Il y a trop d’espèces de divination pour que nous puissions les exposer toutes dans cet ouvrage sans fatiguer le lecteur ; il nous suffira donc de parler de celles qui sont le plus en vogue de notre temps pour détromper ceux qui ajoutent foi, en leur montrant qu’elles sont autant de pièges que le démon tend à leur simplicité dans l’intention exécrable de leur faire partager sa perte éternelle.

Parmi ces sortes de divination nous distinguons :

1° L’astrologie, qui est la science des astres et qui se divise en astrologie naturelle et astrologie judiciaire. L’astrologie naturelle, qui est l’astronomie proprement dite, est la science qui apprend à déterminer les positions relatives des astres, à constater les lois de leurs mouvements, etc., et met en état de pouvoir prédire, d’une manière positive certains résultats, certains événements, par exemple, les éclipses du soleil et de la lune. Cette science est sans contredit, très noble et bien propre à nous faire admirer les grandeurs et les perfections du Créateur. L’astronomie s’occupe aussi de l’influence des astres et surtout de la lune sur la température de l’air, les pluies, les vents, la sécheresse ; sous ce rapport elle est assez conjecturale et incertaine mais il n’y a en cela rien de superstitieux.

L’astrologie judiciaire est l’art de prédire l’avenir des hommes, de leur annoncer leurs destinées, d’après l’inspection des astres. C’est là la science de ceux qu’on appelle astrologues, bohémiens, diseurs de bonne aventure, etc., lesquels, d’après les cours et les différents aspects des astres, prédisent les mariages heureux ou malheureux, les bons ou mauvais succès, les chutes, les maladies, les honneurs, la prospérité, l’adversité, le genre de mort.

L’astrologie judiciaire est une science fausse, absurde, réprouvée par l’Écriture, par les saints Pères, par les Conciles, par le bon sens, et qui cependant a régné chez tous les peuples et a fait dans tous les siècles un grand nombre de dupes ; tant l’esprit de l’homme est faible quand il n’est pas soutenu et éclairé par la foi ; tant est grand le nombre de ceux qui se montrent sourds à la voix de la raison !

« Si un homme, dit le Seigneur, dans le livre du Lévitique, se détourne de moi pour aller chercher les magiciens et les devins…, il s’attirera ma colère et je l’exterminerai du milieu de son peuple. » (Lev., xx, 6.) Le prophète Isaïe ; insultant à la crédulité des Babyloniens et à la folle confiance qu’ils donnaient à leurs astrologues, leur dit : « Qu’ils paraissent ces hommes si habiles à contempler le ciel et à observer les astres, qui supputaient les lunaisons pour vous prédire l’avenir ; qu’ils vous sauvent à présent de vos malheurs ; ils sont comme la paille consumée par le feu et ils ne peuvent se délivrer eux-mêmes. » (Is., xLvi1, 13.) « Vous croyez à l’influence des astres, à la fatalité, disait saint Jean Chrysostome aux fidèles de son temps ; si vous étiez bien persuadés de l’existence de Dieu, de la justice, de la Providence, de la vérité de nos saintes Écritures, vous abjureriez ces funestes erreurs. Ou renoncez au christianisme, ou renoncez à cette doctrine impie. Vous croyez à l’influence des astres, à une aveugle fatalité ; cessez de planter, de semer…, condamnez-vous à une inaction totale, puisque, bon gré mal gré, tout ce qui fut arrêté dès votre naissance ne peut manquer d’arriver. » Par ces dernières paroles le saint Docteur fait allusion à ceux qui observaient l’état du ciel à la naissance d’un enfant, comme font aujourd’hui les bohémiens, et qui croyaient à l’influence des astres sur son tempérament, ses inclinations, sa santé, son caractère, son bonheur ou son malheur ; observation dénuée de tout fondement et démentie par l’expérience : deux enfants qui sont nés dans le même moment, deux jumeaux, par exemple, ont souvent des qualités toutes contraires, des destinées tout à fait différentes ; l’un devient riche, tandis que l’autre vit dans la pauvreté et la misère ; l’un parvient à une extrême vieillesse, tandis que l’autre est moissonné par la mort à la fleur de l’âge.

L’astrologie judiciaire ne mérite donc aucune créance, et les misérables qui exercent la profession d’astrologues pèchent mortellement, puisque, en supposant même qu’ils n’aient pas fait de pacte avec le démon, ils sont évidemment des escrocs. Ceux qui les consultent sérieusement se rendent également coupables d’une faute grave ; mais ils ne pèchent que véniellement, si c’est par pure curiosité et par manière de plaisanterie, et supposé que les bohémiens eux-mêmes n’agissent pas sérieusement. Malgré la défense que l’Église a si souvent réitérée contre l’astrologie judiciaire, le nombre des fidèles qui se permettent d’y recourir est encore assez considérable. « Quiconque a dessein de piper le monde, dit l’auteur de la Logique de Port-Royal, est assuré de trouver des personnes qui seront bien aises d’être pipées ; et les plus ridicules sottises rencontreront toujours des esprits auxquels elles sont proportionnées. Il y a une constellation dans le ciel, qu’il a plu à quelques personnes d’appeler Balance, et qui ressemble à une balance comme à un moulin à vent. La balance est le signe de la justice ; donc, ceux qui naîtront sous cette constellation seront justes et équitables.… Quelque extravagants que soient ces raisonnements, il se trouve des personnes qui les débitent, et d’autres qui s’en laissent persuader. »

2° La rhabdomancie, qui est l’art de deviner au moyen de la baguette divinatoire. Cette baguette doit être de coudrier et fourchue. Lorsqu’on la tient des deux mains par les deux extrémités de la fourche, elle tourne d’elle-même, si l’on en croit les rhabdomanciens, sur une source, sur les métaux, les minéraux, etc. On s’en sert également pour trouver les choses perdues, découvrir les bornes d’un champ, et même pour suivre les traces des voleurs et des meurtriers. Un paysan du Dauphiné, nommé Jacques Aymar, rendit célèbre, à la fin du XVIIè siècle, l’usage de la baguette divinatoire. En 1692, un marchand de Lyon et sa femme furent assassinés dans leur cave. Toutes les recherches de la police pour découvrir les coupables ayant été infructueuses, on eut recours à Jacques Aymar, dont les talents merveilleux faisaient alors beaucoup de bruit. Armé d’une baguette de coudrier bien conditionnée, il se rend au lieu où l’on avait trouvé les cadavres ; la baguette tourne avec rapidité. Se sentant suffisamment électrisé, il se met aussitôt en chemin et suit les traces des meurtriers jusqu’à Beaucatre. Sa baguette le conduit à la porte de la prison : on la lui ouvre, et le geôlier lui présente douze prisonniers. Il essaie sur chacun d’eux son redoutable instrument ; la baguette ne tourne que sur un petit bossu qu’on venait d’arrêter pour un délit commis à la foire. Jacques Aymar le signale comme l’un des auteurs du meurtre commis à Lyon. Le procès s’instruit ; le petit bossu confesse lui-même son crime et est condamné au dernier supplice. (Histoire critique des pratiques superstitieuses, par le P. Lebrun, t. I.)

Cette affaire fit grand bruit dans toute la France : le nom de Jacques Aymar volait de bouche en bouche ; mais cette immense réputation devait bientôt s’évanouir comme un songe. Le prince de Condé fit venir Jacques Aymar à Paris et voulut mettre son art à l’épreuve. Il fit faire cinq ou six trous dans un jardin, à l’insu du rhabdomancien, et l’on y mit de l’or, de l’argent, du cuivre, des pierres et autres matières. On proposa ensuite à Jacques Aymar de les découvrir ; mais la baguette ne put rien distinguer : elle prit des pierres pour de l’argent, elle indiqua de l’argent dans un lieu où il n’y en avait pas, et opéra avec une telle maladresse et une telle confusion que sa perspicacité commença à devenir fort suspecte. On voulut voir si Jacques Aymar serait plus habile à découvrir les sources et les fontaines. On le fit donc passer plusieurs fois sur un ruisseau couvert d’une voûte de pierres chargée de terre et d’arbres, la baguette resta immobile.

Plusieurs autres épreuves, auxquelles on soumit le rhabdomancien, ne furent pas plus heureuses, et l’on se convainquit qu’Aymar n’était qu’un imposteur adroit qui avait su tromper la bonne foi des juges de Lyon. On s’assura qu’il avait dans sa province de nombreux compères qui le servaient avec beaucoup de zèle et d’intelligence ; on le chassa et il ne fut plus question de lui. (Salgues, Des erreurs et des préjugés, act. Baguette divinatoire.)

Néanmoins, on ne peut se refuser à l’évidence des faits. Or, il y en a de vraiment singuliers et étonnants produits par la baguette divinatoire. Plusieurs auteurs ont essayé de les expliquer, et ont soutenu qu’on peut naturellement, au moyen de la baguette, découvrir les sources et les métaux ; qu’il sort de la terre certaines émanations qui ont la propriété et la vertu de faire tourner la baguette… Le savant P. Lebrun pense, au contraire, avec la plupart des théologiens, que l’usage de la baguette est entaché de superstition et renferme un pacte implicite avec l’esprit de ténèbres. Des raisons graves militent en faveur de ce dernier sentiment. En effet, quel rapport peut-il y avoir entre une source d’eau ou une pièce de métal et un bâton de coudrier ? Comment les vapeurs d’un filet d’eau, enseveli à vingt, trente pieds sous terre, ou à une moindre profondeur, mais sous un rocher, auraient-elles la vertu de faire mouvoir une baguette qui, placée entre les mains d’une personne, n’est pas même en contact direct avec le sol ? De plus, de l’aveu des rhabdomanciens, l’intention de leur part est nécessaire pour que la baguette tourne dans leurs mains ; il faut en même temps qu’ils se proposent une fin particulière en sorte que, s’ils cherchent de l’argent, la baguette restera immobile en passant au-dessus des sources ; et, s’ils veulent découvrir une source, elle ne remuera pas au-dessus de l’argent ; or, les causes naturelles sont absolument indépendantes de telles circonstances. Quant à la découverte des bornes d’un champ, nous dirons qu’il n’y a aucune distinction physique entre deux pierres cachées dans la terre et absolument semblables l’une à l’autre ; comment donc la baguette pourrait-elle distinguer l’une de l’autre ? Enfin, il est plus difficile encore qu’elle distingue un coupable d’un innocent, le meurtre, le vol, l’injustice, le mensonge, etc., étant des actes moraux qui ne changent rien à la constitution physique de celui qui s’en est rendu coupable. Les émanations provenant du corps d’un meurtrier ne sont-elles pas les mêmes avant et après son crime ? Ainsi, il paraît démontré que les effets de la baguette divinatoire, en supposant qu’ils soient réels, ne sauraient être produits par une cause naturelle ; on ne peut pas dire non plus qu’ils s’opèrent par voie de miracle, c’est-à-dire par une grâce particulière de Dieu ; il faut donc conclure qu’ils sont purement et simplement l’œuvre du démon. L’usage de la baguette divinatoire est donc superstitieux en lui-même et, par conséquent, les rhabdomanciens, ainsi que ceux qui les emploient, ne peuvent être exempts de péché, à moins que l’ignorance et la bonne foi ne les excusent.

La cartomancie, qui est l’art de prédire l’avenir par le moyen des cartes. C’est de toutes les espèces de divination celle que l’on pratique le plus de nos jours. Non seulement dans les campagnes, mais même dans les villes, on a confiance en la cartomancie. Non seulement le peuple vulgaire, mais des hommes d’esprit, des dames du haut parage vont visiter en secret les tireuses de cartes et ne rougissent pas d’ajouter foi à toutes les extravagances qu’elles leur débitent. L’ouvrier qui les a fabriquées leur a-t-il infusé une vertu prophétique ? L’auteur de la nature a-t-il écrit sur des cartons peints de rouge et de noir la suite et la chaîne des événements de la vie ? Y a-t-il quelque rapport entre un jeu de cartes et les événements futurs qui concernent telle et telle personne ? Non, évidemment non. Ainsi, de deux choses l’une : ou il y a fourberie et imposture de la part des tireuses de cartes, et alors c’est folie d’y avoir recours ; ou bien le démon serait de la partie, et alors de quel péché ne se rendrait-on pas coupable ? Hâtons-nous cependant d’ajouter que la simplicité, la bêtise, l’ignorance peuvent souvent excuser de faute grave ceux qui ont recours aux cartomanciens. Nous pensons aussi que celui qui, n’ajoutant aucune foi aux cartes, et regardant la cartomancie comme une superstition ridicule, tirerait les cartes uniquement pour rire, s’amuser ou amuser les autres, ne pécherait en aucune manière ; mais il y aurait du danger à s’amuser de la sorte devant des personnes superstitieuses. (L’abbé Guillois, Explication historique, dogmatique, morale, liturgique et canonique du catéchisme, t. 11I.)

L’onéiromancie, qui est l’art d’expliquer les songes et de prévoir par eux les événements heureux ou malheureux.

Cette branche de divination n’est pas moins absurde que celles dont nous venons de parler. Qui ne sait, en effet, que les songes sont le résultat d’une mauvaise digestion ou bien des tourments d’une âme agitée par la crainte, le désir ou le remords ? Ce qui fait dire au Sage que « les grands soucis sont suivis de songes. » (Eccl., v, 2.) C’est pourquoi le Seigneur avait défendu aux Israélites d’observer les songes en ces termes : « Vous n’observerez point les songes. » (Lev., xIx, 26.) « Qu’il ne se trouve personne parmi vous qui observe les songes. » (Deut., xvi, 10.) Pourtant un grand nombre de Conciles ont condamné la foi aux songes, et un Concile de Paris, tenu en 820, dit que la confiance aux songes est un reste de paganisme.

Ce n’est pas, toutefois, une superstition d’ajouter foi aux songes, quand on a des raisons suffisantes pour croire qu’ils viennent de Dieu. L’Ecriture sainte mentionne plusieurs songes prophétiques qui, sans aucun doute, venaient de Dieu : tels furent ceux de Salomon et des deux Joseph.

Mais on doit avoir pour règle de ne croire aux songes que lorsque les circonstances qui les accompagnent montrent évidemment qu’ils ont été envoyés par Dieu.

Extrait du livre : Guerre a Satan, l’éternel ennemi du genre humain. 1892 – Par un missionnaire apostolique

Lorsque vous entrez dans le pays que l’Éternel, votre Dieu, vous donne, n’apprenez pas à imiter les voies détestables des nations qui s’y trouvent. Que personne ne soit trouvé parmi vous qui sacrifie leur fils ou leur fille dans le feu, qui pratique divination ou la sorcellerie, interprète des présages, s’engage dans la sorcellerie, ou jette des sorts, ou qui est un médium ou spirite ou qui consulte les morts. Quiconque fait ces choses est détestable pour le Seigneur ; à cause de ces mêmes pratiques détestables, le Seigneur votre Dieu chassera ces nations devant vous. Vous devez être irréprochables devant le Seigneur votre Dieu
Deutéronome 18:9-13
Panier

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