On connaît la valeur d’un objet à ce qu’il coûte, aux travaux que l’on accomplit, aux dangers auxquels on s’expose pour se le procurer. A ce second signe jugez du prix de votre âme.

Vous étiez les ennemis de Dieu, les esclaves du démon : qu’a fait le Fils de Dieu pour vous racheter ? Il est descendu du Ciel et « a pris un corps semblable au nôtre, il a épousé notre nature et ses infirmités sauf le péché » ; il a reposé à Bethléem, sur un peu de paille, il a fui en Egypte, il a obéi pendant trente ans à deux de ses créatures, il a répandu des larmes de sang au Jardin des Oliviers. Et maintenant « voyez-le pris, lié, garrotté par ses propres enfants ; on l’attache à la colonne » de la flagellation, et les bourreaux se lassent à le frapper sans pouvoir lasser la patience de leur victime ; on le « couronne d’épines », et leurs pointes entrent douloureusement dans son front ; on l’oblige à porter le bois de son sacrifice, et chacun de ses pas est marqué d’une chute ; on le dépouille de ses vêtements et il s’étend lui-même sur le bois de sa croix ; on enfonce les clous dans ses pieds et dans ses mains, et il ne profère aucune parole de plainte ni de «  murmure ». Ô mon âme, regarde ce que tu vaux : un Dieu a vécu dans le travail et la pauvreté, il est mort dans d’affreuses tortures pour te racheter : tu vaux le sang d’un Dieu.

Et toutefois Jésus ne s’en est pas tenu là. « Pour guérir notre âme quand elle a eu le malheur d’être blessée par le péché, pour la fortifier dans le combat, il a institué les Sacrements ; il s’est exposé lui-même à bien des outrages » en restant avec nous dans l’Eucharistie et en voulant y être notre nourriture. Pour nous guider dans la vérité, il a établi son Église et a chargé ses ministres de veiller sur nous avec une maternelle tendresse. Pouvait-il mieux nous montrer la valeur et la beauté de notre âme ?

« Comment se fait-il donc que nous en fassions si peu de cas » et que nous la défigurions par le péché ? Ô âme coupable, toi qui fus le sanctuaire de l’Esprit-Saint et de toutes les vertus, qu’es-tu devenue ? Le repaire du démon et de tous les vices. Oh ! je conçois que Jésus-Christ ait pleuré sur toi : « Il a pleuré sur ton orgueil, en voyant que tu ne cherchais que les honneurs et l’estime du monde ; il a pleuré sur tes haines et tes vengeances, lui qui est mort pour ses ennemis ; il a pleuré sur tes impuretés, en voyant combien ce péché te déshonore et te plonge dans la boue. Il a pleuré sur tous tes crimes. »

Pleurons avec Jésus, faisons pénitence, purifions-nous dans les larmes de la contrition. Animés par les souffrances de Jésus-Christ, les martyrs ont enduré tous les tourments plutôt que de perdre leur âme ; ils en comprenaient le prix, ils savaient combien Dieu l’aimait, quelle récompense il lui réservait pour l’éternité. Regardons la croix, nous aussi : elle nous dira ce que nous valons, et ni les biens, ni les plaisirs, ni la mort ne seront capables de nous faire vendre au démon une âme qui a tant coûté à Jésus-Christ.

Extrait du livre : Ma retraite avec le Saint Curé d’Ars, par Mgr Convert. Imprimatur Août 1932

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