Extraits : Pensées sur les plus importantes vérités de la religion, et sur les principaux devoirs du Christianisme
De Mr Humbert, prêtre-missionnaire – 1850
CHAPITRE CXXXIV
Il faut recourir à Dieu par la prière
Négliger de prier, c’est manquer de foi, c’est manquer d’espérance et d’amour de Dieu.
I. La Foi nous apprend que, sans la grâce de Jésus-Christ, nous ne pouvons rien pour le ciel ; que nous ne pouvons pas même avoir une pensée salutaire, ni prononcer le nom de Jésus sans le secours de l’Esprit-Saint : Nemo potest dicere : Dominus Jesus, nisi in Spiritu Saneto. (1. Cor. 12.) Si vous ne le croyez pas, vous n’avez point la foi ; vous êtes un aveugle qui ne voyez pas votre impuissance et le besoin que vous avez du secours du Ciel.
Si vous le croyez, pourquoi ne demandez-vous pas ce secours ? Vous devriez, selon l’avertissement du Sauveur, le demander sans cesse : Oportet semper orare, et non desinere. (Luc. 18.) Un malheureux qui manque de tout, demande sans cesse du secours.
Un malade soupire toujours après sa guérison. Un pauvre qui a besoin demande du pain. Pourquoi donc, étant si pauvre, si faible, si misérable, ne demandez-vous rien à Dieu ?
II. C’est peut-être que vous croyez que Dieu ne vous écoute pas, que vous ne serez pas exaucé ; vous manquez donc d’espérance. Ô homme de peu de foi ! où est la confiance que vous devez avoir aux mérites et à la parole du Sauveur ? Ne nous a-t-il pas promis que tout ce que nous demanderons en son nom, nous sera accordé ? Si quid petieritis Patrem in nomine meo, dabit vobis. (Joan. 16.) Non, Dieu ne refuse rien à la prière. Pour être exaucé, il n’est point nécessaire de dire quantité de paroles. Quand vous priez, dit le Sauveur, ne parlez pas beaucoup ; ne faites pas comme les païens qui s’imaginent qu’à force de dire des paroles, ils sont exaucés.
La pécheresse de Samarie se contenta de dire à Jésus-Christ : Seigneur, donnez-moi cette eau de la grâce ; dans le moment elle la reçut, et fut convertie. Le publicain, chargé de crimes et tremblant, ne fit que cette prière : Seigneur, ayez pitié de ce pauvre pécheur ; dans l’instant il fut exaucé et justifié. Le bon larron, qui avait vieilli dans le brigandage, ne dit que cette parole : Seigneur, souvenez-vous de moi, Jésus-Christ à l’instant lui pardonne, et lui promet le paradis.
Bien plus, il n’est pas même nécessaire de parler ou de songer à des prières, pour prier et pour obtenir.
L’âme prie quand le cœur désire et s’humilie devant Dieu. Le Saint-Esprit, dit saint Paul, forme alors en nous la prière par des gémissements ineffables : Gemitibus inenarrabilibus. (Rom. 8.)
Nous ne voyons pas que Madeleine, avant sa conversion, ait rien dit au Sauveur : elle se contenta de gémir à ses pieds, de répandre des larmes en silence, et le Sauveur lui accorda la rémission de ses péchés. Il ne faut pas néanmoins négliger le sacrifice des lèvres, ni omettre les prières vocales ; mais elles doivent être accompagnées des sentiments du cœur. Ce sont nos désirs et nos gémissements que Dieu écoute, et voilà la véritable prière.
Oh ! que de trésors sont renfermés dans la prière ! que ne perdons-nous pas en la négligeant ! Elle est notre ressource , puisque Dieu désire plus nous secourir que nous ne le désirons nous-mêmes. La prière est la clef qui nous ouvre le ciel ; c’est l’échelle qui nous y fait monter, elle nous donne des ailes pour voler dans le sein de Dieu ; c’est l’armure puissante contre les attaques de l’ennemi. Une âme qui aime la prière est redoutable au démon. Tout pécheur qui prie sincèrement, sera bientôt converti ; et le juste qui aime ce saint exercice, persévérera. Si l’un et l’autre quittent la prière, ils se perdront. Sainte Thérèse avoue que sans la prière et l’oraison elle était perdue. C’est donc en vain que vous dites que vous espérez le ciel, si vous négligez la prière.
C’est aussi en vain que vous dites que vous aimez Dieu ; car, si vous l’aimez, vous devez vous réjouir d’avoir occasion de vous entretenir avec lui, de le louer, de lui présenter vos hommages et vos adorations. Un enfant qui ne parle point à son père, qui ne le salue presque jamais, est un indigne enfant. Vous êtes tel à l’égard de Dieu : il est le meilleur de tous les pères, et à peine lui parlez-vous. Que penseriez-vous d’une personne qui, étant toujours à vos côtés, ne vous dirait pas une seule parole ? Pourquoi ne dites-vous rien à Dieu qui est toujours avec vous ?
Si vous étiez accablé d’infirmités, et qu’une personne fût assez charitable pour ne jamais vous abandonner, pour vous donner à manger, pour vous aider à marcher, à vous soutenir, ne lui diriez-vous rien ? Voilà ce que vous faites à l’égard de Dieu : il vous soutient, il vous donne la vie, il vous porte entre ses bras, vous ne respirez que par son secours, vous n’êtes nourri que de ses biens ; il fait croître et mûrir les grains pour votre entretien ; sans cesse il pense à vous, il est toujours auprès de vous dans vos afflictions, pour vous consoler et couronner votre patience : Cum ipso sum in tribultion. (Ps. 90.) Et, loin de le remercier, de lui parler, vous ne pensez pas même à lui ; quelle ingratitude ! On pense à ses amis, les amis ne s’ennuient point de converser ensemble ; et vous vous ennuyez de converser un quart d’heure avec Dieu ! on dirait même que vous vivez avec lui en ennemi. Deux voisins qui ne se parlent point, ou qui ne se parlent que froidement, passent pour ennemis. Y a-t-il quelqu’un qui vous soit plus voisin, plus intime que Dieu ? Il est au-dedans de vous, vous vivez dans lui : In ipso enim vivimus. (Act. 17.) Pourquoi pensez-vous si rarement à lui ? Pourquoi lui parlez-vous si peu et si froidement ?
Cette indifférence pour Dieu, voilà, âmes fidèles, le sujet de vos gémissements. On parle tout le jour aux créatures, et l’on ne dit rien à son Créateur. Oh ! qu’il est bien vrai que Dieu est inconnu et oublié ! Le Sauveur en versait des larmes, en s’adressant à son Père céleste : Ô Père saint ! le monde ne vous connaît pas : Pater juste ! mundus te non cognovit.( Joan. 17.)
Que vous coûterait-il d’élever souvent votre cœur à Dieu, de vous entretenir avec lui chaque jour, au moins un quart-d’heure, sur l’affaire de votre salut, pour examiner en sa présence les vertus qui vous manquent, vos vices et vos mauvais penchants, et lui demander sa grâce pour vivre plus saintement ? Vous parlez souvent de vos affaires à des gens qui ne peuvent vous secourir : pourquoi ne dites-vous rien à Dieu des affaires de votre âme ? N’est-ce pas une marque que vous vous souciez peu de Dieu et de votre salut ?
Au reste, il n’est pas nécessaire d’être savant pour bien prier. Un simple fidèle, un pauvre ignorant prie avec plus de mérite et de fruit que les plus grands docteurs, s’il prie avec plus d’humilité.
Résolutions
Puisque la prière est un hommage que je dois à Dieu, qu’elle est nécessaire pour obtenir bien des grâces et des faveurs célestes ; et qu’elle a tant d’efficacité lorsqu’elle est bien faite, je ne me contenterai pas de prier exactement matin et soir, mais j’élèverai souvent, dans la journée, mon cœur à Dieu par de courtes et ferventes prières.
Mon Dieu, donnez-moi l’esprit de prière.
⚠️ La Dévotion à la miséricorde divine de « sœur » Faustine est une tromperie et est à fuir.
Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ.