Un Dieu fait homme, c’est-à-dire l’Auteur et le Maître de toutes choses revêtu des infirmités de la nature humaine, et abaissé jusqu’au rang de ses créatures pour les racheter par sa mort, c’est un mystère si fort au-dessus de l’intelligence humaine, et qui renferme les preuves d’une si grande bonté, que tous les moments de la vie chrétienne devraient être employés à lui en témoigner de la reconnaissance.
Les patriarches, les prophètes et les vrais Israélites soupiraient sans cesse après l’heureux moment où devait arriver un si grand prodige de miséricorde, et les chrétiens ont commencé, dès le temps des apôtres, à consacrer certains jours particuliers à la mémoire des principales circonstances de cet ineffable bienfait.
On célébra d’abord les fêtes de la résurrection de Jésus-Christ et de la descente du Saint-Esprit, ensuite celles de la naissance de Jésus-Christ, de sa manifestation aux mages, de sa mort, de son ascension. Dans les siècles suivants, pour ranimer la ferveur des fidèles à mesure qu’elle se ralentissait, on ajouta les autres fêtes qui peuvent rappeler aux fidèles ce que le Verbe incarné a fait et souffert pour eux. Ce fut dans le même dessein de multiplier les occasions de penser à la rédemption des hommes, et de les animer à mener une vie qui réponde à une si grande grâce, que l’Église a jugé à propos d’instituer plusieurs fêtes en l’honneur de la sainte Vierge Marie, que Dieu a remplie de grâces pour la rendre digne d’être la Mère de Jésus-Christ. Après avoir célébré pendant plusieurs siècles les fêtes de son Assomption et de sa Naissance, on commença aussi à faire celle de sa Conception, qui a été sans tache, immaculée, selon le sentiment généralement reçu dans l’Église : sentiment qui a été défini comme article de foi par le souverain pontife Pie IX, le 10 décembre 1854. Plusieurs papes avaient déjà expressément défendu de l’attaquer dans les discussions ou par des écrits. Cette fête a été confirmée par le concile de Bâle.
Pour se conformer à l’esprit de l’Église dans l’institution de cette fête, on doit ranimer aujourd’hui sa foi en considérant les avantages qu’on a reçus de Dieu par le moyen de la sainte Vierge : en célébrant la mémoire de la conception de Celle que le Très-Haut avait destinée de toute éternité pour donner la naissance temporelle à son Fils, on doit travailler à imiter ses vertus, afin que Jésus-Christ vienne aussi prendre naissance en nous.
La foi de la sainte Vierge n’était pas une foi morte. Elle était remplie de grâce, elle vivait selon cette foi. Si les chrétiens veulent avoir part à son bonheur, ils doivent, à son exemple, accomplir les commandements de Dieu et les préceptes que son divin Fils donne dans l’Évangile. C’est la sainte Vierge qui le recommande : « Faites ce qu’il vous dira. » Il est même certain que la dévotion que les fidèles ont pour son culte et que les honneurs qu’on lui rend ne lui sont agréables qu’autant qu’on s’efforce en même temps d’obéir à Dieu. Elle veut bien servir de médiatrice auprès du souverain Médiateur des hommes, Jésus-Christ ; mais elle ne veut pas que la confiance qu’on a en son intercession fasse négliger la grande et essentielle obligation, qui est de servir Dieu en esprit et en vérité, et d’observer ses commandements : on n’observe les commandements qu’autant qu’on aime Dieu et le prochain. Les fidèles doivent donc prier en ce jour la sainte Vierge de leur obtenir cette grâce.
PRATIQUE
Imitons les exemples de Marie en résistant à nos passions, en réprimant nos sens, en mourant à nous-mêmes avec le secours de la grâce et sous la Protection de l’auguste Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Prière
Vierge sainte, ayez pitié de vos enfants. Vous avez été la plus parfaite et la plus humble des créatures : nous sommes pécheurs et orgueilleux ; demandez pour nous une humilité sincère qui nous fasse sentir notre néant.
Prière à l’Immaculée Conception composée par Saint Pie X à l’occasion du cinquantenaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception
Vierge très sainte qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère, Vierge Immaculée dans votre corps, dans votre âme, dans votre foi et dans votre amour, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissante protection.
Le serpent infernal contre lequel fut jetée la première malédiction continue, hélas ! à combattre et à tenter les pauvres fils d’Eve.
Ah! Vous qui avez écrasé la tête de l’ennemi dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières et – nous Vous en conjurons, unis à Vous en un seul cœur – présentez-les devant le trône de Dieu, afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches qui nous sont tendues, mais que nous arrivions tous au port du salut, et qu’au milieu de tant de périls l’Eglise et la société chrétienne chantent encore une fois l’hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix.
Ainsi soit-il.