L'occultisme autrefois et aujourd'hui - partie 5

L’occultisme autrefois et aujourd’hui – partie 5

Par Louis Dasté, licencié ès sciences, ingénieur.
Novembre 1898

Religions et Initiations antiques (fin)

III. — L’ART MAGIQUE DE FAIRE DES DIEUX

Nous venons de voir que pour saint Augustin, la théologie civile (c’est-à-dire l’ensemble des Rites du paganisme pratiqués par les Sacerdoces romains), repose toute entière sur la vie donnée aux idoles par les Esprits qui les habitent.

Au sujet de ces œuvres théurgiques des Prêtres-Magiciens, voici plusieurs fragments de la Cité de Dieu qui jettent un jour éclatant sur le Haut-Spiritisme de l’Antiquité :

L’Égyptien Hermès Trismégiste, nous dit saint Augustin, admet deux espèces de dieux, les uns faits par le Dieu souverain, les autres par les hommes.
Si l’on s’en tenait à cet exposé, on pourrait penser qu’il s’agit simplement des idoles sorties des mains des hommes. Mais Trismégiste assure que ces simulacres visibles et tangibles sont comme les corps des dieux, et qu’au dedans de ces simulacres, des Esprits appelés résident, avec le pouvoir de nuire ou d’exaucer les vœux de ceux qui leur rendent les honneurs divins.
Ainsi, unir par un art mystérieux ces esprits invisibles à une matière visible et corporelle, pour en faire des corps animés, des idoles dédiées et soumises à ces esprits, c’est, suivant Hermès, faire des dieux, et c’est là le grand et merveilleux pouvoir que les hommes ont acquis !

Je veux citer ici ses paroles telles qu’elles ont été traduites en notre langue :

«.… Apprends à connaître, ô Esculape, les privilèges et la puissance de l’homme ! Si le Seigneur, le Père, Dieu, en un mot, est l’auteur des dieux célestes, l’homme est l’auteur de ces dieux qui dans les temples se plaisent au voisinage des mortels. Le Père, le Seigneur a fait à sa ressemblance les dieux éternels, et l’humanité a fait ses dieux à la ressemblance humaine. »

« N’est-ce pas des statues que tu parles, ô Trismégiste? s’écrie« Esculape. Oui, quelle que soit ta défiance, Esculape, ne les vois-tu pas animées de sens et d’esprit, ces statues? Ne les vois-tu pas opérer tant et de si grands prodiges? Ces statues, qui ont la science de l’avenir, qui l’annoncent par les sortilèges, les devins, les songes; qui frappent « les hommes d’infirmités, et les guérissent, qui leur distribuent, suivant leurs mérites, la tristesse ou la joie! » (Paroles d’Hermès, Cité de Dieu)

« … C’est une merveille au-dessus de toute admiration que les hommes aient pu créer une nature divine! lis ont trouvé l’art de faire « des dieux !Impuissants à créer des âmes, ils ont évoqué celles des démons ou des anges, ils les ont introduites dans les saintes images, dans les divins mystères ; ils ont ainsi donné aux idoles le pouvoir de bien faire ou de nuire! » (Paroles d’Hermès, Cité de Dieu)

« Les divinités de la terre et du monde se livrent facilement à la colère, continue Hermès, car l’homme les a douées de deux natures. »
Il parle de la double nature spirituelle et corporelle (ajoute saint Augustin) ; si l’âme est le démon, le corps est la statue. (Cité de Dieu)

Pour être l’auteur de ces dieux. l’homme n’en était pas moins possédé par son ouvrage, En les adorant, il entrait dans la société non de stupides idoles, mais de perfides démons.
Ce sont ces esprits immondes, liés à ces statues par un art abominable, qui avaient réduit à la plus misérable servitude les âmes de leurs adorateurs! (Cité de Dieu)

Nous ne croyons pas inutile de rappeler à nos lecteurs ces œuvres théurgiques des Pontifes égyptiens, alors qu’aujourd’hui les prêtres et les prêtresses de toutes les théosophies et de tous les occultismes se vantent de leurs familiers rapports avec ce qu’ils appellent l’Invisible et que nous appelons, nous, LE DÉMON.

Cette croyance au Spiritisme des Idoles, il est intéressant de la retrouver chez les plus grands Théologiens du Paganisme.

L’art sacré d’infuser des esprits dans la matière, c’est-à-dire l’art de faire des dieux, ou La Théopée, fut de bonne heure et ne cessa d’être en honneur chez les idolâtres ; car les yeux et les oreilles prouvaient aux peuples qu’au principe spirituel habitait la pierre ou le bois.
Aussi Diogène Laërce rapporte-t-il que l’Aréopage exila d’Athènes le philosophe Stilpon. Ce bel esprit avait osé dire que la Minerve de Phidias adorée des Athéniens, n’était qu’un bloc de marbre, et que la fille de Jupiter ne s’y trouvait pas réellement incluse.
Deux philosophes autrement considérables et postérieurs, Porphyre et Proclus, soutenaient et démontraient à qui mieux mieux que certaines statues attirent les génies, que la consécration les y enferme, et qu’un dieu les habite.

«Il n’y a point à s’étonner, dit le philosophe Porphyre, prenant en pitié l’imbécillité des incrédules, si les hommes les plus grossiers ne voient dans les statues que des pierres et du bois. Ainsi ceux qui n’ont point la connaissance des lettres n’aperçoivent-ils que la pierre dans les stèles chargées d’inscriptions, et que le tissu du papyrus dans les livres. (Eusèbe, Prep. Ev). Mais les dieux qui habitent ces statues savent se manifester au besoin. »

Saint Athanase dit donc avec raison que la pierre et le bois séduisaient les hommes qui les adoraient, grâce aux prestiges des démons qui s’en étaient emparés.(S.Athan,De incarn.verb)

« Junon, vous plairait-il d’abandonner les murs de Véies et de vous installer à Rome? » s’écrie d’un ton demi-badin l’un des soldats romains qui viennent de porter la main sur la statue de la déesse, dans la ville conquise. Junon fait signe de la tête qu’elle y consent; puis elle ajoute : « Oui, je le veux. » Sa statue enlevée par les vainqueurs, semble à l’instant perdre sa pesanteur (1) et les suivre, plutôt que se faire porter. (Tite-Live)

(1) C’est un phénomène très net de lévitation, comme ceux obtenus par les Fakirs et les Spirites modernes.

« Le Sénat romain ayant ordonné une souscription publique pour élever un temple et une statue à la Fortune, les femmes réunirent entre elles de l’argent pour l’érection d’une seconde statue. Après que les deux statues furent mises en place, et dès le premier jour de la dédicace, celle que les femmes avaient fait exécuter de leurs deniers, s’écria d’une voix claire et distincte. en présence de plusieurs Romaines :
« Ô femmes ! En me dédiant cette statue, vous vous êtes conformées aux lois saintes de la religion de votre cité ! »
La plupart des femmes présentes doutèrent si c’était ou non la statue qui avait proféré ces mots; et celles qui n’avaient point remarqué d’où venait cette voix ne voulurent point s’en rapporter au témoignage des autres, QUI LES AVAIENT VU proférer par la Statue. Or, un moment après, la statue de la Déesse répéta les mêmes paroles d’une voix plus élevée, pendant que le temple était rempli de fidèles, et que régnait un profond silence. On ne put dès lors douter davantage du miracle, et le Sénat ordonna qu’outre les cérémonies et les sacrifices alors institués, on en célébrerait d’autres encore tous les ans… » (Denys d’Halicarnasse)

« S’appliquant sans relâche à accabler les hommes de maux, ils (les démons) les trompent, dit Eusèbe, par Les mouvements qu’ils ont imprimés aux statues des hommes morts, consacrées par les générations antérieures. Ils les ont égarés par les oracles qu’ils ont rendus, et par les guérisons de maladies dont ils les avaient frappés au préalable; ils les ont fascinés au point de se faire prendre tantôt pour de véritables dieux, et tantôt pour les âmes des héros déifiés !
C’est ainsi que le culte d’une multitude de dieux se revêtit de grandeur aux yeux des peuples qui transportèrent leur pensée des objets visibles AUX ÊTRES INVISIBLES QUE RECELAIENT LES STATUES! (EUSÈBE, Prep. Evangel)

« Vos idoles, vos statues consacrées sont la demeure des démons ! Oui, ce sont ces Esprits qui inspirent vos devins, qui animent la fibre des entrailles de vos victimes et qui, mêlant sans cesse le faux au vrai, rendent des oracles et opèrent des prodiges, dont le but est de vous amener invinciblement à leur culte : UT CULTUM SUI COGANT.» (Saint Cyprien, De idol. vanit)

Voilà ce que formule saint Cyprien, et sa voix se joint à celle de : saint Athanase, pour inviter les païens à voir de quelle sorte et avec quelle aisance les chrétiens de la primitive Église chassaient les démons du sein de ces oracles, c’est-à-dire y faisaient cesser les signes sensibles qui, parlant à la fois aux yeux, à l’oreille et à l’intelligence de ces idolâtres, les enchaînaient à l’erreur (1). (Gougenot des Mousseaux, Hauts Phénom. de la Mag)

(1) Pareils faits sont fréquents aujourd’hui encore. (Annal. Miss.Etrangères, 1898, p. 172 : une pierre parlante, divinité chinoise, d’où l’Esprit est chassé, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de saint Benoît.)

Donnons pour terminer un passage capital où saint Augustin met en parallèle les cultes populaires et les secrètes pratiques des Initiés :

Oui, prostitution et cruauté, opprobres et crimes des dieux publiés ou inventés à leur prière, sous leur menace, – solennités consacrées au spectacle de ces infamies exposées aux regards et à limitation des peuples, – hideuses voluptés par lesquelles ces divinités s’avouent n’être que des esprits immondes !
Oui, c’est ainsi ! Et cependant ces démons dans le secret de leurs sanctuaires, donnent (dit-on) quelques bons préceptes de morale à leurs Élus, à un petit nombre d’Initiés ! S’il est vrai, ils n’en sont convaincus que d’une méchanceté plus raffinée, ces êtres malfaisants !
Si en effet, les démons ne se transformaient pas parfois en « anges de lumière », comme dit l’Écriture, ils ne sauraient accomplir leur œuvre de séduction.
Ainsi, au dehors, l’impiété frappe les peuples de ses obscènes clameurs ; au dedans, une chasteté feinte murmure à peine à l’oreille de quelques adeptes. Aux plus ignobles leçons du vice, le grand jour et l’espace; le secret pour les maximes honnêtes !

Où tout cela trouve-t-il sa place, sinon dans les temples des démons, dans les cavernes de l’imposture !

Ainsi d’une part, ce peu d’hommes honnêtes est séduit, et de l’autre, le vulgaire est entretenu dans sa dépravation !
Où, quand les Initiés recevaient-ils ces divines leçons de chasteté ? Nous l’ignorons : mais ce que je sais bien, c’est que devant ce Temple, en présence de la fameuse statue exposée à tant d’yeux, nous promenions tour à tour nos regards avides sur ce cortège de courtisanes et sur cette déesse vierge ! Vénération profonde, culte monstrueux !

Chacun était fidèle à son rôle d’ignominie ! On savait ce qui plaisait à cette virginale Déité ! Et le Temple enseignait publiquement ce que le toit privé couvre du mystère ! Est-il donc un autre Esprit pour piquer de secrets aiguillons cs âmes criminelles, pour stimuler l’adultère et s’en repaître, — que celui qui se délecte de ces hommages sacrilèges, érige dans les Temples les simulacres des dieux, murmure en secret certaines paroles de justice pour surprendre quelques hommes de bien, tandis que, partout, au grand jour, il multiplie les séductions de la volupté pour tenir en son pouvoir l’innombrable multitude des pervers? (Saint Augustin, Cité de Dieu)

Ces fulgurantes paroles ne sont-elles pas la condamnation écrasante, en bloc, des Cultes et des Rites mystérieux pratiqués par ces Mystes, ces Epoptes, ces Baptes, et autres Initiés, par ces Hiérophantes et ces Hiérophantides, — par ces Kelbim et ces Kedeschim, et ces Kedeshot, et ces Qadista, toute la séquelle des êtres d’infamie qui menaient leur vie fangeuse dans les saints bocages consacrés aux dieux et aux déesses?

Que d’autres opposent à notre grand saint Augustin l’autorité d’Apollonius de Tyane le Thaumaturge, du divin Simon le Mage, et de Manès et de Valentin, le subtil hérésiarque ! Notre choix est fait : nous n’hésitons pas plus entre le fils de la pieuse Monique et Manès, au point de vue religieux, qu’au point de vue scientifique, entre Champollion, Birch, Lepsius, Ch. Lenormant, Mariette, Maspero, ces immortels déchiffreurs des hiéroglyphes, — et Fabre d’Olivet (1), l’occultiste inspiré (?) qui, comme l’on sait, inventa cette absurdité ridicule : la langue hébraïque (plus ou moins restituée ! ) promue à la dignité d’idiome sacré des prêtres égyptiens.

(1) 1767-1825, auteur de la Langue hébraïque restituée (1816)

De nos jours, ces démons sont hélas toujours présents et actifs dans le monde entier.
On les retrouve , entre autre, déguisés en “anges de lumière” , derrière TOUT ce qui a trait à l’ÉSOTÉRISME et à L’OCCULTE.
Par exemple, derrière toutes les pratiques new-âge et néo new-âge, le chamanisme et néo chamanisme, le druidisme et néo-druidisme, les “galactiques” (successeurs de la secte “OTS : ordre du temple solaire)”, toutes les sectes, en somme ils sont partout dans tout ce qui n’est pas de l’Eglise de Dieu , la Sainte Eglise catholique.
Dominus vobiscum (Que le Seigneur soit avec vous)
Terre Mystique

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Sache donc aujourd’hui et retiens dans ton cœur que c’est l’Eternel qui est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre, et qu’il n’y en a pas d’autre.
Deutéronome 4:39

Panier

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