Heureuse et Sainte année 2025

Nouveau tarif à compter du 1er Janvier 2025

Si les ouvriers du Père de famille, qui règne dans les cieux, n’étaient employés qu’au travail du corps, comme les laboureurs et les moissonneurs, il faudrait qu’il leur donnât de la santé et des forces ; autrement ils ne pourraient accomplir leur tâche. Mais comme leurs principaux exercices sont spirituels et qu’on ne mérite pas moins en souffrant qu’en agissant, le Seigneur a coutume de les conduire, par deux voies différentes, à leur fin, qui est la perfection chrétienne.

Aux uns il donne une vigoureuse complexion, une santé à l’épreuve des plus grands travaux, afin qu’ils s’emploient à des œuvres extérieures, où le corps a une grande part, et à d’autres œuvres qui, tout en étant plus propres à l’esprit, s’exercent cependant mieux et plus facilement quand le corps est sain et robuste.

Aux autres il envoie des maladies ; et il semble vouloir les accabler de douleurs ; mais il fortifie tellement leur esprit que, le corps demeurant tout languissant, ils sont capables de pratiquer les plus héroïques vertus. Celles-ci sont en effet toujours accompagnées de la patience ; et la patience, selon saint Jacques, produit des œuvres parfaites ( Patientia autem opus perfectum habet. (Jac. I, 4.)). On peut donc dire que, d’une certaine manière, souffrir c’est agir ; que les plus patients sont les meilleurs ouvriers ; et qu’on est parfait, lorsque, joignant l’action à la souffrance, on avance dans la vertu, aussi bien dans la maladie que dans la santé.

Qui pourra expliquer les secrets de la Providence divine, au sujet de ces deux voies si différentes ?

D’une manière générale. Dieu aimerait mieux que les hommes fussent en santé et le servissent joyeusement, sans souffrir, ni de corps, ni d’esprit. Il créa nos premiers parents dans l’état d’innocence, avec des corps qui devaient être immortels et exempts de toute sorte de maladies. Adam, après sa chute, et ses enfants, pécheurs comme lui, jouirent longtemps d’une assez parfaite santé. Les Israélites furent quarante ans dans le désert, sans qu’il y eût, dit David, un seul malade dans toutes les tribus. (Ps. 104.) Dieu les conserva de la sorte, afin que rien ne les empêchât de gagner la terre promise, après avoir attaqué et vaincu les nations puissantes, qui leur en disputaient l’entrée.

En outre, on ne peut nier que la santé et les forces corporelles, quand on en use selon Dieu, aident beaucoup à traverser le désert de ce monde, jusquà ce qu’on arrive à la terre promise, au repos éternel. Elles servent à combattre vigoureusement le démon et l’amour-propre ; à entreprendre des choses très utiles pour nous et pour le prochain, et d’une grande édification pour toute l’Église ; à faire de rigoureuses pénitences ; à pratiquer toutes les œuvres de miséricorde, soit corporelles, comme de servir les malades et de recevoir les étrangers ; soit spirituelles, comme de prêcher, de diriger les consciences et d’exercer d’autres semblables ministères.

Aussi saint Thomas a sagement remarqué que le Sauveur, ce nouvel Adam descendu du ciel, a bien pris les misères du premier Adam, mais non les maladies qui étaient incompatibles avec un tempérament aussi excellent que le sien. Il a également préservé des infirmités du corps la sainte Vierge, sa Mère, saint Jean-Baptiste, son précurseur, et d’autres saints qu’il destinait à de grandes entreprises, car ils n’auraient pu en venir à bout, s’ils n’eussent eu des corps robustes et endurcis au travail.

Ceux qui ont reçu ce don du ciel, doivent, selon le conseil de saint Basile, s’efforcer de le conserver et dire comme David : Seigneur ! tout ce que j’ai de force, je le conserverai pour vous, parce que vous êtes mon Dieu (Fortitudinem meam ad te custodiam, quia Deus susceptor meus es. (Ps. LVIII, 10.)).

Ce saint roi savait que, fortifié d’en haut, il avait fait des prodiges, étranglé des ours, déchiré des lions, vaincu des géants, défait des armées (Ipse est… qui octingentos interfecit impetu uno (II Reg.XXIII, 8)). Jugeant donc qu’il ne devait pas ruiner indiscrètement ses forces, qu’il devait au contraire les ménager pour des occasions importantes : Seigneur, disait-il, je veux conserver mes forces, non pour moi, mais pour vous ; je veux les employer, non à me procurer du plaisir et de la gloire, mais à vous honorer et à vous servir.

Si nous usons bien de la santé que Dieu nous a donnée, nous pouvons dire la même chose ; nous serons assez forts pour surmonter nos passions, qui sont souvent plus furieuses que les ours et les lions ; triompher des démons, qui sont plus terribles que des géants ; vaincre nos vices, qui sont plus redoutables que des armées ; exécuter enfin de grandes choses, aussi utiles aux hommes que glorieuses pour Dieu et salutaires pour notre âme.

Mais la corruption de notre nature est telle que, le plus souvent, nous nous servons de la santé pour offenser Dieu, et non pour le servir ; et qu’au lieu de l’employer à acquérir les vertus, nous l’employons à entretenir nos vices, surtout l’impureté et l’intempérance, que saint Grégoire appelle des vices charnels, parce qu’ils règnent dans la chair et n’ont pour objet que le plaisir des sens.

Trop d’embonpoint dans un corps nourri avec délicatesse, porte celui-ci à la volupté ; et les fautes dans lesquelles sont tombés une infinité de gens à cet égard, doivent nous faire connaître et redouter notre faiblesse. Les Israélites abusèrent de la parfaite santé que Dieu leur conserva dans le désert. Venaient-ils à manquer d’eau ! ils s’en prenaient à Moïse, éclataient en violents murmures et allaient jusqu’à vouloir le lapider (Adhuc paululum et lapidabit me. (Exod. XVIII. 4.)). S’ils manquaient de pain, ils se plaignaient d’avoir été tirés de l’Égypte et disaient qu’on aurait mieux fait de les laisser finir leurs jours dans la servitude, plutôt que de les mettre en liberté pour les faire mourir de faim (Cur eduxistis nos in desertum istud, ut occideretis omnem multitudinem fame ? (Exod. XVI, .3.)). S’ils avaient de la manne en abondance, ils s’en dégoûtaient et regrettaient les oignons et les poireaux d’Égypte. Pendant que Moïse était avec Dieu sur la Montagne, ils s’assirent pour manger et pour boire ; après quoi ils se levèrent pour jouer (Sedit populus manducare, et bibere ; et surrexerunt ludere.(Exod. XXXII, 6.)); et leur jeu se termina par une infâme idolâtrie. Une autre fois, pour corrompre plus facilement des femmes étrangères de la terre de Moab, ils n’hésitèrent pas à fléchir le genou devant leurs idoles. Enfin, ce peuple si chéri de Dieu, qui était dans l’abondance de toute chose, se soûlera contre son Seigneur (Incrassatus est dilectus, et recalcitravit. (Deut. XXXII, 15)).

Voilà à quels excès conduit l’abus d’une bonne santé ! Un cheval fort et vigoureux, qui obéit à la main, fait honneur au cavalier et le tire des plus mauvais pas ; mais sil est vicieux, il l’entraîne malgré lui dans les précipices. De même, un corps robuste et plein de santé, qui se laisse conduire par le frein de la raison, augmente le mérite de l’âme, et on peut le comparer au cheval dont il est parlé dans Job, qui s’élance à la rencontre de l’ennemi, traverse ses rangs et revient couvert du sang des vaincus (In occursum pergit armatis, contemnit pavorem, nec cedit gladio… fervens et tremens sorbet terram. (Job, XXXIV, 21-24) ; mais s’il n’est pas bien dompté, il précipite l’âme en toute sorte de vices.

L’intempérance porte un homme qui fait un dieu de son ventre à tous les excès. La violence de la passion du voluptueux pour les plaisirs sensuels, ou du joueur pour son divertissement favori est telle que si l’on veut s’opposera leurs désordres, on se heurte à des murmures et à des emportements.

Mais le mal est beaucoup plus grand s’il s’agit de personnes riches et puissantes ; car la santé, la richesse et la puissance réunies ouvrent la porte à tous les vices et ruinent souvent toutes les vertus : Il y a trois choses, dit le Sage, qui troublent le monde ; et il y en a une quatrième qu’on ne saurait supporter : un esclave sur un trône ; un fou qui est ivre ; une femme de mauvaise humeur, et une servante héritière de sa maîtresse (Per tria movetur terra ; et quartum non potest sustinere : per servum, cum regnaverit ; per stultum. cum saturatus fuerit cibo ; per ordiosam mulierem cum fuerit in matrimonium assumpta ; et per ancillam, cum fuerit haeres doninae sua. (Prov. XXX, 22-23)).

Quel est cet esclave roi, sinon le corps qui réduit l’âme à le servir ? Quel est ce fou enivré, sinon l’appétit brutal qui abuse de la nourriture et des boissons ?

Quelle est cette fâcheuse femme, sinon la concupiscence qui, loin d’obéir à l’esprit, ne lui donne nul repos qu’il n’ait accordé ce qu’elle réclame? Quelle est enfin cette servante héritière de sa maîtresse sinon la chair qui, dans l’abondance de tous les biens, ne cherche qu’à satisfaire ses passions ?

Ces quatre choses troublent les consciences, mettent le désordre dans les familles et dans les Etats ; parce qu’elles renversent l’ordre établi par la Sagesse éternelle et qu’il n’est pas juste de donner le commandement à celui qui doit obéir, ni de nourrir dans les délices celui qui doit être mortifié par l’abstinence et le jeûne.

Prions donc la divine Miséricorde de corriger ce dérèglement et de ne pas permettre que la santé du corps, qui doit servir à pratiquer la vertu, devienne, par notre faute, l’instrument de toute sorte de vices.

Extrait de l’ouvrage Du trésor caché dans les maladies et les afflictions du Père Luis de la Fuentes

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