Mystères du Rosaire : joyeux, douloureux & glorieux.

C’était la coutume au Moyen-Age, comme autrefois chez les Romains, pour les personnes nobles, de porter des couronnes de fleurs appelées chapels, qui plus tard furent transformées en ces diadèmes d’or qui ceignaient le front des rois. Ces couronnes étaient offertes aux personnages de distinction, à titre de redevance. Souveraine du Ciel et des âmes, la Vierge a droit aux mêmes hommages ; aussi l’Église nous fait-elle reconnaître le titre de Marie comme reine du Saint Rosaire, et nous exhorte-t-elle à lui offrir comme Fille du Père, Mère du Fils et Épouse du Saint-Esprit un triple chapel (1) ou trois couronnes de roses dont elle nous montre toutes les beautés dans l’Office de ce jour et auquel elle donne le nom de rosaire.

L’ Oraison nous rappelle que le Rosaire est une oraison mentale où nous méditons les mystères de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus, auxquels Marie a été intimement associée (2). L’Évangile qui nous donne la formule principale de la salutation angélique, nous montre que le Rosaire est une oraison vocale. Le Pater, le Credo et le Gloria qu’on y ajoute se trouvent, de même que l’Ave Maria, dans les textes de la Messe ou de l’Office divin.

Le Rosaire, comme dévotion privée, est donc constitué d’éléments pris dans le Cycle liturgique et comme solennité de l’Église il en fait partie intégrante. Aussi cette prière a-t-elle valu, au cours des siècles, bien des grâces à la chrétienté, et c’est spécialement pour rappeler l’insigne bienfait de la victoire de Lépante, dimanche 7 octobre 1571, dû à la récitation du chapelet, et où furent brisées les forces vives de l’Islamisme qui menaçaient d’envahir l’Europe, que fut instituée la fête de Notre-Dame du Rosaire, en remplacement bien significatif de Notre-Dame de la Victoire. Prescrite par Grégoire XIII pour certaines églises, elle fut étendue à l’univers catholique par Clément XI, en action de grâces d’un nouveau triomphe, remporté en Hongrie sur les mêmes ennemis par Charles VI, en 1716. Léon XIII, touché des douloureuses épreuves que traverse l’Église, l’éleva au rang de fête de seconde classe, avec une Messe et un Office nouveaux.

(1) Le mot Chapelet, qui désigne la troisième partie du rosaire, est le diminutif du mot chapel.

(2) La fête du Très Saint Rosaire, miniature de l’année liturgique par la méditation des mystères et du bréviaire, par la récitation des 150 Ave comme il y a 150 psaumes terminés par le Gloria Patri, résume en un admirable triptyque les événements joyeux, douloureux et glorieux de Jésus et de Marie qui se sont succédé dans le calendrier catholique. Dans le Cycle de Noël, l’âme plongée dans une atmosphère de joie, médite les 5 mystères joyeux le Mercredi et le Vendredi des Quatre-Temps d’Hiver, le jour de Noël, le 2 février et le Dimanche dans l’octave de l’Épiphanie. Puis elle contemple, au milieu des tristesses du Temps de la Passion, les 5 mystères douloureux le Jeudi et le Vendredi Saints. Enfin, elle participe au cours des joies du Temps Pascal et de la Pentecôte, aux 5 mystères glorieux lors des fêtes de Pâques, de l’Ascension, de la Descente du Saint Esprit et de l’Assomption de la Vierge. — Il y a une indulgence plénière analogue à celle de la Portioncule que peuvent gagner le jour de la fête tous les fidèles qui visitent une église où est établie l’archiconfrérie du Rosaire.

En action de grâces de la décisive victoire remportée à Lépante par la flotte chrétienne sur la flotte turque, le premier dimanche d’octobre 1571, le saint Pape Pie V institua une fête annuelle sous le titre de Sainte Marie de la Victoire; mais peu après, le Pape Grégoire XII changea le nom de cette fête en celui de Notre-Dame-du-Rosaire.

Le Rosaire avait été institué par saint Dominique au commencement du XIIIe siècle. Par le zèle des Papes, et aussi par les fruits abondants qu’il produisait dans l’Église, il devenait de plus en plus populaire. Au XVe siècle, le bienheureux Alain de La Roche, Dominicain, fut suscité par Marie pour raviver cette dévotion si excellente.

Plus tard, dans les premières années du XVIIIe siècle, parut un homme extraordinaire appelé à bon droit le Dominique des temps modernes, et qui fut le grand propagateur, l’apôtre de la dévotion au saint Rosaire ; c’est saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Depuis saint Dominique, il n’y a pas eu d’homme plus zélé que ce grand missionnaire pour l’établissement de la confrérie du Rosaire : il l’érigeait dans tous les lieux où elle ne l’était pas ; c’est le moyen qu’il jugeait le plus puissant pour établir le règne de Dieu dans les âmes. Il composa lui-même une méthode de réciter le Rosaire, qui est restée la meilleure entre toutes, la plus facile à retenir, la plus instructive et la plus pieuse. L’Apôtre de l’Ouest récitait tous les jours son Rosaire en entier, suivant sa méthode, et le faisait de même réciter publiquement tous les jours dans ses missions, et il a fait un point de règle à ses disciples de suivre son exemple.

Par son Rosaire quotidien, Montfort convertissait les plus grands pécheurs et les faisait persévérer dans la grâce et la ferveur de leur conversion ; il pouvait dire : “Personne ne m’a résisté une fois que j’ai pu lui mettre la main au collet avec mon Rosaire ! ” Il avait mille industries pour propager et faire aimer le Rosaire : là, c’étaient quinze bannières représentant les quinze mystères du Rosaire ; ailleurs, d’immenses Rosaires qu’on récitait en marchant, dans les églises ou autour des églises, à la manière du chemin de la Croix. Il exaltait le Rosaire dans ses cantiques ; un tonnerre de voix répondait à la sienne, et tous les échos répétaient, de colline en colline, les gloires de cette dévotion bénie.

Son oeuvre a continué après lui ; c’est le Rosaire à la main que la Vendée, en 1793, a défendu ses foyers et ses autels ; c’est aussi le Rosaire ou le chapelet à la main que les populations chrétiennes paraissent dans toutes les cérémonies religieuses.

Cette fête a été établie à l’occasion d’une célèbre victoire remportée par les Chrétiens sur les Turcs, au moment précis où les fidèles invoquaient la Sainte Vierge en récitant le Rosaire. Saint Dominique lui-même s’est fait du Rosaire une arme toute-puissante pour combattre les ennemis de l’Eglise, les Albigeois. Le Pape Léon XIII, nous a rappelé tous les ans, par une encyclique, que notre défense, dans les temps troublés que nous traversons, doit être la récitation journalière du Rosaire ou du chapelet. Donc : que le Rosaire, si souvent victorieux des ennemis de l’Eglise, soit notre arme et notre victoire dans la lutte contre l’ennemi des âmes.

Faites-moi la grâce de vous invoquer, Vierge du Saint Rosaire ; faites-moi trouver, dans le chapelet, force et courage contre l'ennemi de mon salut.
Panier

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