Lecture des Actes des Apôtres

En ces jours-là, le roi Hérode mit les mains sur quelques membres de l’Église, pour les maltraiter. Il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean. Et voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit aussi arrêter Pierre. C’étaient alors les jours des azymes. L’ayant donc fait arrêter, il le mit en prison, et le donna à garder à quatre escouades, de quatre soldats chacune, avec l’intention de le faire comparaître devant le peuple après la Pâque. Pierre était donc gardé dans la prison ; mais l’Église faisait sans interruption des prières à Dieu pour lui. Or, la nuit même avant le jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaînes, et des gardes devant la porte gardaient la prison. Et voici qu’un ange du Seigneur apparut, et une lumière brilla dans l’appartement : et l’ange, touchant Pierre au côté, l’éveilla, en disant : Lève-toi vite. Et les chaînes tombèrent de ses mains. Et l’ange lui dit : Mets ta ceinture, et chausse tes sandales. Il le fit. Et l’ange reprit : Enveloppe-toi de ton vêtement, et suis-moi. Pierre sortit et le suivit ; et il ne savait pas que ce qui se faisait par l’ange était véritable, mais il croyait voir une vision. Passant la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer qui conduit à la ville ; elle s’ouvrit d’elle-même devant eux, et étant sortis, ils s’avancèrent dans une rue ; et aussitôt l’ange le quitta. Alors Pierre, étant revenu à lui-même, dit : Maintenant je reconnais d’une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a arraché à la main d’Hérode et à toute l’attente du peuple juif.

✝️ Suite du S. Évangile s. S. Matthieu

En ce temps-là, Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples en disant : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ? Ils lui répondirent : Les uns, qu’il est Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les cieux.

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