La Conception que je di
Est en décembre à l’huisme di,
L’huisme jor devers l’entrée
Doit la fête être célébrée.
La fête de ce jour est l’aurore de toutes les fêtes chrétiennes, puisque Marie, dans sa Conception immaculée, est le présage du salut du monde.
La Conception immaculée de Marie, avant d’être un dogme de foi, était une croyance profondément enracinée dans l’esprit des chrétiens. « Cette opinion, dit Bossuet, a je ne sais quelle force qui persuade les âmes pieuses. »
En 1618, le roi de Naples et son armée firent vœu de combattre et de mourir pour la croyance à l’Immaculée Conception. Vers la fin du XVe siècle, il se forma dans la ville de Rouen une association d’un caractère tout particulier ; c’était la société des Palinods, espèce d’académie où l’on couronnait les meilleures pièces de littérature sur la pureté et la Conception immaculée de Marie.
Et qui n’a entendu parler des merveilles opérées par la médaille de l’’Immaculée Conception, dite médaille miraculeuse ? C’est vers la fin de l’année 1830, alors que l’impiété relevait fièrement sa tête hideuse, que le type de cette médaille a été révélé à une humble fille de saint Vincent de Paul, à Paris.
La Vierge lui apparut comme elle est représentée; c’est-à-dire debout , les pieds posés sur un globe entouré de nuages , les bras tombant vers la terre, et les mains ouvertes; de ses mains s’échappent des rayons de lumière céleste, sa tête un peu penchée en avant semble écouter les prières des hommes, une couronne d’étoiles brille sur son front virginal, et tout autour est gravée cette pieuse invocation : « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »
« Aujourd’hui la médaille miraculeuse est répandue par milliers sur toutes les parties du globe. Elle s’est multipliée comme les feuilles dans la forêt , comme la poussière dans nos champs ; elle traverse les mers sur le cœur du matelot, comme sur celui du vieux capitaine ; elle est même devenue un ornement de luxe pour les femmes des infidèles, et on voit des musulmanes s’en faire des pendants d’oreilles. »
« En Europe, et surtout en France, les mères l’attachent au cou de la jeune villageoise, que ses travaux appellent dans les champs, et au cou du conscrit, qui part incertain de revoir le clocher de son hameau ; les épouses l’appendent au cou de leurs maris, lorsqu’ils prennent en main le bâton du voyage, et l’on a vu plus d’une mère la presser avec toute l’ardeur de la foi la plus vive sur les lèvres d’un fils mourant. » (1)
(1) Vte Walsh. Tableau poétique des Fêtes chrétiennes
La définition du dogme de l’’Immaculée Conception , prononcée par Pie IX , le 8 décembre 1854 a donné à cette fête un lustre qui lui était jusqu’alors inconnu, et à rendu ce jour bien cher à la piété des chrétiens envers Marie. On ne saurait dire l’enthousiasme religieux que cette définition excita de toutes parts. Entre toutes les villes de France, Lyon s’est distinguée et se distingue encore tous les ans, par de joyeuses et brillantes illuminations.
Le privilège qui a distingué Marie dans sa conception lui fut toujours particulièrement cher ; c’’est son plus beau titre de gloire, car il est le fondement et le résumé de toutes ses grandeurs. La Mère de Dieu l’a déclaré d’une manière bien frappante dans sa célèbre apparition à la grotte de Lourdes, « Je suis, dit-elle, l’Immaculée Conception. » Comme pour marquer le caractère absolu et en quelque sorte substantiel qui la distingue.
Pendant le printemps de l’année 1858, la sainte Vierge apparut dix-huit fois à une pauvre petite fille de Lourdes , diocèse de Tarbes, au-dessus d’une grotte creusée par la nature dans les flancs des rochers qui dominent le Gave.
Nous n’entreprendrons pas le récit de ces remarquables apparitions, qui eurent lieu en présence d’une foule immense, accourue pour contempler la voyante ravie en extase, pendant qu’elle conversait avec la Vierge immaculée. Ces faits merveilleux, qui ont eu un immense retentissement, ont été consignés dans un ouvrage palpitant d’intérêt, qui a pour titre : Notre-Dame de Lourdes, par M.H. Lasserre.
Comme à la Salette, en témoignage de son apparition, la Vierge a fait jaillir du rocher aride une source abondante dont les eaux miraculeuses n’ont cessé de produire des guérisons sans nombre.
Pour accomplir le vœu formulé par la Vierge elle-même, un temple magnifique, dont la construction a coûté deux millions, vient d’être élevé sur le lieu de l’apparition.
Mais c’est surtout la grotte convertie en chapelle que les fidèles viennent chercher de fort loin. C’est la grotte qu’’ils viennent voir, visiter en détail, toucher de leurs mains et baiser avec un profond respect comme une relique insigne. Plus heureux encore, si en quittant ce lieu vénéré, ils peuvent emporter avec eux une plante, un petit rameau ou du moins quelques feuilles de l’églantier qu’avaient foulées les pieds de la Vierge.
«Ces pèlerinages , dit l’auteur cité plus haut, ont pris un développement sans exemple peut-être dans l’univers ; car jamais, jusqu’à notre époque, ces vastes monuments où la foi populaire n’avaient eu à leur disposition les tout-puissants moyens de transport inventés par la science moderne. Le chemin de fer des Pyrénées, pour lequel un tracé plus direct était marqué d’abord par Tarbes et Pau, a fait un détour pour passer à Lourdes, où il verse incessamment d’innombrables voyageurs, qui viennent, de tous les points de l’horizon, invoquer la Vierge apparue à la grotte, et demander à la source miraculeuse la guérison de leurs maux. On y accourt non-seulement des diverses provinces de la France, mais encore de l’Angleterre, de la Belgique, de l’Espagne, de la Suisse, de la Russie , de l’Allemagne. Du fond des lointaines Amériques, de pieux chrétiens se sont levés, et ont franchi les océans pour se rendre à la grotte de Lourdes et s’agenouiller devant ces roches célèbres, que la Mère de Dieu a sanctifiées en les touchant. Souvent, ceux qui ne peuvent venir écrivent aux missionnaires, et demandent qu’on leur fasse parvenir en leur pays un peu de cette eau miraculeuse. Il s’en envoie dans le monde entier.
Bien que Lourdes soit une petite ville, il y a sur la route qui conduit à la grotte un va-et-vient perpétuel, un mouvement prodigieux d’hommes, de femmes, de prêtres, de voitures, comme dans les rues d’une populeuse cité.
De soixante à quatre-vingts lieues arrivent presque tous les jours d’immenses processions transportées sur les ailes rapides de la vapeur. Sur la demande des fidèles, le chemin de fer du Midi, organise des trains spéciaux, des trains de pèlerinage. À l’arrivée de ces trains, les cloches de Lourdes sonnent à toute volée. Et , de ces noirs wagons , sortent et se mettent en procession , dans la cour du chemin de fer , les jeunes filles habillées de blanc, les femmes, les veuves, les enfants, les hommes mûrs, les vieillards, le clergé revêtu de ses habits sacrés. Les bannières et les banderoles flottent au vent. On voit passer la croix du Christ, la statue de la Vierge, l’image des saints. Les chants en l’honneur de Marie éclatent sur toutes les lèvres. L’innombrable procession traverse la ville, qui a, ces jours là, l’aspect d’une cité sainte, comme Rome ou Jérusalem. À ce spectacle, le cœur s’élève ; il monte vers Dieu et se sent porté de lui même à ces hauteurs sublimes où des larmes viennent aux yeux et où l’âme est délicieusement oppressée par la présence sensible du Seigneur Jésus. »
À la suite de nos désastres, M. l’abbé Chocarne, curé de Saint-Nicolas dé Beaune, diocèse de Dijon, célébrant la messe à la chapelle de Lourdes, reçut l’inspiration d’une manifestation unique dans l’histoire : La France entière en un seul lieu priant pour elle-même. Ce magnifique acte de foi a eu lieu à Lourdes le dimanche 6 octobre 1872, fête de Notre-Dame-du-Rosaire. On vit là une foule innombrable, communiant à la sainte messe qui s’est célébrée sur trente deux autels, sans interruption, depuis minuit jusqu’à une heure après-midi ; des processions, dont l’une aux flambeaux, auxquelles présidèrent huit archevêques et évêques, et où furent portées deux cent cinquante-deux riches bannières, hommage de toutes les contrées de notre malheureuse patrie ; ces bannières ornent aujourd’hui le sanctuaire de Notre-Dame- de-Lourdes.
Prière à l’Immaculée Conception composée par Saint Pie X à l’occasion du cinquantenaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception
Vierge très sainte qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère, Vierge Immaculée dans votre corps, dans votre âme, dans votre foi et dans votre amour, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissante protection. Le serpent infernal contre lequel fut jetée la première malédiction continue, hélas ! à combattre et à tenter les pauvres fils d’Eve. Ah! Vous qui avez écrasé la tête de l’ennemi dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières et – nous Vous en conjurons, unis à Vous en un seul cœur – présentez-les devant le trône de Dieu, afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches qui nous sont tendues, mais que nous arrivions tous au port du salut, et qu’au milieu de tant de périls l’Eglise et la société chrétienne chantent encore une fois l’hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix. Ainsi soit-il.
Tous persévéraient d’un commun accord dans la prière avec les femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec les frères de Jésus.