Jeudi saint

Jeudi Saint

Faites ceci en mémoire de moi.
S. Luc 22:19

Les derniers jours de la Semaine Sainte sont des jours de dévotion par excellence. En ces jours, les plus indifférents veulent donner des marques de religion et de piété, et se pressent aux pieds des autels. Toutefois, chaque jour a sa physionomie particulière et ses dévotions qui lui sont propres.

Parmi celles qui distinguent le Jeudi Saint, il en est une qui est comme un vestige des pieuses agapes qui dans la primitive Église réunissaient les fidèles qui venaient de communier. Nous voulons parler des pains de la Cène, usage qui, comme tant d’autres, est sur le point de disparaître entièrement.

Ces pains que l’on apporte à la messe solennelle de ce jour reçoivent la bénédiction du prêtre, et, l’office étant terminé, ceux qui n’ont pas participé à la cène eucharistique mangent dévotement de ce pain en union avec Jésus-Christ, qui, dans la dernière cène qu’il fit avec ses disciples, prit du pain, et l’ayant bénit, le rompit, et le leur donna en disant : “Ceci est mon corps, qui est livré pour vous, faites ceci en mémoire de moi.

L’objet de cette cérémonie est donc le même que celui de la communion, qui est de nous rappeler que nous sommes les enfants d’un même père, et membres d’une même famille, assis à la même table, nourris par les bienfaits d’une même providence, appelés à posséder un même héritage, frères par conséquent et obligés de nous aimer les uns les autres.

Telle est encore le sens et l’origine de la cérémonie du pain-bénit, qui a lieu à la messe paroissiale du dimanche. Dans les premiers siècles de l’Église tous ceux qui assistaient au saint sacrifice s’approchaient de la sainte table ; mais, la pureté des mœurs et la piété s’étant relâchées, les communions sacramentelles devinrent moins fréquentes.

Toutefois , pour conserver la mémoire de l’ancienne communion qui était pour tous, on distribua dans les églises une partie des offrandes de pain qui étaient bénites par une prière particulière.

Le pain bénit est placé par l’Église au nombre des sacramentaux, c’est-à-dire de ces œuvres piles, qui, par une ressemblance avec les sacrements, produisent d’heureux effets, tant pour l’âme que pour le corps.

Gilbert Grimand, dans sa Liturgie sacrée, cite à l’appui de cette vérité des témoignages frappants. « Il n’est pas douteux, dit-il en terminant, qu’il ne soit arrivé mille choses semblables en la sainte Église, mais le peu de respect et de révérence que nous rendons à ces choses, le mépris de la piété, et le mauvais état de nos consciences empêchent l’effet et le fruit de ces choses saintes. »

La visite aux reposoirs est la principale dévotion du Jeudi-Saint.

Dans une chapelle où l’on a rassemblé toutes les pompes du temple, au milieu des fleurs et des cierges, sous un voile de drap d’or, l’hostie sainte a été déposée ; alors, le peuple chrétien, quittant ses demeures, s’en va faisant les stations dans toutes les églises.
Le silence, qui accompagne la foule qui va et vient, témoigne hautement de l’esprit religieux qui l’anime.

Abbé V. G. Berthoumieu (1873)

Lecture de l’Épître du B. Ap. Paul aux Corinthiens

Mes frères, lors donc que vous vous assemblez, ce n’est plus manger la cène du Seigneur ; car chacun commence par prendre son propre repas ; et ainsi l’un souffre de la faim, et l’autre mange avec excès. N’avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire ? ou méprisez-vous l’Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je ? Vous louerai-je ? En cela, je ne vous loue point. Car j’ai appris du Seigneur ce que je vous ai moi-même transmis : que le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Prenez et mangez ; ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même le calice après avoir soupé, en disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’’il vienne. C’est pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que l’homme s’éprouve donc lui-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup de malades et de languissants, et que beaucoup sont morts. Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais lorsque nous sommes jugés, c’est le Seigneur qui nous châtie, afin que nous ne soyons condamnés avec ce monde.

La charité, disait l’Épître, est la condition indispensable pour communier. La charité, dit l’Évangile, est aussi le fruit principal de l’Eucharistie ; aussi après l’avoir instituée, Jésus accomplit un devoir de charité à l’égard de ses disciples en leur lavant les pieds. On reproduit ce geste dans le monde entier le Jeudi Saint en lavant les pieds à douze pauvres.

✝️ Suite du S. Évangile selon S.Jean (13:1-15)

Avant la fête de Pâque, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, Jésus, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. Et après le souper, le diable ayant mis déjà dans le cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le trahir, Jésus, sachant que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, et qu’il était sorti de Dieu, et qu’il retournait à Dieu, se leva de table et ôta ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit. Puis, il versa de l’eau dans un bassin, et commença à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vint donc à Simon-Pierre. Et Pierre lui dit : Vous, Seigneur, vous me lavez les pieds ? Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras plus tard. Pierre lui dit : Vous ne me laverez jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. Simon-Pierre lui dit : Seigneur, non seulement mes pieds, mais aussi les mains et la tête. Jésus lui dit : Celui qui s’est baigné n’a plus besoin que de se laver les pieds, car il est pur tout entier. Et vous, vous êtes purs, mais non pas tous. Car il savait quel était celui qui le trahirait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs. Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut repris ses vêtements, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître, et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné l’exemple, afin que ce que je vous ai fait, vous le fassiez aussi.

Au contraire, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite. En effet, il est écrit : Vous serez saints car moi, je suis saint.
1 Pierre 1:15-16
Panier

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