Vers le milieu de ce siècle, Satan, voyant ses ruses enfin découvertes dans le prétendu “magnétisme animal”, inventa un nouveau moyen pour corrompre les hommes, toujours en les amusant et en satisfaisant leur vaine curiosité.

Nous voulons parler des tables tournantes dont les prodiges ont commencé de paraître en Amérique en 1852 et se sont répandus ensuite dans le monde entier. Voici comment leurs effets sont décrits par le P. Matignon :

1° Sous l’impulsion des mains de plusieurs personnes formant une chaîne, ou même d’une seule, si elle est douée d’une vertu particulière qui la constitue medium (1), une table, un guéridon, un chapeau, une corbeille, un meuble quelconque contracte un mouvement de rotation plus ou moins rapide selon les circonstances ; mouvement qui peut, en outre, se compliquer d’un autre de translation, être accompagné de soubresauts, de coups et d’autres phénomènes de même genre.

2° Non seulement les tables tournent et s’agitent, mais elles répondent aux questions qui leur sont adressées, et cela de plusieurs manières : souvent par des coups dont on se sert comme de signes conventionnels, soit pour exprimer un oui ou un non, soit pour indiquer les différentes lettres de l’alphabet, et par ce moyen composer des mots et des phrases ; d’autres fois un crayon est attaché au pied de la table, qui écrit elle-même sa réponse ; ou bien il arme la main du medium, et celle-ci semble courir comme si elle était conduite par une force étrangère ; la réponse est rendue en diverses langues, même inconnues au medium et à l’assemblée ; elle dévoile les choses de la vie future, ce qui se passe à distance, la cause cachée des maladies, etc.

3° En outre, la matière inerte paraît s’animer, les tables et les meubles semblent agités de passions diverses, tantôt caressant, tressaillant comme sous une impression de joie, tantôt menaçant, donnant des signes non équivoques de colère ; on les voit se jeter d’eux-mêmes sur les personnes présentes, les poursuivre, les acculer contre un mur, comme pour les écraser sous leur poids, puis retomber à leurs pieds sans leur faire aucun mal.

4° Toutes ces choses ont été parfois accompagnées de phénomènes extraordinaires : apparitions de lumières, de flammes, de mains mystérieuses, de fantômes visibles pour certaines personnes, tandis que les autres n’apercevaient rien, ou seulement une vapeur épaisse ; production de bruits répétés, battement de coups mystérieux ; partant de points divers, détonations et fracas de tonnerre, voix qui imitaient celle de l’homme et faisaient entendre ; des airs connus, sons harmonieux, semblables à ceux de certains instruments, ou même concert complet, auquel rien ne manquait, sinon des musiciens que l’œil pût apercevoir. Enfin, on nous cite quelques faits d’écriture directe, c’est-à-dire obtenue sans aucun instrument, et sans l’intermédiaire d’aucun medium.

5° L’agent inconnu opère aussi dans l’ordre physiologique : il produit à volonté dans certains sujets l’insensibilité et la rigidité du cadavre, développe subitement certaines parties du corps jusqu’à leur faire prendre des proportions énormes ; parfois, assure-t-on, des guérisons presque subites ont eu lieu ; plus fréquemment, au contraire, des perturbations chroniques, des maladies incurables ont amené le suicide, la folie. » (La question du surnaturel, IIIe p., c. VIII.)

Après cette description succincte des phénomènes produits par les tables tournantes, nous citerons un exemple dont le P. Delaporte nous garantit l’authenticité. Dans une réunion de spirites, un crayon écrivit une lettre à une personne inconnue aux assistants, mais dont il donna l’adresse. Le lendemain, l’un des spirites porta la lettre à l’adresse indiquée. Il trouva la personne nommée et lui donna la lettre. Celle-ci pâlit aussitôt, l’écriture était ; certainement celle de son père, décédé depuis quelque temps. Et après avoir lu le message, elle fut saisie d’effroi. La lettre contenait des reproches sévères pour sa négligence à tenir la promesse qu’elle avait faite à son père mourant dans un moment où ils n’étaient que tous les deux ensemble ; elle s’était engagée à payer une dette que ce dernier avait contractée. (Le démon : existe-t-il ? par le P. Delaporte.)

À la lecture de ce fait merveilleux les personnes simples pourraient peut-être s’imaginer que ce sont les âmes des défunts qui se servent des tables tournantes pour s’entretenir avec les vivants ; mais il n’en est rien, le démon seul est l’agent qui les fait tourner, écrire, parler, etc.

« Que prétendez-vous, disait Mgr Turgeon, archevêque de Québec, à ses diocésains, lorsque vous adressez la parole à cette table en mouvement et que vous lui demandez une réponse ? Vous seriez-vous persuadé qu’elle peut vous entendre, vous comprendre, et que, plus éclairée que vous, elle va lire dans vos pensées, ou vous révéler ce que vous ignorez ? Non, car vous savez qu’elle est privée de sentiment et dépourvue d’intelligence. Auriez-vous la prétention d’invoquer, par son moyen, les âmes des morts ? Et quelles sont donc ces âmes avec lesquelles vous voudriez vous mettre en rapport et que vous auriez la présomption de contraindre à venir répondre à vos questions indiscrètes ? Seraient-ce les âmes des réprouvés ? Mais Dieu n’a-t-il pas mis entre ces âmes malheureuses et vous un chaos immense, qui les empêche de vous entendre ? et ne les tient-il pas en réserve, sous le poids des chaînes éternelles de sa justice, dans les profondes ténèbres où il les a précipitées avec les anges prévaricateurs, en attendant le grand jour du jugement ? (Judæ, v, 6.)

Seraient-ce les âmes des élus de Dieu ? Mais quoi ! auriez-vous l’impiété de croire que vous pouvez commander à ces âmes saintes, les arracher du sein de Dieu où ; elles reposent pour en faire le jouet de votre coupable curiosité ?.. Non, les élus de Dieu sont en sa main (Sap., III, 1), et personne ne peut les lui ravir. (Joan., x, 28,) Unis intimement à Dieu, ils voient tout en Dieu, ils entendent tout en Dieu, ils n’agissent que selon la volonté de Dieu. Ils sont nos frères, il est vrai, et Dieu, dans sa miséricorde, a voulu, pour notre consolation et notre bonheur, qu’il y eût entre eux et nous une sainte communication. Mais ces rapports et cette communication avec les âmes justes, nous ne pouvons les lier et les entretenir que par le moyen de la religion, qui nous fait louer Dieu ; dans ses Saints, et par d’humbles et ferventes prières pour le soulagement de celles qui sont encore en souffrance, ou pour implorer l’assistance de celles qui sont entrées dans la gloire.

Quels esprits viendraient donc vous répondre auprès de ces tables qui remuent et qui frappent, pour attester leur présence et interpréter leurs pensées ? Seraient-ce les esprits immondes, les anges de Satan ?…

Mais avoir des communications avec le démon ; avoir recours à cet ennemi de Dieu et des hommes, n’est- ce par lui rendre ainsi une espèce de culte ? Cette pensée vous effraie, et vous fait frissonner d’horreur ; oui, nous le savons. C’est cependant, le crime de ceux qui, par quelque moyen que ce soit, s’obstinent à vouloir interroger les esprits pour connaître les choses qu’il a plu à Dieu de nous cacher, puisque nul autre esprit que Satan ne peut se présenter pour leur répondre…

Concluez donc avec nous, que l’emploi de ces tables ou de tout autre objet se mouvant sous l’influence secrète d’une cause inconnue pour consulter les âmes des morts, ou nous ne savons quels autres esprits doit être rangé parmi les pratiques superstitieuses de leur nature, et que vous ne pourriez vous y adonner sérieusement sans vous rendre coupables d’une faute très grave en elle-même et dans ses conséquences.

Déjà, en effet, elles ont produit leurs fruits de mort et dignes de l’enfer. Que d’erreurs, que d’extravagances, que de crimes, que de malheurs n’ont-elles pas enfantés chez nos voisins des Etats-Unis, où elles ont fait d’abord leur apparition ! Déjà elles ont donné naissance à une secte de visionnaires impies dont toute la religion paraît se borner à rendre un culte sacrilège aux esprits avec lesquels, dans leur illusion fantastique, ils s’imaginent avoir un commerce familier. Déjà les communications et les révélations de ces prétendus esprits ont porté chez ce peuple le trouble dans la société, la désunion dans les ménages, le désordre et le déshonneur dans les familles, et ont fini par conduire une multitude de personnes dans les asiles d’aliénés.… »

C’est pourquoi les théologiens enseignent qu’il est défendu d’interroger les tables tournantes, même en renonçant préalablement à toute intervention de la part du démon ; car un tel renoncement est illusoire, dès lors qu’il est certain et indubitable que tout y dépend du malin esprit.

Il est défendu d’interroger les tables ou autre objet de même genre dans le but de faire des expériences ou de s’amuser : « Celui qui aura voulu s’amuser avec le démon, dit saint Pierre Chrysologue, ne pourra se réjouir avec Jésus-Christ (2) » Et puis, c’est un axiome de théologie que l’on ne doit pas faire une chose mauvaise pour en obtenir une bonne (3).

Il est défendu d’assister aux réunions où l’on provoque le mouvement, la percussion, les réponses des tables ou d’autres meubles, parce qu’en y assistant on se rendrait complice de ceux qui entrent par là en communication avec les esprits de ténèbres, soit pour se divertir, soit pour obtenir une réponse qui satisfasse leur curiosité.

En somme, tout le monde devrait bien être persuadé que les tables tournantes ne sont autre chose qu’un appât diabolique, destiné à cacher l’hameçon qui doit prendre notre âme et l’entraîner dans l’abîme infernal.

M. de Tristan, membre distingué de plusieurs sociétés savantes, n’avait d’abord vu dans les tables tournantes qu’un fait électrique ; mais, au mois d’avril 1853, il écrivait à M. de Mirville : « A dater du jour où une petite table se mit à frapper soudainement, ce prodige attira spécialement notre attention. Il me devint impossible de douter que ce phénomène ne fût dû à quelque agent.

La plupart du temps, il est vrai, nous n’avions guère de faute à reprocher à ces êtres métaphysiques qui intervenaient, parce que nous agissions avec une extrême précaution ; mais, peu à peu, les nombreuses faussetés, qui étaient au commencement sans importance, devinrent plus graves, les calomnies se multiplièrent, des propositions d’amitié, d’engagement, de compagnonnage, jointes à quelques opinions douteuses, commencèrent d’exciter nos soupçons. Pour moi, je ne suis pas seulement convaincu de cette intervention, mais j’ai obtenu l’aveu que tous ces êtres sont bannis pour toujours de la présence de Dieu. » (Le Démon, par le P. Delaporte, édit. anglaise.)

Dans la maison de l’un de mes amis, un médecin éminent, dit M. de Mirville, le crayon écrivit mot à mot cette sentence : « Si vous voulez vous donner à moi, âme et corps, je comblerai tous vos désirs, même celui que vous avez le plus à cœur en ce moment. Si vous y consentez, signez votre nom au-dessus du mien, et cela suffira…. » Et l’esprit signa Gielf. (Le même ouvrage, édit. Anglaise.)

M. de Sauley, membre de l’Institut, qui, après avoir été longtemps incrédule, se rendit enfin à l’évidence, se vit aussi continuellement sollicité par l’esprit à s’engager. Il croyait être en relation avec deux esprits. L’un, violent, fanfaron, blasphémateur, insolent, ne conseillait et ne faisait rien que de mauvais; l’autre, fort calme et doux, disputait avec le premier et faisait succéder l’édification au scandale. Mais, lorsque cet excellent esprit fut pressé de s’expliquer sur la différence qu’on remarquait entre les deux, il répondit, après deux heures de résistance : « Pauvre dupe, vous pensiez que vous aviez affaire à deux de nous, et vous n’aviez affaire qu’à un j’étais seul. » (Le même auteur.)

Voilà autant de faits authentiques qui montrent, à ne pas en douter, que les scènes des tables tournantes ne sont ni plus ni moins que des comédies jouées par les malins esprits avec l’intention avouée d’engager les spectateurs à leur service, afin de les séparer de Dieu et de son Eglise, et de causer plus sûrement leur damnation éternelle. Cette vérité, du reste, recevra un nouveau jour de ce que nous avons dit du spiritisme.

Extrait du livre : Guerre a Satan, l’éternel ennemi du genre humain. 1892 – Par un missionnaire apostolique

(1)Le medium c’est un enfant, une jeune fille ou des hommes qui ; par la délicatesse de leur constitution, leurs goûts, leur imagination, ressemblent davantage à la femme.
(2) Qui jocari voluerit cum diabolo, non poterit gaudere cum Christo
(3) Non sunt facienda mala, ut eveniant bona

Panier

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